Depuis un petit plus d’un mois, le cinéaste britannique Alex Garland est de retour dans les salles.
C’est un petit événement pour celui qui avait marqué les esprits avec Ex Machina, son premier film, en 2015.
Dans ce huis-clos à la fois froid, futuriste et intimiste, porté un trio d’acteurs génial (Domhnall Gleeson, Alicia Vikander et Oscar Isaac), Alex Garland parvenait à synthétiser nos angoisses grandissantes, liées à la présence de plus en plus importante de l’intelligence artificielle dans nos existences…
Neuf ans plus tard, c’est une autre montée en puissance qui l’intéresse : les idées extrêmes qui s’affirment de plus en plus, face à avenir particulièrement incertain et violent…
Que passerait-il alors si une nouvelle Guerre Civile éclatait aux États-Unis ?
C’est en tout cas, la réalité de Lee (Kirsten Dunst, photo), une reporter de guerre chevronnée, qui couvre le conflit, au plus près, avec l’aide de son collègue Joel (Wagner Moura, photo) et de la jeune Jessie (Cailee Spaeny), une « fan », qui rêve de marcher sur ses traces…
Un postulat de départ audacieux qui promet d’interpeller et de faire réfléchir le spectateur… d’autant plus que Garland fait le choix, à priori judicieux, de ne pas présenter le contexte qui a mené le pays de l’Oncle Sam dans une nouvelle guerre intérieure…
On est plongés au cœur de l’action avec une Kirsten Dunst des grands jours, qui nous gratifie d’une interprétation d’une grande justesse.
Bref, cette nouvelle proposition a tout pour plaire !
Malheureusement, les promesses qui se dessinaient dans les premières minutes s’effondrent aussi vite que la démocratie américaine dans le film…
Tout simplement parce ce point de départ fou… n’est pas développé !
Alex Garland ne sait pas quoi en faire et alterne bien sûr, les scènes de violence et de guerre, avec des moments presque… contemplatifs !
Il ose même l’hommage à Terrence Malick dans une séquence où Lee est allongée dans l’herbe en plein combat et… gros plan en vue subjective sur des fleurs ! Totalement surréaliste !
Lee décide de faire mille kilomètres jusqu’à Washington D.C., la capitale fédérale, dans l’espoir de décrocher l’ultime interview du Président, avant l’effondrement final qui paraît inéluctable…
Le film devient alors, un espèce de « road-movie tranquille », au cours duquel, les personnages prennent le temps de se poser, comme si de rien n’était !
J’exagère un peu, certes, mais c’est pour tenter d’expliciter qu’on ne les sent jamais en danger ! On a jamais peur pour eux !
Même les scènes dramatiques pullulent de poncifs et sont trop surlignées (la chute dans la fosse, franchement…), on voit tout très vite arriver… et de loin !
Pour passer le temps un peu plus rapidement, on ne peut pas vraiment se raccrocher aux personnages car, en dépit de tout le talent du monde de Kirsten Dunst, ils sont totalement inintéressants (le journaliste obsédé par le scoop, la jeune première inconsciente de l’horreur qui l’attend…).
On les voit apprendre à se connaître dans l’adversité, échanger sur le métier et même… faire du shopping dans une boutique de vêtements, au cœur d’une localité, en apparence, épargnée par la guerre… lunaire !
Par ailleurs, leurs réactions sont incompréhensibles (un instant, ils sont maîtres d’eux-mêmes et l’instant d’après, en panique… alors que ce sont des professionnels des zones de guerre, bon sang de bonsoir !).
Ces pauvres personnages ne sont pas, non plus, aidés par leurs interprètes (Wagner Moura, Cailee Spaeny), pas du tout dans le bon tempo, trop souvent dans l’exagération…
Kirsten Dunst porte le film à elle seule, et n’est même pas récompensée par un final, digne de ce nom…
Alex Garland ne fait rien du formidable potentiel que son film possède, si ce n’est agiter un énorme chiffon rouge sous le nez des électeurs… on aurait aimé plus de subtilité !
Sources :
Images d’en-tête : © Gshow / X
