« Perfect Days » : pas si parfaits…

Maintenant que les merveilleux festivals locaux (FIFIB, FIFH de Pessac, Les Nuits Magiques de Bègles) sont terminés, il est temps de rattraper quelques films du moment.

On commence avec le génial réalisateur Wim Wenders qui nous emmène au pays du Soleil Levant.

Le cinéaste allemand, multi primé, réalise un rêve, cela faisait longtemps qu’il voulait tourner au Japon, et dans sa capitale, en particulier :

« J’ai aimé Tokyo la première fois que je m’y suis promené et que je m’y suis perdu. C’était déjà à la fin des années soixante-dix.

C’était une époque de pur émerveillement.

Je marchais pendant des heures, sans savoir où j’étais dans cette immense ville, puis je prenais n’importe quel métro et je retrouvais mon hôtel. Chaque jour, je me rendais dans un autre quartier. »

« J’étais stupéfait par la structure apparemment chaotique de la ville, où l’on trouvait de vieux blocs avec d’anciennes maisons en bois à côté de gratte-ciel et d’intersections très fréquentées, où l’on passait sous ces autoroutes de science-fiction à deux ou trois étages et où l’on trouvait les zones d’habitation les plus paisibles et des labyrinthes de rues minuscules juste à côté.

J’étais fasciné par tout le futur que je voyais se dessiner. J’avais toujours considéré les États-Unis comme l’endroit où l’on pouvait rencontrer l’avenir.

Ici, au Japon, j’ai trouvé une autre version de l’avenir, qui me convenait très bien. »

Il choisit alors d’y raconter le quotidien d’Hirayama (Koji Yakusho, prix d’interprétation masculine méritée au Festival de Cannes cette année), agent de propreté de la ville de Tokyo. Chaque jour, il nettoie les toilettes publiques.

Ses journées monotones et, très organisées, lui conviennent parfaitement et ne l’empêchent pas de profiter des « petits riens du quotidien ».

Wim Wenders parvient bien à les saisir, en s’attardant sur des ombres sur un mur, des reflets, le vent qui agite délicatement les branches… au gré du regard d’Hirayama

Il redonne du poids, à l’image, nous rappelle qu’elle est au centre du Cinéma, qu’il avance grâce à elle, bien plus que par les dialogues.

Le problème est, qu’une fois qu’on a bien ressenti cela, grâce à la maestria de Wenders, il ne reste pas grand chose… sauf si vous êtes un(e) fan de L’hygiène des toilettes de A à Z

Parce qu’Hirayama ne fait pas semblant ! Il récure, il récure, encore et encore !… Le cinéaste allemand n’en perd pas une miette et nous gratifie de (très) longues séquences sur le sujet…

Alors, attention, le rôle d’employés tel qu’Hirayama est essentiel à la société

« Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens » comme dit le proverbe bien connu !

En revanche, c’est sans doute moins vrai quand l’objectif est, quand même, d’intéresser ne serait-ce un minimum, les spectateurs et spectatrices

Pourquoi cette passion étonnante du cinéaste allemand pour les latrines japonaises, d’ailleurs ?

Parce que, pour lui, ce sont des « merveilles d’architecture » :

« J’ai aimé l’idée de « l’art » qui leur est attachée. J’ai toujours le sentiment que les « lieux » sont mieux protégés dans les histoires que dans un contexte non fictif ».

Grand bien lui fasse !

Encore faut-il que le « contexte fictif » soit pertinent cinématographiquement parlant sur la durée ! Ce n’est pas le cas, ici… certes, la dimension poétique et onirique du film touche… mais elle est insuffisante ! On s’ennuie rapidement !

Même l’arrivée surprise de la jeune nièce du héros, ne parvient pas à dynamiser, un tant soit peu, l’ensemble… bien sûr, on ne demande pas que le récit se transforme en film d’action mais il y a quand même un juste milieu…

Par exemple, on aimerait en savoir plus sur les raisons de la brouille entre Hirayama et sa sœur.

Or, Wenders préfère laisser le spectateur remplir les blancs… déjà, que le film est très contemplatif, cela fait beaucoup d’éléments à remplir…

Pendant ce temps-là, Wim Wenders et Koji Yakusho vivent leur meilleur vie, leurs « journées parfaites »…

Tant mieux pour eux, tant pis pour nous…

Haut et Court/YouTube

sources :

Images d’en-tête : © 2023 MASTER MIND Ltd

Secrets de tournage, allocine.fr (lien)

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