Sandrine Kiberlain est « Divine » !

Ce jeudi soir, événement au Festival International du Film d’Histoire de Pessac :

Sandrine Kiberlain sera présente, au cinéma Jean Eustache, pour défendre, en avant-première, son prochain film, en compétition au festival, Sarah Bernhardt, la Divine, réalisé par Guillaume Nicloux, un des réalisateurs le plus iconoclaste du cinéma français, on vous explique pourquoi il faut absolument le voir.

Tout d’abord, parce que ce n’est pas un biopic classique.

Ces dernières années, le film biographique est revenu en force dans les salles, citons pêle-mêle : Steve Jobs (2016), Bohemian Rapsody (2018) sur le regretté Freddy Mercury, le chanteur de Queen, Rocketman (2019) sur Elton John, Judy (2020) sur l’actrice Judy Garland, Simone, le voyage du siècle (2022), consacré à la grande Simone Veil ou encore, tout récemment, Monsieur Aznavour (2024)…

Ces exemples, nombreux et non exhaustifs, partagent souvent le même écueil : ils sont trop linéaires, un peu « plan plan » et manquent d’un vrai point de vue, d’une vraie personnalité

Ce n’est pas le cas ici.

En effet, Guillaume Nicloux et sa scénariste Nathalie Leuthreau, ont choisi sur deux événements marquants de la vie de cette immense comédienne, ainsi qu’il l’explique dans le dossier de presse : « Nathalie a lu tout ce qui la concerne et construit une somme extrêmement précise et factuelle avant qu’on ne dégage progressivement deux axes, parmi la folie et le tourbillon que fut sa vie : la journée de son jubilé et l’amputation de sa jambe. (…)

[Nous] avons rapidement éliminé l’obligation du biopic réaliste et du récit totalisant ».

Un choix judicieux qui permet de prendre le temps de développer le personnage de Sarah mais aussi son entourage et « l’ambiance » de l’époque !

Sarah Bernhardt, la Divine n’est pas pas exactement un biopic donc, mais le film assume enfin un angle véritable, un vrai point de vue !

Qui plus est, ainsi que le détaille le cinéaste (toujours dans le dossier de presse) : « [Les] deux moments clés que l’on a choisis sont peu documentés. Le film se niche dans l’absence de certitude, ce qui est très stimulant pour un cinéaste ».

Ainsi, le cinéaste nous donne à voir la relation passionnée et tumultueuse entre Sarah Bernhardt et Lucien Guitry, célèbre comédien de l’époque et père du grand Sacha.

Le duo Sandrine Kiberlain-Laurent Laffite fonctionne très bien pour donner vie à cette histoire d’amour, aux multiples rebondissements, qui parviennent même à nous tenir en haleine !

Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte (© Memento Distribution)

Les allers-retours entre 1896 et 1915 (dates clés des deux événements relatés), apportent de la variété, une non linéarité, au cœur même d’un récit, déjà libéré de cette construction trop classique.

La deuxième raison qui me pousse à vous encourager à découvrir le film (que ce soit ce soir au Jean Eustache, ou partout ailleurs dès le 18 décembre !), c’est bien sûr la prestation « divine » de Sandrine Kiberlain, totalement investie dans le rôle !

Cet investissement impressionnant a commencé des mois avant le début du tournage, ainsi qu’elle le confie, elle aussi, dans le dossier de presse :

« J’ai lu plusieurs biographies dont ses mémoires pendant que j’apprenais le texte.

C’est le seul travail que j’ai fait en amont : connaître le texte comme si c’était ma propre langue.

C’est la première fois que je travaillais avec une répétitrice et pendant trois mois, j’ai appris les répliques.

Il fallait complètement l’assimiler, car Sarah Bernhardt va très vite dans sa façon de s’exprimer. Impossible d’être hésitante et de prononcer un mot pour un autre.

On débutait le tournage en janvier, je m’y suis mise en octobre, comme on apprend une pièce de théâtre, par des lectures à la table, qui devaient s’inscrire dans mon cerveau. Et peu à peu, en apprenant, Sarah arrivait ».

Sa jubilation à incarner le personnage transparaît dans chaque séquence. Un vrai bonheur de spectateur !

Elle parvient à atteindre ce fameux lâcher prise, véritable Graal de tout comédien et toute comédienne.

Sandrine Kiberlain se lâche, donne tout pour nous faire voir et vivre tous les excès, toute l’extravagance et surtout toute la modernité de cette Grande Dame, sans pour autant chercher à la copier, à la « singer » :

«  [Je] ne voulais surtout pas l’imiter.

C’est le seul élément dont Guillaume et moi avons parlé très tôt : est-ce qu’il faut rendre la vérité de Sarah Bernhardt en copiant son jeu et ses intonations, ou est-ce qu’il faut se l’approprier autrement ? On a choisi la deuxième voie : rendre l’émotion et la puissance qu’elle procurait ».

Il est vrai que Sarah Bernhardt jaillit de l’écran dans toute son intensité !

Tant et si bien qu’on pardonne les petites libertés prises par le film (la relation avec Lucien Guitry n’est, en réalité, pas avérée, les tableaux pas encore peints à l’époque, l’électricité généralisée…), tout simplement parce que Guillaume Nicloux nous restitue l’essence même de Sarah Bernhardt, en laissant parler sa vision, sa créativité.

Un bel hommage à ne pas manquer, pour renouer avec une grande star, malheureusement trop oubliée aujourd’hui

Sources :

Image d’en-tête : © Memento Distribution

Article encyclopédique :

Lucien Guitry, fr.wikipedia.org (lien)

Document promotionnel :

Dossier de presse du film (lien)

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