« Les feuilles mortes » : le petit chef d’œuvre qui branche !

En 2017, les cinéphiles du monde entier apprenaient une mauvaise nouvelle : le cinéaste finlandais Aki Kaurismäki annonçait, au moment de la sortie de son film De l’autre côté de l’espoir, la fin de sa carrière…

On n’allait plus pouvoir se réjouir de son style inimitable, parsemé de comédies sociales mêlant parfaitement l’humour et le désenchantement… Pourtant, rien n’est jamais perdu puisqu’en 2023, Kaurismäki nous gratifie du cadeau, aussi inattendu qu’inespéré, d’un nouveau film.

Cerise sur le gâteau : ce film conclut sa « trilogie des travailleurs » (qui devient donc une tétralogie) constituée d’Ombres au paradis (1986), d’Ariel (1988), La Fille aux allumettes (1990) et donc, désormais, du film Les Feuilles mortes (2023).

On y croise Ansa (Alma Pöysti, photo), une jeune femme en galère.

Elle enlève les aliments périmés des rayons d’un supermarché, jusqu’au jour où elle se fait virer, pour avoir voulu garder pour elle, un sandwich à la date limite de consommation pourtant dépassée…

Dans le même temps, Holappa (Jussi Vatanen, photo) se fait lui aussi licencier à cause de son alcoolisme…

Leurs regards se croisent, timidement, un soir, dans un bar karaoké. En dépit de cette timidité partagée, le courant semble passer entre eux.

Les dialogues teintés d’ironie autour de bonnes bières sont délicieux et contribuent à l’ambiance si particulière et attendrissante du film.

Cette tendresse de Kaurismäki pour ses personnages malmenés par la vie, littéralement coincés dans leur existence, transparaît dans chaque plan.

Pour traduire cette sensation de « blocage existentiel » à l’écran, le génial cinéaste finlandais fait évoluer ses protagonistes dans une réalité un peu étrange, à la fois dans les années 60-70 mais aussi, dans notre monde très contemporain, avec l’utilisation des téléphones portables et surtout, la terrible actualité de la guerre en Ukraine qui surgit dès que l’on allume la radio…

Cette angoisse de la guerre accompagne le cinéaste mais il a réussi à la dépasser en écrivant cette « histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l’humanité : le désir d’amour, la solidarité, le respect et l’espoir en l’autre, en la nature et dans tout ce qui est vivant ou mort et qui le mérite ».

En effet, on réalise, en visionnant Les Feuilles mortes, qu’à l’image du retour de son réalisateur, rien n’est jamais perdu : même dans un quotidien bien morne, l’amour et l’espoir peuvent apparaître un soir !

Ne ratez pas ce grand moment de poésie et d’optimisme !