Depuis une dizaine années, on le sait, les grands studios n’ont plus d’idées… ou plus exactement, n’encouragent plus les nouvelles idées, sans doute par peur panique de perdre de l’argent…
La prise de risque a disparu et que fait-on pour ne pas prendre de risques ? On recycle des univers connus et aimés par le public.
Certes, le remake est aussi vieux que le Cinéma lui-même, il y a toujours eu des remakes et il y aura toujours… pour le meilleur (True Lies (1994) de James Cameron est un remake de La Totale (1991) de Claude Zidi !) mais aussi, et surtout, pour le pire…
La tendance est désormais de refaire les grands dessins animés avec des acteurs et des actrices, en chair en os (en live action, comme on dit…). Les studios Disney sont particulièrement friands de cette stratégie.
Le premier grand classique maison à faire les frais de cette nouvelle mode fut Alice aux pays des merveilles, en 2010, revu par Tim Burton.
Cette proposition du réalisateur d’Edward aux mains d’argent (1990), avait, au moins, le mérite de tenter une nouvelle approche en mettant en scène une Alice adulte.
Même chose pour Maléfique (avec Angelina Jolie), en 2014, qui se centrait sur la méchante sorcière de La Belle au bois dormant (1959).
Malheureusement, les films suivants (Cendrillon (2015), Le Livre de la jungle (2016), La Belle et la Belle (2017)) ne s’embarrasseront même plus à adopter un nouveau point de vue, au programme donc : de nouvelles images mais pas de nouvelle histoire…
La seule « petite histoire » intéressante concerne La Belle et la Bête : le tournage du film empêcha, Emma Watson (éternelle Hermione Granger dans la saga Harry Potter (2001-2011) de participer au, très réussi, La La Land (2016) de Damien Chazelle… Dommage !
En résumé, ces premières « mises à jour » de grands films d’animation, font de belles entrées, sans, pour autant, atteindre les sommets du box-office, qu’il soit français ou américain…
Tout va changer avec Le Roi Lion en 2019, incarné, non pas par des acteurs, mais par des animaux, en images de synthèse, photoréalistes.
C’est un carton ! Plus de 9 500 000 entrées en France et plus de 540 079 000 de dollars de bénéfices, rien qu’aux Etats-Unis !
Face à un tel succès, pourquoi se fatiguer ?
Autant continuer à piocher dans le catalogue de licences et refaire ce qui a (pourtant) été très bien fait, auparavant… le public a l’air d’aimer cela !
Les projets s’enchaînent alors, à un rythme soutenu : Dumbo (2019), Aladin (2019), La Belle et le Clochard (2019, directement sur Disney+), Mulan (2020), La Petite Sirène (2023)…
L’échec récent de Blanche-Neige (2025) va peut-être mettre (enfin !) un coup d’arrêt à cette frénésie de remakes, qui n’est pas seulement l’apanage de Disney et touche aussi les autres studios (Dreamworks va sortir un remake de Dragons (2010) dans quelques jours).
En attendant (et espérant !) cette accalmie salutaire, c’est au tour du merveilleux Lilo & Stitch de subir un « lifting » et, eut égard, à l’historique que nous venons de détailler, on n’a pas vraiment envie que le turbulent mais attachant petit extraterrestre bleu revienne sur Terre…
Dès les premières minutes, devinez quoi ? On nous rejoue le film d’animation sans parvenir à en restituer, toute la beauté…
Dans l’œuvre originale, réalisée par Chris Sanders et Dean Deblois (tous deux réalisateurs du premier Dragons (2010), tiens, tiens…), en 2002, on était éblouis par la finesse de l’animation qui mêlait, joliment, des dessins à l’aquarelle, à l’ancienne, avec des séquences 3D, très bien intégrées, lors de scènes de poursuites, notamment.
Ce choix préfigurait la généralisation de la 3D que l’on connait aujourd’hui, encouragée par le coup de tonnerre qu’à représenté Toy Story (1995) pour l’industrie.
Malheureusement pour nous, elle n’arbore pas ses plus beaux atours dans ce remake… les extraterrestres, bien décidés à expulser l’incontrôlable Stitch, sont laids, en comparaison de leurs aînés animés…
À croire que tout le budget des artistes d’ILM (Industrial Light & Magic, la société d’effets spéciaux, fondée par George Lucas) est passé dans la création et l’animation du petit extraterrestre bleu !
Plus globalement, le déroulé est calqué sur le dessin animé, jusqu’à reproduire les gags, presque plan par plan, ainsi que le montre le montage, ci-dessous :
Cette fois-ci, on a du mal à y croire, parce que les vrais animaux sont moins expressifs qu’en animation… en conséquence, on perd, inévitablement, en décalage comique…
Pire : cette nouvelle version est vidée de sa substantifique moelle… plus de sous-texte passionnant autour de la douleur d’être orphelin, amenée subtilement par la scène de lecture du Le vilain petit canard qui aide à Stitch de prendre conscience qu’il a besoin d’une famille…
En 2025, Lilo lit… un album photo.
La lecture d’un conte, donnant de la profondeur au film original, est remplacée par de simples images… tout est dramatiquement simplifié, comme si les enfants étaient idiots…
Oublié également, l’hommage désopilant à Elvis Presley. Il y a bien deux références balancé, ici ou là, mais sans la moindre explication… on va au plus rapide et au plus simple, encore…
Même les décors sont « simplifiés » !
Le film est tourné à Hawaï mais on ne voit jamais l’île !
La réalisation ne la met jamais en valeur !
Aucun plan d’ensemble, ou encore, aucun plan panoramique, n’est employé pour sublimer les paysages paradisiaques dans lesquels les personnages vivent !
À l’image d’un remake sans ambition, vide et sans âme… Un de plus.
Sources :
Image d’en-tête : © 2025 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.
Article de presse :
Silent_Jay, Les films remakes Live Action Disney classés du meilleur au pire après Lilo & Stitch, jeuxvideo.com, 24/05/2025 (lien)
Fiches films :
allocine.fr, imdb.com
