Frémaux nous ramène vers les Lumière !

8 ans après Lumière ! L’aventure commence, Thierry Frémaux, véritable Monsieur Cinéma aux multiples casquettes (directeur délégué du Festival de Cannes, directeur de l’Institut Lumière de Lyon…) retrouve les pères du Cinéma, Auguste et Louis Lumière, à l’occasion d’un nouveau documentaire, pour célébrer les 130 ans de leur fabuleuse invention, qui a changé, à jamais, notre façon de représenter le monde et de raconter des histoires

Au programme : 120 nouvelles « vues » (ainsi qu’ils appelaient leurs films de 50 secondes) superbement restaurées.

Quelle émotion de découvrir ces images, véritables capsules temporelles qui nous donnent à voir des instants présents de la fin du XIXème et du début du XXème siècle à Lyon bien sûr, à Paris et… partout ailleurs (Louis Lumière a, en effet, envoyé, très tôt, ses opérateurs aux quatre coins du monde) !

Thierry Frémaux nous guide dans ce voyage merveilleux, accompagné par les musiques de Gabriel Fauré (contemporain des frères Lumière) : il nous montre que ces films sont bien plus que des témoignages historiques émouvants (tous ces regards caméras curieux ! (photo)).

Ils portent, en eux, les bases du langage cinématographique qui commence par une question… cette question a taraudé et taraudera encore des générations de cinéastes : « où poser la caméra ? ».

En effet, vous pouvez filmer la scène la plus anodine qui soit, le positionnement même de la caméra est signifiant, il dit quelque chose visuellement : que vous cadriez en plongée (vers le bas), en contre-plongée (vers le haut) ou encore en « panorama » (qu’on appelle aujourd’hui « travelling »), la séquence sera perçue différemment par les spectateurs.

En tournant la manivelle de la caméra (d’où le terme de tournage !) Louis Lumière a inventé cette grammaire encore utilisée par les cinéastes aujourd’hui. Lui et son frère Auguste ont même inventé la fiction bien sûr (L’Arroseur arrosé) mais également… les remakes !

Ainsi que Thierry Frémaux nous le dévoile, il existe trois versions différentes de la célèbre Sortie d’usine (dont le tournage a débuté, vraisemblablement, le 19 mars 1895, même jour que la sortie du documentaire de Frémeaux, 130 ans plus tard !) !

On se plaint bien souvent, surtout ces dernières années, du fait qu’il y a trop de remakes dans les salles mais, qu’on le veuille ou non, ils sont consubstantiels au Cinéma !

Certes, la consubstantialité n’excuse pas la facilité, véritable maître mot des grands studios, au fil du temps…

Toujours est-il que le temps n’a pas de prise sur les magnifiques vues capturées par les frères Lumières et leurs opérateurs.

N’oublions pas, non plus, le travail fantastique des équipes de restauration autour de Thierry Frémaux qui a redonné toute leur vitalité et leur puissance à ces films si précieux.

Ainsi qu’un des premiers critiques de l’époque a pu le dire ou l’écrire : grâce à la caméra, « la mort cessera d’être absolue » car elle conservera intacte l’image de ceux et celles qui disparaissent.

Dans ce voyage vers les origines, Frémeaux n’en oublie pas pour autant le présent et explique : « [Célébrer] la mémoire [du Cinéma], c’est prendre soin de lui », « Veiller à son avenir, c’est prendre soin de nous-mêmes. »

Il est, en effet, vital de se souvenir de la dimension fondamentalement humaine du Cinéma, à l’heure où l’intelligence artificielle semble sur le point de rayer l’Homme de l’équation de toute création

Sources :

Image d’en-tête : © Institut Lumière

Article de presse :

Maximilien Pierrette, Lumière par Thierry Frémaux : pourquoi la date de sortie de ce film sur les débuts du cinéma est symbolique ?, allocine.fr 19/03/2025 (lien)

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