« Rebel Moon » : un précédent inquiétant pour l’industrie ?

Pour bien commencer l’année qui, je l’espère, sera belle dans les salles (même si cela paraît compliqué après la grève légitime de ces derniers mois à Hollywood…), j’ai eu envie de vous partager une petite réflexion autour de Rebel Moon : Partie 1 – Enfant du feu, la nouvelle création du cinéaste Zack Snyder qui a fait l’événement dans les derniers jours de 2023 sur Netflix.

Quand on connaît le capacité, que ce réalisateur a, d’iconiser les héros qu’il filme, on était plus qu’impatients de découvrir le résultat !

Souvenez-vous de Watchmen (2009) qui avait réussi à sublimer le roman graphique éponyme d’Alan Moore, en restituant parfaitement toute la beauté visuelle de l’œuvre, et en traitant les supers héros avec le plus grand sérieux, loin du simple amusement pour enfants.

Snyder a (tout comme Tim Burton ou Sam Raimi avant lui) redonné ses lettres de noblesse à ces personnages hors du commun et, prouvé, que ces films pouvaient devenir un véritable genre cinématographique à part entière !

Son nouveau film arrive d’autant plus à point nommé, que le souvenir du massacre de Star Wars orchestré par Disney, depuis leur rachat de la licence à George Lucas en 2012, est encore vivace dans les esprits…

Nul doute que Zack Snyder va mettre à l’amende la firme de Mickey, qui n’a plus vraiment de considération pour les fans des univers qu’elle possède, nul doute qu’il va prouver de manière éclatante qu’on peut, encore aujourd’hui, raconter de nouvelles histoires, passionnantes, captivantes comme autrefois !

Je lance donc avec confiance le film, sur la plateforme au N rouge, avec, quand même, le regret de de ne pas découvrir une œuvre aussi ambitieuse sur grand écran…

Une fresque telle que Rebel Moon devrait avoir sa place d’office au cinéma !

Après avoir évacué rapidement cette petite frustration de cinéphile, je me reconcentre sur le film et j’aime : j’aime la forme, j’aime le visuel, j’aime la mise en place… malheureusement cet amour naissant et ma foi en Snyder s’évaporent assez rapidement…

Tout simplement parce que ce cher Zack ne réinvente, en rien, la voie lactée, et se contente de réutiliser des éléments scénaristiques, usés jusqu’à la corde, dans les autres sagas précédentes (Star Wars, Harry Potter, Avatar, Starship Trooper…)…

Qui plus est, on sent que des séquences entières ont été supprimées par Netflix pour rendre le film plus « familial » durant les fêtes de fin d’année…

Pour autant, que les fans de Zack Snyder se rassurent : la version disponible depuis le 22 décembre n’est pas définitive, il y aura bientôt un nouveau montage qui ira beaucoup plus loin selon le cinéaste, ce sera un second film, comme il l’a expliqué à Associated Press :

« Il ne s’agit pas d’une version longue de Rebel Moon, c’est un film très différent. C’est presque un univers différent dans lequel vit ce film.

Ça s’explique par le fait qu’il est presque philosophique de tourner un Director’s Cut [Version du Réalisateur] d’un long-métrage dont la première version n’est même pas encore terminée.

Tous mes Director’s Cuts sont une réponse aux exigences que l’on m’a imposées pour la version cinéma, n’est-ce pas ? […] ».

Même si la démarche de Snyder peut se comprendre, elle crée, à mon sens, un précédent inquiétant pour le monde de cinéma… cela engendre un rapprochement peu réjouissant avec le jeu vidéo…

En effet, depuis quelques années, l’industrie vidéoludique a de plus en plus tendance à sortir des jeux « coûte que coûte », souvent pas terminés, quitte à offrir des correctifs, à posteriori (Cyberpunk 2077 sorti en 2020 par CD Project, ou plus récemment Tintin et les cigares du Pharaon, sorti par Microids)…

Rebel Moon laisse un peu ce goût amer dans la bouche : on a vraiment la sensation désagréable que le film n’est clairement pas terminé…

À ce moment de mon argumentation, vous allez sûrement me rétorquer, derrière votre écran, qu’il ne s’agit que de la Partie 1 de Rebel Moon !

Certes… mais elle se doit de tenir par elle-même sur ses deux jambes, sans être dépendante de la suite, ou pire, sans être amputée pour des raisons bassement « éditoriales » ou de censure…

Alors oui, le cinéma a connu, et connaîtra encore, pléthore de versions longues dans son Histoire.

Ces versions complètent et enrichissent les versions cinéma, qui restent cependant parfaitement compréhensibles par elles-mêmes.

Les versions longues sont de généreux bonbons pour les fans « purs et durs » d’un univers, mais leurs visionnages ne doivent en aucun cas revêtir un caractère obligatoire pour permettre, au reste des spectateurs, de comprendre une œuvre dans son entièreté…

Or, ce n’est clairement pas le cas de ce Rebel Moon… et ça, c’est un vrai problème !

Qui mérite qu’on se rebelle, non ?

D’ici là, merveilleuse année cinéma à tous et à toutes !

Sources :

Image d’en-tête : © Chris Strother/Netflix

Article de presse

Ewen Linet, Rebel Moon : la version Netflix est « très différente » du film que voulait faire Zack Snyder, selon lui, ecranlarge.com 20/12/2023 (lien)

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