Depuis un peu plus d’une semaine, Djamel Debbouze nous propose sa première réalisation et se lance dans l’animation. On voulait prendre notre temps pour la voir, loin du tumulte promotionnel qui a précédé la sortie de ce projet très ambitieux sur le papier. Alors, première réussie pour l’humoriste le plus célèbre de France ?
Première bonne surprise au début de la projection : la qualité de l’animation. En effet, Pourquoi j’ai pas mangé mon père est le premier film tricolore réalisé entièrement grâce à la technologie de capture de mouvements (mocap pour les intimes), développée et popularisée par James Cameron dans Avatar en 2009.
Djamel Debbouze assume d’ailleurs le parallèle en reprenant la scène de la destruction de l’Arbre Maison que l’on voit chez Cameron. On pouvait craindre que ce parallèle inévitable, même assumé, puisse porter préjudice au film et ce, d’autant que les premières images aperçues dans la bande-annonce n’étaient guère emballantes…
En vérité, sans atteindre la beauté et la fluidité d’Avatar, le résultat est plus qu’honorable. Surtout toute la séquence « entre les branches » où les textures et les lumières sont extrêmement bien rendues. La chose est un peu moins vraie par la suite quand on rejoint la terre ferme.
Mais là où le bât blesse, c’est au niveau de l’expression des visages qui laisse un peu à désirer… Ennuyeux pour un film pour le moins verbeux… Parce que Djamel Debbouze parle, parle et parle encore… Il monopolise la parole, en fait des caisses pendant 1 h 40 sans s’arrêter ! Abrutissant ! Même sa compagne incarnant Lucy lui fait la remarque qui, censée être drôle, sonne davantage comme une excuse pour le spectateur !
Le film est bien trop centré sur lui, fait par Djamel, pour Djamel : il invente la bipédie, maîtrise le feu et s’installe même en banlieue (la scène des cavernes) ! Par conséquent, les autres personnages ont dû mal à exister. Ian son accolyte un peu simplet amusera peut-être un enfant de 5 ans mais exaspérera ses parents !
L’humour est d’ailleurs calibré pour cette tranche d’âge et le spectateur plus âgé attend le générique avec impatience pour être débarrassé de cette bande de simiens surexcités !
Les autres personnages sont également bien trop effacés ou trop caricaturaux : le grand méchant qui ne l’est pas vraiment, la terrible prêtresse, tellement terrible et tellement dans l’excès… qu’on s’en fiche grave ! Et que dire de l’avatar de Louis de Funès ?! Hommage plus lourdingue que cela, tu meurs ! On sent aussi que la sorcière a été mise là pour rajouter de l’enjeu dans un scénario qui en manque cruellement. Sorti du « show Jamel » il ne reste pas grand-chose… Où est l’aventure ? Le suspense ? La passion ? L’excitation ? L’émerveillement ? Avouons qu’il reste quand même la prouesse technique indéniable, qui souhaitons-le, fera des émules dans un cinéma français bien trop sage et pas assez ambitieux.
Malheureusement, l’ennui est bien là. Ce film nous apprend une chose : l’animation, ce n’est pas du stand-up, se montrer ne suffit pas ! Brailler dans le micro en massacrant la langue française n’est pas synonyme de talent !
D’où cette question : « pourquoi j’ai pas été voir autre chose ? ».
La note d’Etats Critique : 5/10
Pourquoi j’ai pas mangé mon père.
Animation. France. Réal : Jamel Debbouze. Avec Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh.
L’histoire d’Edouard, fils aîné du roi des Simiens qui va révolutionner la vie des siens…
Sorti depuis le 08 avril 2015.
P.A.J ! 😀
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