Frénésie au Quai d’Orsay !

Coutumier des adaptations littéraires au cinéma (Dans la Brume Electrique en 2009, La Princesse de Montpensier en 2010…) Bertrand Tavernier récidive en portant à l’écran dans son nouveau film, Quai d’Orsay, la B.D. du même nom, véritable succès de librairie.

Voyons voir maintenant si cette nouvelle version mérite les mêmes louanges que son alter ego sur papier.

QO

Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz), jeune diplômé de l’ENA a rendez-vous au ministère des affaires étrangères pour son premier emploi.

Il y rencontre son patron, Alexandre Taillard de Vorms, un homme charismatique et ambitieux, adepte du mouvement perpétuel. C’est ce qui frappe dès les premiers instants du film : le mouvement, la frénésie ! Thierry Lhermitte, en grande forme, déborde d’énergie et ne tient pas en place ! On devine à chaque plan le plaisir qu’il a eu à incarner ce ministre monté sur piles électriques et on partage le plaisir !

On adore voir ses collaborateurs subir les coups de sang de ce véritable ouragan vivant (les portes claquent, les feuilles volent…) ! Il est tyrannique mais aussi diablement attachant avec son sens de la formule (« légitimité, unité, efficacité » ponctuée des désormais cultes « takatakatak ! » ou « Tchak ! Tchak ! Tchack » !).

Le pauvre Arthur se voit confier (dans un zoom avant bien pensé)… Le langage. Ce terme pompeux évoque simplement les discours du ministre qu’il sera charger de rédiger. Seul problème : Vorms n’est jamais satisfait ! Le jeune homme doit donc écrire, réécrire et réécrire encore à la manière d’un Sisyphe, ses allocutions. C’est très drôle.

On aime aussi les turpitudes administratives françaises moquées (le directeur de cabinet est différent du chef de cabinet !), Les rivalités au sein même de l’équipe du ministre mais aussi l’évocation de l’histoire récente (Alexandre Taillard de Vorms rappelle fortement un certain Dominique de Villepin dans son combat contre la guerre en Irak en 2003…).

Mais malgré tous ces bons points, le film a « le défaut de ses qualités ». Les portes qui claquent et les feuilles qui volent donnent vite l’impression au spectateur d’assister à du théâtre de boulevard filmé, c’est répétitif et, par conséquent, rapidement ennuyeux. Dans le même ordre d’idées, le travail d’écriture sans fin d’Arthur nous fait tourner en rond…

La construction du récit est maladroite et sans cesse fragmentée par des extraits des Fragments d’Héraclite (ça ne s’invente pas !) qui ont tendance à juxtaposer les différentes scènes et, du coup, l’ensemble manque de liant…

Dernier défaut : On aurait aimé voir davantage les rivalités qui font le quotidien de l’entourage du ministre. Les personnages secondaires ne sont pas assez creusés. Celui de Julie Gayet, une conseillère mystérieuse et séduisante aurait mérité plus de présence à l’écran, notamment dans l’idée de sa relation ambiguë avec Arthur qui est, ici, seulement esquissée. Ne parlons pas de la petite amie d’Arthur, juste là pour le faire-valoir…

Enfin, Claude Maupas (Niels Arestrup), le bras droit du ministre, est bien (trop) calme. Bertrand Tavernier l’a sans doute voulu ainsi pour contrebalancer la furie de Thierry Lhermitte mais c’est raté : son acteur, peu inspiré, donne vraiment l’impression de s’ennuyer ferme, ennui qui finit par assombrir quelque peu notre plaisir initial.

La note d’Etats Critiques : 6/10

Quai d’Orsay.

QO2

Comédie. France. Réal : Bertrand Tavernier. Avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup.

Arthur Vlaminck, fraîchement diplômé de l’ENA devient la plume attitrée du ministre hyperactif Alexandre Taillard de Vorms, et découvre rapidement que ce poste prestigieux est loin d’être le plus reposant !

 

SORTIE DEPUIS LE 06 NOVEMBRE 2013

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