« Le livre des solutions », une merveille d’autodérision !

Michel Gondry revient dans les salles et retrouve sa langue maternelle pour filmer Pierre Niney en pleine éruption créatrice !

Cette première collaboration entre le réalisateur et le comédien n’est pas aussi anodine qu’il n’y paraît !

En effet, il y a une dizaine d’années, Michel Gondry avait accepté de parrainer l’acteur qui débutait alors sur le grand écran, à la soirée des Révélations organisée tous les ans par l’académie des César pour honorer les espoirs du cinéma français, Pierre Niney raconte au magazine Première :

« En 2012, je débutais à peine dans le cinéma, j’étais intimidé et impressionné par cette industrie, quand j’ai été invité à une soirée pré-César.

J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai envoyé une lettre à l’un de mes réalisateurs préférés en lui demandant de m’accompagner comme « parrain » à cet événement.

Je n’y croyais pas du tout. Mais je l’ai fait quand même. A l’époque je regardais en boucle Be Kind Rewind et Eternal Sunshine Of A Spotless Mind [sic].

J’étais obsédé par la créativité et l’enfance que Michel Gondry mettait dans ses œuvres.

La veille de l’événement, je n’avais aucune nouvelle (ce qui me paraissait totalement logique) … quand je reçus un mail me disant que Michel rentrait de Los Angeles… et serait présent avec moi ! Je n’en revenais pas…

J’ai passé une soirée incroyable, on a bu et rigolé, on a parlé de Hollywood, de Chabat et surtout de son ami et mon idole : Jim Carrey.

La fantaisie et la gentillesse de Michel m’ont donné envie ce soir là de désirer et de croire encore plus à mon rêve : faire du cinéma toute ma vie…

11 ans plus tard, je vais débuter le tournage de son nouveau film ».

Ce nouveau film raconte l’histoire de Marc, un jeune cinéaste qui voit son projet de film rejeté par les producteurs… il s’enfuit avec son équipe et les rushes de son long métrage déjà mis en boîte, chez sa tante dans les Cévennes pour le terminer.

À partir de là, ses idées fusent… un peu trop, peut-être !

Pierre Niney incarne avec enthousiasme et beaucoup de drôlerie ce jeune homme, en « surrégime imaginatif » si l’on peut dire, persuadé qu’il va révolutionner le septième art avec son film !

Son interprétation fiévreuse correspond parfaitement à l’état d’esprit du personnage, bientôt dépassé par l’hyper activité de son cerveau, qui semble produire mille idées à la minute, sous le regard bienveillant de sa tante ou encore de sa fidèle monteuse incarnée avec finesse par Blanche Gardin, dont le calme contrebalance très bien la frénésie de Marc.

Pierre Niney et Blanche Gardin (© The Jokers Films)

Cette imagination folle et éruptive le pousse à créer le fameux livre des solutions du titre, censé développer une réflexion et une méthode pour régler tous les problèmes, rien que ça !

En réalité, l’agitation perpétuelle de Marc dissimule un manque de confiance en lui-même criant, une difficulté à gérer ses émotions et une peur du jugement des autres.

En évoquant ces thématiques, Michel Gondry se dévoile.

En effet, ce film s’inspire grandement de son expérience douloureuse, vécue pendant la production de L’Écume des jours (2013).

Ainsi, il se confie, toujours à Première :

« Je prenais des médicaments pour l’humeur et des obsessions intenses qui m’empêchaient carrément de vivre.

Durant le tournage, ça s’est dégradé […].

On a commencé le montage et j’ai arrêté mon traitement. Là, mon esprit a explosé.

Un mélange de mégalomanie et de peur, avec des moments super intenses où j’avais l’impression de faire partie de l’Histoire, de créer des choses totalement innovantes […].

Un psychiatre m’a diagnostiqué bipolaire peu après ».

Alors, qu’il aurait pu tomber dans la facilité en jouant à fond la carte du pathos pour fictionner cette période compliquée de son existence dans ce film, Gondry choisit, au contraire, l’humour et l’autodérision : cela permet de dédramatiser la question des problèmes de santé mentale, tout en apportant un peu de joie et de rire aux personnes qui en souffrent.

Pierre Niney se régale à donner vie à des scènes hilarantes, dont celle avec un orchestre, totalement désopilante !

Bon, bien sûr, si vous êtes musicien, vous trouverez la chose un petit peu exagérée mais, à partir du moment où le film assume totalement sa dimension loufoque, portée par de très bons comédiens et comédiennes, ce que l’on appelle la « suspension consentie d’incrédulité » fonctionne et l’on passe un excellent moment !

Rien ne vaut l’autodérision, retour réussi pour Michel Gondry !

Partizan Official/YouTube

sources :

Image d’en-tête : © imdb

Extraits d’interviews de Pierre Niney et Michel Gondry : Secrets de tournages, allocine.fr (lien)

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