Walter Salles est « toujours là » ! – La Pellicule Bordelaise

Le grand cinéaste brésilien Walter Salles (qui avait marqué les esprits en 2003 avec Carnets de voyage, un road-movie sur la jeunesse de Che Guevarra, pour aller vite !) revient cette année avec Je suis toujours là, un film fort, présenté en avant première à la dernière édition du merveilleux Festival International du Film d’Histoire de Pessac.

Cette fois-ci, pas de périple à moto en Amérique Latine, on reste au Brésil.

Nous sommes en 1971. Eunice Paiva (épouse de l’ancien député travailliste Rubens Paiva) se baigne, un hélicoptère militaire la survole, tel l’épée de Damoclès…

Son mari a renoncé à la politique depuis l’avènement de la dictature militaire.

Lui et Eunice ont construit une bulle de bonheur pour leurs enfants et leurs amis, au sein de la grande maison familiale à quelques mètres de la plage.

Malheureusement, l’épée de Damoclès, que l’on pressent dès les premières secondes (grâce à la superbe réalisation de Walter Salles), finit par tomber…

Rubens Paiva est arrêté, la grande maison du bonheur est fouillée et même occupée par la police…

L’ancien député disparaît…

Le combat de sa femme commence pour tenter de le retrouver.

Dès lors, Walter Salles instaure une tension folle, nous fait ressentir toute la violence d’un régime prêt à tout pour faire taire ses opposants, sans avoir besoin de la montrer, c’est ça, la puissance de la mise en scène !

Cependant, pour faire un grand film, une grande mise en scène et une grande réalisation ne suffisent pas, il faut des grands comédiens, et on les a !

Fernanda Torres (photo) en tête !

La grande comédienne brésilienne illumine le film de tout son talent, interprétant l’émotion juste à chaque instant !

Elle disparaît derrière Eunice Paiva, une femme admirable, bien décidée à combattre l’injustice terrible qui frappe sa famille, tout en restant positive pour ses enfants.

C’est très bien montré dans la scène de la photographie pour la presse : le journaliste leur demande d’avoir l’air triste mais elle refuse et insiste pour que tout le monde sourit. Une image est souvent bien plus forte que mille mots…

Les votants et votantes des Golden Globes ne s’y sont pas trompés et l’ont fort justement récompensé de prix de la meilleure actrice dans un film dramatique.

Une œuvre pas si dramatique, tant on est emportés par la force et le courage de cette grande dame et de sa famille.

Walter Salles signe un retour fracassant derrière la caméra avec cette adaptation de la biographie d’Eunice Paiva écrite par son fils Marcelo, en lui donnant toute sa dimension humaine, dimension sublimée par toute la puissance du Cinéma grâce à ses talents de réalisateur.

Il y a mis tout son cœur et cela se ressent dans chaque plan, ayant lui–même connu personnellement les protagonistes de cette histoire.

Cette intimité l’a d’ailleurs fait longtemps hésiter à se lancer dans cette nouvelle aventure cinématographique mais il a finalement franchi le pas, pour notre plus grand bonheur.