« Acide » : quand le cinéma français se mouille !

Après avoir filmé d’inquiétantes sauterelles dans le très remarqué La Nuée (2020), le jeune cinéaste Just Philippot continue d’explorer nos angoisses environnementalistes contemporaines dans Acide, son nouveau film très attendu.

Très attendu également par la communauté de La Pellicule Bordelaise !

Vous l’avez effectivement choisi en tant que critique de la semaine lors du dernier vote sur mon compte Instagram. Merci à tous les votants et à toutes les votantes !

Un choix tout à fait compréhensible, tant la bande annonce laissait présager un spectacle intense et éprouvant

Michal (Guillaume Canet) est en lutte pour sauver son entreprise.

Une lutte violente.

Lui et ses camarades syndicalistes occupent le bureau du directeur, avec beaucoup de colère et d’agressivité… Les CRS interviennent… La situation dégénère…

Certaines séquences sont filmées au téléphone portable, procédé qui place le spectateur, d’entrée, dans un processus très réaliste.

Il est au cœur de la violence… de celle de Michal en particulier.

Ce dernier frappe sans pitié, encore et encore un CRS tombé au sol… la caméra piéton du policier filme en contre plongée, ce qui rend encore plus impressionnant, le visage de son assaillant, déformé par la rage…

Le message du cinéaste est clair : le voyage sera immersif et violent

Le temps passe… Michal est sous bracelet électronique après son terrible accès de violence. Il retrouve sa nouvelle compagne chez elle, elle porte une attelle sur une jambe et des cicatrices ont laissé leur empreinte sur l’autre…

Just Philippot met en scène des personnages cabossés par la vie, physiquement ou psychologiquement, qui vont devoir affronter une nature, elle, cabossée par les activités humaines

Le cinéaste mêle intelligemment crise sociale et crise environnementale

La tension monte doucement (presque goutte à goutte si l’on ose dire…), avant que l’orage éclate et nous plonge dans le chaos

Chaque coup de tonnerre devient alors synonyme de danger mortel… La mort vient du ciel… Il faut courir à la moindre alerte !

On est bien pris par l’intensité des séquences grâce à la justesse d’interprétation de Guillaume Canet, de Laetitia Dosch (photo) et surtout de la jeune Patience Munchenbach qui traduit magnifiquement bien la sidération, la peur et le désespoir de son personnage

Patience Munchenbach et Guillaume Canet (© BONNE PIOCHE CINÉMA, PATHÉ FILMS, UMEDIA PRODUCTION SERVICES – PHOTO LAURENT THURIN)

Elle est la révélation du film !

Dans la thématique de « l’environnement vengeur », Acide s’inscrit dans la lignée de l’excellent, et malheureusement trop sous estimé, Dans la Brume du réalisateur québécois Daniel Roby, avec Romain Duris et Olga Kurylenko : ici pas d’averses mortelles mais un mystérieux brouillard tueur

Même combat familial pour la survie face à une menace à la fois, omniprésente et insaisissable, même identification du spectateur aux personnages, même peur viscérale ressentie car la mort semble les guetter à chaque seconde ou, ici en l’occurrence, à chaque inspiration…

Qu’est-ce qu’on aime quand le cinéma français se mouille comme ça !

Quand il ose regarder sans rougir vers son grand voisin de l’autre côté de l’océan atlantique, sans en copier les défauts d’écriture ou de réalisation !

Cependant, la fête ne s’arrose pas complètement…

En effet, Acide partage avec Dans la Brume (son aîné de 2018), le fait de trop resserrer son intrigue autour d’un petit groupe de personnages seulement…

L’ensemble manque clairement d’ampleur, de plans et de séquences spectaculaires pour rendre encore plus impactant le péril que les protagonistes de ces histoires dramatiques doivent affronter… la faute, vraisemblablement, à un budget lui aussi, trop resserré

Enfin, il partage aussi avec La Brume, navré d’être un peu cru (il faut bien se mouiller !), une mise en scène qui manque de sang et de gore… tout est trop sage

On sent l’envie de préserver une diffusion télévisée future en prime time… Pourtant l’équipe des maquillages effets spéciaux a fait un excellent travail, dans une scène, en particulier !

Que ces (petits) défauts ne vous dissuadent pas, pour autant, d’aller voir cette belle réussite pour encourager l’apparition plus fréquente de ce genre de propositions audacieuses sur nos grands écrans prochainement !

À commencer par Le Règne animal, le nouveau film de Thomas Cailley, prévu pour le 04 octobre prochain dans nos salles !

Pathe/YouTube

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Image d’en-tête : © BONNE PIOCHE CINÉMA, PATHÉ FILMS, UMEDIA PRODUCTION SERVICES – PHOTO LAURENT THURIN

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