La Grande Catherine sauve les meubles.

L’actrice française est de retour dans les salles obscures à l’affiche de L’Homme qu’on aimait trop, le nouveau film d’André Téchiné sur l’affaire Le Roux. Elle incarne Renée, la mère d’Agnès Le Roux et retrouve à cette occasion les plateaux du cinéaste pour la septième fois… En route vers une Septième Merveille ?

FRENCH RIVIERA André Téchiné Fidélité Films/Luc Roux

La disparition d’Agnès le Roux reste aujourd’hui encore l’un des plus grands mystères judiciaires de ces trente dernières années…

André Téchiné a choisi de faire partager sa propre vision d l’affaire en adaptant librement les Mémoires d’une des principales intéressées, Renée Le Roux. Le propre frère d’Agnès Le Roux a d’ailleurs participé à l’écriture du scénario1.

Dès  lors, on pouvait craindre un parti pris trop marqué dans un sens ou dans l’autre mais Téchiné s’attache surtout à dépeindre très précisément les relations entre les personnages. On se concentre sur le trio Agnelet-Renée/Agnès Le Roux : Agnelet proche collaborateur de Renée, Agnelet amant d’Agnès…

On découvre un homme sûr de ses désirs et du désir qu’il provoque sur les femmes… Bientôt, Agnès succombe… Adèle Haenel est bouleversante en femme éperdument amoureuse…

Au delà du trio, ou même de l’affaire, ce film est avant tout une histoire d’amour.  

Maurice Agnelet obsède Agnès mais elle ne l’obsède pas. Sa passion dévorante pour cet homme nous happe, d’autant plus qu’elle acquiert très vite une dimension destructrice, faute d’être réellement partagée…

Sa mère sent assez vite le danger… Catherine Deneuve nous offre sans doute une de ses plus grandes performances en mère brisée, persuadée de la culpabilité de Maurice Agnelet dans la disparition de sa fille. Elle fait partie de ces rares actrices capables de  se faire oublier, de « disparaître » derrière les personnages qu’elles incarnent, ou mieux qu’elles « habitent »…

Cette performance magistrale a un mérite principal : nous faire rester dans la salle. 

En effet, malgré ces qualités indéniables, le film souffre de défauts majeurs…

La réalisation poussive d’abord. Techiné gâche le talent de ses actrices par une mise en scène molle et très lente… Le temps qui s’égraine presque en direct et place son oeuvre dans la plus  grande tradition du cinéma chiant à la française… On a au moins tout le loisir de profiter de la jolie bande originale signée Benjamin Biolay. 

Ajoutez à cette lenteur maladive, une reconstitution des années 70 à 3 francs 6 six sous, façon téléfilm de France 3, des maladresses anachroniques qui font tache (interrupteurs et prises d’appartements des années 2000…) et on a quand même tendance à décrocher.

Il y a bien quelques belles idées comme la scène de la danse africaine d’Agnès où la caméra passe derrière Guillaume Canet avant de zoomer sur le visage de la danseuse, telle l’attention de son personnage qui se focalise sur la jeune femme…

Guillaume Canet, parlons-en justement. Quatre ans après nous avoir gonflés avec les bobos à l’âme de sa bande de potes bobos dans Les Petits Mouchoirs, c’est l’occasion de se réconcilier avec lui. Les bases sont là en tous cas : un cinéaste réputé, un sujet fort, un duo d’actrices exceptionnelles… Il a tous les éléments pour donner la pleine mesure de son talent…

Oui mais voilà, il n’y arrive pas. Voulant jouer sur la retenue, sa prestation crée un personnage bien trop lisse qui ne suscite jamais la crainte ou quoique ce soit d’autre.

Son jeu « mono-expressif » est exaspérant et son maquillage grotesque à la fin du film n’arrange rien. Le générique de fin nous apprend sa participation au scénario, et la seule chose qui nous vienne à l’esprit en enregistrant l’information est de se dire qu’il aurait dû se contenter de ce seul rôle…

En résumé, on aimerait aimer davantage L’Homme qu’on aimait trop mais ses défauts sont bien trop prégnants pour qu’on puisse l’apprécier vraiment.

Reste la prestation de haut vol de Catherine Deneuve et rien que pour cela, il faut quand même le voir.

 

La note d’Etats Critiques : 6/10

1Secrets de tournages, allocine.fr 

L’Homme qu’on aimait trop.

l'homme2

Drame. France. Réal : André Téchiné. Avec : Catherine Deneuve, Adèle Haenel, Guillaume Canet. 

En 1976, Agnès Le Roux est en pleine procédure de divorce. Elle tombe bien vite follement amoureuse de Maurice Agnelet, l’homme de confiance de sa mère…

Sorti depuis le 16 juillet 2014

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