Aujourd’hui, Elio, le nouveau film des désormais mythiques studios californiens Pixar, sort en salles !
Pour fêter l’événement, je vous propose un petit retour sur la conférence de Kevin Laulan (Enseignant en Cinéma à l’Ecole de Création Visuelle de Bordeaux notamment) qui a proposé au public une petite Histoire de l’animation lors de la Foire de Bordeaux.
C’était la thématique principale de cette édition 2025.
Cette exploration des origines de l’animation commence avec les jouets optiques.
Il en existe plusieurs types, on peut citer le zootrope, le thaumatrope ou encore le flipbook.
Ces trois jouets sont basés sur le principe de la persistance rétinienne (phénomène de maintien d’une image sur la rétine) qui permet de créer l’illusion du mouvement en faisant défiler plusieurs images rapidement.
Comme vous pouvez le voir sur l’image précédente, le zootrope (inventé en 1834) est de forme cylindrique tandis que le thaumatrope est un disque de papier découpé. Le modèle le plus célèbre possède, sur une de ses faces, le dessin d’un oiseau et sur l’autre, celui d’une cage.
En alternant très rapidement ces mêmes faces, on a l’impression que l’oiseau est enfermé dans la cage.
Enfin, le flipbook est un petit livret qui permet d’animer un personnage en faisant défiler, très vite, ses pages.
Après ces prémices, le Cinéma d’Animation, proprement dit, apparaît en 1892, sous l’impulsion d’un Français, Charles-Emile Reynaud, qui invente le théâtre optique.
Il s’agit d’un dispositif assez complexe (constitué de manivelles, de miroirs…) qui reprend le principe des jouets optiques (en faisant défiler des images) mais en y ajoutant un système de projection de lumières.
Grâce à cette invention, Reynaud présente Pauvre Pierrot qui devient le premier film d’animation de l’Histoire.
Trois ans plus tard, le grand tournant arrive avec, bien sûr, l’invention du Cinématographe par les frères Lumière…
C’est la naissance du Cinéma qui connaîtra, par la suite, de nombreuses évolutions (passage du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur etc.).
Le cinéma d’animation va, lui aussi évoluer, au fil du temps : au début, tout se fait à la main, c’est fastidieux, il faut reproduire plusieurs fois le même dessin…
Petit à petit, on invente des techniques pour faciliter le travail des animateurs : le celluloïd (feuille transparente sur laquelle on peint, les éléments en mouvement d’un dessin animé) ou encore la rotoscopie (procédé qui permet de décomposer des mouvements d’acteurs et d’actrices filmés pour les reproduire en animation).
La rotoscopie est notamment utilisée dans le chef d’œuvre de Disney, Blanche-Neige et les sept nains (1937), l’un des premiers longs-métrages d’animation.
Ce film s’adresse à tout le monde, aux petits comme aux grands ( tout comme Toy Story, bien plus tard !), et aborde des thématiques sombres pour les adultes (jalousie, assassinat…).
On y croise des personnages rigolos (les sept nains) pour les enfants, qui symbolisent chacune de nos personnalités (bien avant Vice-Versa !).
Le récit est extrêmement bien rythmé, autour de plusieurs séquences musicales.
Les visages sont très expressifs, les personnages très identifiables, il faut aller au plus rapide et au plus efficace pour le grand public.
C’est un succès éclatant qui va véritablement lancer la carrière de Walt Disney.
Petit à petit, le fondateur du grand studio, désormais incontournable, va diversifier son activité en se lançant dans, ce l’on appelle aujourd’hui, le marchandising et le marketing au travers de la vente de jouets, de figurines, de peluches et en ouvrant ses fameux parcs d’attraction.
Cette stratégie lui permet de profiter de rentrées d’argent conséquentes, en dehors des films.
La mascotte de l’entreprise, vous la connaissez, il s’agit bien sûr de Mickey Mouse.
Ses premières aventures prennent la forme de petits courts-métrages en noir et blanc. Citons, par exemple, Steamboat Willie, réalisé quelques années avant Blanche-Neige.
Dans ces films très courts, le but est de raconter une histoire sans recourir aux dialogues. On privilégie le mouvement pour la narration et pour véhiculer des émotions.
Ce principe est la base du Cinéma d’animation et du Cinéma tout court, et témoigne qu’il est un art visuel avant tout : tout passe par le mouvement.
Walt Disney décède en 1966…
À partir de ces années-là, les films d’animation sont de plus en plus longs et ne s’adressent plus forcément aux enfants. On pense à Fritz the Cat (1972) de Ralph Bakshi (premier film d’animation classé X).
On produit aussi des films de science-fiction, et c’est assez nouveau. La planète sauvage (1973) de René Laloux est l’un des premiers projets à explorer le genre.
Les années 70 voient également l’émergence des dessins animés crées pour la télévision.
L’une des figures de ce format est Osvaldo Cavandoli. Son nom ne vous dit peut-être rien mais vous connaissez sûrement sa création la plus emblématique : La linea.
Cette petite série d’animation italienne raconte les aventures d’un petit personnage issu d’une simple ligne blanche, sur un fond uni.
La grande originalité de ce programme est de voir le personnage interagir avec son animateur !
La main de ce dernier apparaît régulièrement à l’image pour dessiner directement des éléments du décor. On mélange ainsi la fiction et la réalité.
L’émission va marquer son époque, devenir culte, de part sa dimension universelle, tout comme les premiers films Mickey Mouse, (pas de dialogue, la linea prononce simplement des petites exclamations, des petits grognements).
Les scènes sont évocatrices, pas besoin de traduction, cela a permis au programme de connaître un grand succès à l’international.
Faisons maintenant un bond dans le temps pour nous retrouver en 1988. Que se passe-t-il cette année-là ?
Trois films japonais majeurs sortent : Akira de Katsuhiro Ôtomo, Le Tombeau des lucioles d’Isao Takahata et Mon voisin Totoro d’Hayao Miyazaki, l’un des maîtres de l’animation nippone.

Ces films ont montré, à l’Occident, qu’au Japon, on pouvait faire des films d’animation longs, extrêmement réussis, sans être forcément violents ou limités sur le plan intellectuel (des clichés malheureusement encore très répandus à propos de l’animation du pays du Soleil Levant…).
Akira est un film assez mature qui évoque un futur sombre.
Le Tombeau des lucioles évoque les conséquences terribles des bombardements de l’armée américaine sur le Japon durant la Seconde Guerre Mondiale.
Enfin, Mon voisin Totoro, sans doute le plus populaire des trois, est, lui aussi, très particulier : il parle de la nature au travers des créatures que sont les Totoro mais aborde également des thématiques plus adultes comme la séparation, la maladie ou le deuil.
Les très mignons totoros sont là pour adoucir ces sujets auprès des enfants. L’ensemble est très réussi et très beau esthétiquement.
On arrive à présent sur les années 2000. À cette époque, un studio américain va s’imposer : Pixar.
Les succès s’enchaînent, à un rythme impressionnant : Le Monde de Nemo (2003) (un film vraiment magnifique, le rendu de l’eau est très beau), Les Indestructibles (2004) (un super film de super-héros pour petits et grands, très réussi), Ratatouille (2007), Wall-E (2008) (un drôle de film avec une première heure sans dialogue, tout passe par l’image… assez incroyable !) et enfin Là-haut (2009) (très beau même s’il commence mal. On y suit Carl, un retraité veuf, qui fixe des ballons à sa maison pour s’envoler vers l’Amérique du Sud. Un film incroyable, très touchant pour toutes les générations).

Chacun de ces films cartonnent au box-office, et, comme à la grande époque de Disney, ils possèdent une double lecture pour les adultes, parsemée de références à de grandes sagas telles que Star Wars, par exemple.
En France aussi, nous avons des studios d’animation, des écoles…
Plusieurs films d’animation français ont marqué les esprits ces dernières années, on peut mettre en avant : Une vie de chat (2010) d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, Ernest et Célestine (2012), Minuscules – la vallée des fourmis perdues (2013) d’Hélène Giraud et Thomas Szabo (film qui mélange prises de vues réelles et animation).

Ce dernier exemple est adapté la série télévisée éponyme dont le principe est simple : on filme des décors naturels et y incorpore ensuite des petits insectes (d’où le titre) en images de synthèse.
L’épisode intitulé La coccinelle parodie une course automobile en remplaçant les bruits des insectes par des bruits de voitures.
L’ensemble a beaucoup de rythme, avec des plans fixes mais aussi des mouvements de caméras très rapides qui dynamisent la séquence.
Plus globalement, en 2025, la France est le troisième pays producteur de films d’animation au monde, derrière le Japon et les Etats-Unis.
Elle abrite le prestigieux festival d’Annecy.
Pour l’anecdote, chaque séance du festival est précédée d’un rituel : les spectateurs fabriquent un petit avion de papier et le lancent vers l’écran. Le plus près du but (sans toucher le mur) gagne… les applaudissements des autres !
Terminons ce petit historique de l’animation en évoquant la série Netflix, Astérix & Obélix : le Combat des Chefs d’Alain Chabat et Fabrice Joubert, conçue dans les studios toulousains TAT.
Ces derniers ont eu les honneurs d’une exposition immersive dans les décors de leurs films à la foire.

Quant à la série Astérix, elle connaît un grand succès, preuve que l’animation a encore de beaux jours devant elle, grâce aux talents qui la font vivre partout dans le monde et aussi en France !
Un grand merci à Kevin Laulan de nous avoir offert ce panorama passionnant sur un secteur si riche et dynamique de l’industrie cinématographique !
Un grand merci aussi pour les photos !
Pour aller plus loin :
Ma critique de Minuscules – La vallée des fourmis perdues
Ma rencontre avec Philippe Le Brun, animateur chez Dreamworks !
Sources :
Image d’en-tête : montage personnel
Enregistrement personnel
Fiches films :
allocine.fr
imdb.com
















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