Une « fanfare » touchante mais paradoxale.

On commence la semaine avec le rattrapage du beau démarrage français de ce début décembre, la comédie dramatique En fanfare, réalisée par Emmanuel Courcol qui parvient à se hisser à la deuxième place du box office français, dès ses premiers jours en salles, avec le joli score de 447 000 entrées !

Il faut dire que l’histoire de cette fratrie étonnante marche bien : Benjamin Lavernhe et l’excellent Pierre Lottin (photo, révélé par Les Tuche en 2010) forment un joli duo qui se rencontre et se répare grâce à la musique.

Les deux acteurs incarnent deux opposés avec beaucoup de sincérité et de justesse, une performance pas si anodine que cela, tant le risque de tomber dans le cliché était grand.

Chacun d’eux a travaillé à fond la « dimension musicale » de leurs rôles, et cela s’apprécie vraiment à l’écran, ils sont crédibles.

On découvre également, avec beaucoup de plaisir, l’univers chaleureux d’une fanfare de village, et les ponts qui existent entre les trompettes, les trombones et les cordes d’un orchestre classique.

Les hommes et les femmes, que Thibault, le grand chef d’orchestre international (Benjamin Laverhne), rencontre, sont attachants et bien caractérisés. Ils se serrent les coudes et se battent avec dignité face, à la terrible réalité, de la fermeture de leur usine.

Emmanuel Courcol donne aussi une belle dimension cinématographique aux musiciens, en filmant au plus près des orchestres, il explique :

« Il fallait obtenir des plans qu’on n’a pas lorsqu’on assiste à un concert. Je voulais qu’on soit immergé avec Thibaut, je voulais filmer ses mains et ses expressions.

Pour la fanfare, c’était plus simple parce que les choses sont moins formelles au milieu d’une fanfare, et c’est un vrai spectacle en soi, plus chaotique, plus vivant aussi. »

Cela fonctionne parfaitement et offre notamment une scène finale particulièrement réussie et forte en émotions.

Malheureusement, on ne fanfaronne pas totalement

Le film souffre, en effet, de gros problèmes de rythme : il est, paradoxalement, trop rapide et trop lent !

Le récit multiplie les ellipses (là où il faudrait développer) et s’attarde trop sur d’autres aspects, dénués d’intérêt

Emmanuel Courcol veut, en réalité, traiter trop de sujets (la maladie, les retrouvailles familiales, la crise sociale et économique) en 1 h 44 seulement

Cela crée un montage dissonant quelque peu frustrant et qui laisse entrevoir un film plus touchant et plus puissant encore… mais il s’évapore dans l’air, telles les notes du musique qui jalonnent cette histoire

Pour autant, le beau duo Pierre Lottin-Benjamin Laverhne gratifie les spectateurs mélomanes d’une belle harmonie qui fait oublier les petits paradoxes, les petites fausses notes du film.

Sources :

Image d’en-tête : © 2023 – Agat FilmsFrance 2 Cinéma

Sites spécialisés :

BOX-OFFICE France (du 27 novembre au 3 décembre 2024), cine-directors.net (lien)

Secrets de tournage, allocine.fr (lien)

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