Chaque film de Hayao Miyazaki est un petit bonheur, une petite friandise que l’on savoure avec gourmandise tant Princesse Mononoké (1997) ou encore Porco Rosso (1992) pour ne citer qu’eux, sont restés dans les mémoires.
Mais ce dernier-né a, en plus, la saveur douce-amère des adieux, Miyayazaki ayant décidé de ranger ses crayons pour de bon…
Pour une dernière, c’est une première : jusqu’à présent en effet, le cinéaste nippon créait des univers imaginaires qui lui étaient propres. Or, pour cet ultime projet, il s’inspire, en grande partie, de la vie de l’ingénieur en aéronautique Jiro Horikoshi. On y découvre sa jeunesse, son parcours, jusqu’à l’entrée en guerre du Japon.
Miyazaki nous fait partager sa passion pour l’aviation dans un récit plein de poésie mais aussi empreint d’une profonde tristesse (les avions, oiseaux majestueux, utilisés pour tuer). On sent les intentions bellicistes monter progressivement. Il y a urgence, urgence à profiter du moment présent. Mais c’est impossible. Jiro est totalement accaparé par le travail et son épouse Naoko, totalement rongée par la tuberculose…
En conséquence, pas grand-chose à faire, si ce n’est se réfugier dans les rêves : le film est inondé de séquences oniriques qui nous enchantent au début, avant de profondément nous ennuyer (pour rester poli). On plonge alors, à notre corps défendant, dans des tunnels de dialogues assommants où Jiro et son idole, l’ingénieur italien Caproni, débattent de leur vision de l’avion idéal… Ceux qui espéraient découvrir l’itinéraire d’un pilote embarqué dans le tourbillon de la guerre en seront pour leur frais…
Même la scène du tremblement de terre de Kanto de 1923 pourtant bien pensée (les bruitages vocaux personnifient magnifiquement l’idée d’une nature en colère) est trop vite oubliée face à ce déroulement (inutile de parler d’intrigue en effet) qui manque singulièrement de soubresauts.
Quel dommage de se quitter sur une telle déception ! Mais ce n’est pas grave : le Maître Miyazaki gardera une place de choix dans la grande histoire du cinéma d’animation. On peut toujours se consoler en revoyant ses chefs d’œuvres précédents.
La note d’Etats Critiques : 5/10
Le Vent se lève.
Animation. Japon. Réal : Hayao Miyazaki. Avec Hideaki Anno, Miori Takimoto, Hidetoshi Nishijima .
Le petit Jiro rêve de devenir pilote. Mais ses problèmes de vue l’empêchent d’y parvenir… Tant pis ! Il sera ingénieur et marquera l’histoire de l’aéronautique.
SORTI DEPUIS LE 29 JANVIER 2014