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On rattrape, non pas un, mais deux films qui sont arrivés en tête de vos suffrages : Karate Kid: Legends de Jonathan Entwistle et Y’a-t-il un flic pour sauver le monde ? d’Akiva Schaffer.

Deux exemples qui témoigne tragiquement que la maladie des remakes, à tout va, qui atteint l’industrie depuis de nombreuses années est loin d’être soignée…

Nouveau symptôme : Karate Kid : Legends donc, pas moins de la 6^ème itération de l’univers Karate Kid au Cinéma depuis 1984 !

Sans compter la série Netflix, Cobra Kai (2018 – 2025) qui a relancé l’intérêt du public pour cet univers contemporain d’arts martiaux.

Le film s’inscrit clairement dans la continuité visuelle de la série, il est d’ailleurs assez surprenant qu’il ne soit pas directement sorti sur la plateforme au N rouge.

D’autant plus surprenant que Ben Wang (photo), le jeune acteur vedette de ce nouvel épisode cinématographique, est un familier des séries télé (Legion, Américain de Chine ou encore l’infâme remake de la cultissime série MacGyver, version 2016-2021…).

Il pratique surtout plusieurs arts martiaux (Karaté, le Wing Chun/Kung Fu, le Gumdo, le Kempo et le Taekwondo), on l’apprécie !

Les scènes de combats sont, en effet, fluides et bien exécutées, dommage qu’elles ne sont pas filmées et mises en scène avec autant de maestria…

Ces séquences sont un peu plan-plan, il faut bien le dire…

Heureusement, une belle alchimie se crée entre Li Fong (Ben Wang) et sa nouvelle amie new yorkaise Mia Lipani (Sadie Stanley).

Le film n’a pas peur de prendre son temps, donnant ainsi de la profondeur à ses personnages, en développant notamment le drame personnel vécu par Li Fong.

Malheureusement, le déroulé global se révèle être bien trop sur des rails (initiation/entraînement/confrontation finale), les personnages secondaires sont un peu unidimensionnels ou transparents (on aimerait en savoir plus sur le grand méchant, la mère du héros (Ming-Na Wen, pourtant rompue aux arts martiaux !) fait de la figuration (tout comme Jackie Chan !) et change brutalement d’avis vis-à-vis de son fils, sans raison !).

Pourtant, il y avait de quoi ouvrir une nouvelle voie entre boxe et karaté, notamment grâce au personnage du père de Mia, incarné par Joshua Jackson (ex star de la série Dawson (1998 – 2003)), un ancien boxeur contraint de reprendre du service pour payer une dette… dommage que cette idée soit si vite évacuée…

La réalisation, sans grande inspiration, est lourde (les incrustations façon jeux vidéo sont ridicules !) et manque de plans impressionnants ou à minima intéressants…

On est quand même à New York, la ville la plus verticale du monde, bon sang !

C’était l’occasion d’offrir aux spectateurs des images pleines d’ampleur et des mouvements de caméra faisant la part belle à la verticalité de la cité justement mais peine perdue ! Cette simple attente cinéphile finit de suite au tapis…

À la fin des combats, on se dit que ce retour cinématographique est sympathique certes (il évite d’être frénétique), mais surtout qu’il reste franchement anecdotique…

On aurait pu véritablement se contenter de le regarder sur nos écrans plutôt que sur le grand !

**Ben Wang et Sadie Stanley, un couple de Cinéma attachant malgré tout (IMDB).**

Passons maintenant à un autre retour, un autre symptôme… assez inattendu celui-là… Celui de Frank Drebin, l’enquêteur le plus gaffeur que la police ait connu… ou plus exactement son fils, incarné par Liam Neeson dans un rôle à contre-emploi ultime !

En effet, depuis un peu moins de 20 ans (déjà !), l’acteur irlandais a été intronisé en tant que figure du cinéma d’action, grâce aux productions de Luc Besson (Taken (2008) de Pierre Morel, Taken 2 (2012) et Taken 3 (2014) d’Olivier Megaton).

En revanche, cette année, il prend un sacré risque en cassant cette image de super flic qui châtie les méchants pour protéger sa fille !

Désormais, le super flic n’est plus si super… tout en étant persuadé d’être vraiment super ! L’essence même des films originaux dans lesquels le regretté Leslie Nielsen (parti en 2010) gardait le plus grand sérieux dans les situations les plus improbables !

***Le génial Leslie Nielsen dans son rôle culte du lieutenant Frank Drebin en 1988 (© D.R.).***

L’hommage à la saga dans son ensemble est plutôt bien réussi (ils osent même la blague sur O. J. Smpson, accusé du meurtre de son ex-femme !…), tout en se plaçant dans la continuité, permettant ainsi d’éviter l’écueil du remake classique.

Les gags s’enchaînent bien, Liam Neeson s’amuse beaucoup dans l’autodérision, sa complicité avec Pamela Anderson fait plaisir à voir, ils se régalent à jouer plusieurs scènes de dialogues savoureux, à double sens…

Pour le reste, malheureusement, pas grand-chose à retenir de ce retour qui est (ô surprise !), lui non plus, pas aussi mémorable que ses aînés…

Tout simplement parce qu’il est difficile d’être à la hauteur de l’humour si particulier du trio ZAZ (pour Zucker-Abrahams-Zucker, groupe formé des frères David et Jerry Zucker (scénaristes et réalisateurs) et du producteur Jim Abrahams, (disparu en novembre 2024)).

Le célèbre trio était spécialisé dans les parodies, et avait bien sûr crée la saga original des Y’a-t-il un flic ?.

**David, Zucker, Jerry Zucker et Jim Abrahams recoivent un hommage au 35ème Festival du Cinéma Américain de Deauville en 2009, en présence de Dany Boon (© Guy Isacc)**

David Zucker a participé à l’écriture de cette suite en apportant l’idée du personnage du fils de Frank Drebin.

Il n’a, cependant, pas caché qu’il trouvait le scénario de « qualité inférieure »…

C’est révélateur…

Difficile de lui donner tort, qui plus est !

En effet, on sourit davantage qu’on rit durant tout le film…

Les premières minutes sont amusantes, oui (à condition d’accepter le postulat de départ bien sûr) mais l’ensemble s’essouffle très vite…

Or, en matière d’humour, le rythme est essentiel : une demi-seconde trop tôt ou trop tard et un gag tombe à plat… or, dans cette nouvelle version, beaucoup d’entre eux s’éternisent… l’ensemble ne fait qu’1 h 25 et pourtant les longueurs foisonnent…

Bilan de cette enquête : pas aussi catastrophique qu’on pouvait le craindre, mais assez oubliable malheureusement…

Une nouvelle preuve que l’humour absurde est sans doute le plus difficile à doser et laisse une grande question, toujours sans réponse : y’a-t-il un flic pour sauver les comédies ? 😁