Histoire « Dune » déception…

Le 28 février de cette année est une date importante pour les cinéphiles : c’est le jour de notre retour sur Arrakis, 3 ans après un premier voyage, assez décevant

Pour autant, on reste confiants, avant de repartir collecter de l’épice sur la planète de sable, parce qu’il faut être conscient que le film précédent était surtout une nouvelle entrée en matière, dans l’univers incroyablement complexe, sorti du cerveau de Frank Herbert.

Qui plus est, la bande-annonce, laisse présager plusieurs séquences spectaculaires qui semblent enfin dignes d’une fresque aussi ambitieuse.

C’est sublime !

Denis Villeneuve se régale à filmer ses personnages dans l’immensité désertique. Ce sentiment de gigantisme est accentué par le format IMAX et l’utilisation de caméras spécifiques : l’Alexa LF Mini et l’Alexa 65.

Les Caméras Alexa LF Mini et Alexa 65, conçues par le fabricant allemand Arri.

Le directeur de la photographie Greig Fraser précise : « On savait qu’on voulait tourner en format large, en format IMAX, si bien qu’en se servant de toute la gamme Alexa, on a pu obtenir la plus grande image possible et filmer cet univers pour le montrer dans toute son ampleur.

La réussite des séquences IMAX du premier opus, la puissance du format et l’effet sur les spectateurs dans la salle de cinéma nous ont donné envie, à Denis et moi, de tourner l’intégralité du deuxième opus en IMAX. »

En effet, on en prend plein la vue !

La salle vibre littéralement à plusieurs instants durant la séance, la promesse d’immersion de l’IMAX est toujours là et toujours aussi impressionnante !

Cerise sur le gâteau, le scénario est mieux construit que le premier volet.

Zendaya a de l’espace pour développer son personnage qui connaît une une vraie évolution intéressante. Il en est de même pour celui de Rebecca Ferguson, qui prend du galon et impressionne par son charisme grandissant.

Malheureusement, pour le reste, le film s’enlise complètement dans le sable

En dépit, de quelque personnages mieux écrits ici ou là, le récit se traîne, accélère puis se traîne à nouveau… L’épice devient fade, très très vite…

Ou du moins, il a un goût trop classique… petit récapitulatif des ingrédients :

  • Le héros, « l’Elu », annoncé dans une prophétie pour sauver l’humanité : validé !
  • Un ennemi prêt à tout pour garder le Pouvoir : validé !
  • Un méchant psychopathe affreusement caricatural, pour ne pas dire, ridicule (désolé Austin Butler) : validé !
  • Le héros qui hésite à assumer son statut, puis finit par le faire, parce que bon, les gens ont quand même payé leur place, hein, faut pas déconner ! : validé !

Face à ces critiques, vous pouvez me brandir les travaux de Joseph Campbell et sa fameuse théorie du mono mythe, développée dans son livre Le héros aux mille visages) et vous aurez raison !

Oui, tout a déjà été écrit, et l’important n’est pas de savoir ce que vous racontez, mais comment vous le racontez.

Et là, chez Denis Villeneuve, la forme est, certes magnifique, mais le fond beaucoup moins

Les impressions de déjà-vu s’enchaînent durant 2 h 45, beaucoup de séquences en rappellent d’autres, bien meilleures, vues ailleurs…

En conséquence, on se détache assez vite de l’histoire de la trajectoire des personnages

Pour ne rien arranger, l’alchimie entre Thimothée Chalamet et Zendaya est totalement absente, les enjeux sont pauvres et on ne ressent pas toute la complexité de l’œuvre d’Herbert…

En effet, on est trop concentrés sur la rivalité Atreides-Harkonnen et, en plus de 5 h 30 de récit (sur deux films), force est de constater, qu’on a pas beaucoup avancé !

Quand, on sait que le grand David Lynch (même s’il a renié sa version depuis) avait réussi à développer un propos efficace en un seul film, on n’a pas fini de souffrir…

Pourquoi ?

Parce que le final de ce second chapitre laisse la porte ouverte à un troisième ! Denis Villeneuve est bien décidé à continuer de s’amuser dans son bac à sable géant…

On n’a donc pas fini de s’ennuyer !

De fait, j’ai oublié de préciser pour terminer, que cette suite s’inscrit pleinement dans la lignée de son prédécesseur, en ne se privant pas de s’étirer en longueur

L’ensemble, pourtant très beau au demeurant, ainsi que je l’ai dit plus haut, en devient froid, trop clinique

Arrakis apparaît alors comme un nouveau haut lieu de la Fashion Week, on s’étonnerait presque de pas voir Timothée Chalamet ou Zendaya nous faire un regard caméra et nous lancer d’une voix suave un : « Vous le valez bien ! »

C’est en cela que Dune : deuxième partie est une vraie déception qui ne fait que confirmer celle générée par son aîné en 2021…

Je crains malheureusement qu’une, plus que probable, troisième partie ne suffise pas à combler les manques des deux premières…

Cela démontre que le « style Villeneuve » est sans doute plus adapté au polar (Sicario (2015)), au thriller (Prisoners, 2013), qu’à la science-fiction (exception faite de Premier Contact (2016))…

C’est sans doute une preuve de plus, enfin, de l’impossibilité d’adapter correctement l’immense œuvre de Frank Herbert au Cinéma

Warner Bros. France/YouTube

Sources :

Image d’en-tête : © 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.

Interview Greig Fraser:

Secrets de tournage, allocine.fr (lien)

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