C’est l’un des grands vainqueurs du Festival Les Toiles Filantes de Pessac, c’est mon coup de cœur personnel et il est toujours en salles !
Il s’agit de l’adaptation du roman éponyme de Michael Morpurgo, publié en 1999, réalisé par Kirk Hendry et Neil Boyle.
L’œuvre de l’écrivain britannique a déjà eu les honneurs d’une transposition sur grand écran par le Maître Steven Spielberg, c’était Cheval de Guerre, en 2011.
On y suivait le parcours douloureux d’un cheval, dans l’enfer des tranchées de la Première Guerre Mondiale…
Les animaux occupent une place prépondérante dans les livres de Morpurgo.
Ainsi, dans Le Royaume de Kensuké, le jeune Michael, 11 ans, embarque Stella, sa chienne adorée, sur le bateau familial à l’insu de sa famille, avant leur départ pour le tour du monde.
C’est son animal chéri, qui le pousse à sortir de la cabine, malgré la tempête qui fait rage, lors d’une nuit…
Son envie de secourir sa chère Stella est plus forte que sa conscience du danger (qui se rapproche pourtant à chaque seconde passée sur le pont)…
Le pire ne tarde pas d’ailleurs : une lame énorme apparaît dans son dos et le fait basculer par dessus bord, tandis que Stella plonge à son secours…
On est saisis par cette dramaturgie. Parce que ce personnage est diablement bien construit : il est sensible, têtu, impulsif, exaspérant par moments, comme tous nos adolescents qu’on adore !
Son terrible plongeon, bien involontaire, l’amène alors sur une île déserte et le tour du monde se mue, pour lui, en une « Robinsonnade » passionnante !
Enfin, l’île n’est pas si déserte que cela… une bonne âme, mystérieuse, lui apporte de la nourriture chaque matin…
Il s’agit de Kensuké, un vieil homme japonais, qui vit là depuis des années. Le contact n’est pas simple entre lui et Michael : aucun ne parle la langue de l’autre…
Pourtant, les deux naufragés dépassent progressivement cette barrière de la langue.
La « Robinsonnade » bascule doucement vers le récit initiatique et de transmission entre deux générations : sous l’impulsion de Kensuké, le jeune Michael apprend à faire attention à son environnement :
il apprend à aimer et respecter les autres êtres vivants, les grands singes en particulier.
Cette découverte est touchante à observer : Michael « grandit » et « murit » sous nos yeux ! Il s’enrichit de la sagesse de Kensuké.
Cette belle histoire de transmission est joliment mise en scène grâce à une animation très expressive qui mêle, étonnamment bien, animation traditionnelle et un soupçon de 3D (pour animer l’océan, notamment).
C’est une première car, les précédentes tentatives (dans l’animation japonaise récente, par exemple) piquaient un peu les yeux…
Pour le réalisateur Kirk Hendry, « l’animation est un formidable moyen d’expression pour raconter Le Royaume de Kensuké parce qu’elle apporte une dimension de conte, contrairement au cinéma en prises de vue réelles, et qu’elle nous permet de croire au merveilleux ».
Son collègue Nick Boyle abonde : « Le plus épatant avec l’animation, c’est qu’on peut contrôler chaque élément de l’univers du film.
Il faut tout contrôler car, en animation, il faut tout créer. Rien n’existe au départ.
Du coup, le moindre grain de sable, le moindre arbre, la moindre feuille d’arbre, le moindre nuage derrière cet arbre ont dû être imaginés et dessinés ».
Leur travail nous fait vibrer pour l’altérité et la nature, dans toute sa beauté !
Pour aller plus loin
Retour sur la cérémonie de clôture des Toiles Filantes qui récompensé Le Royaume de Kensuké !
Sources :
Image d’en-tête : © Kensuke s Kingdom Limited – Melusine Productions SA – Le Pacte – The British Film Institute and Ffilm Cymru Wales CBC 2023
Site spécialisé
Secrets de tournage, allocine.fr (lien)
