Albert Dupontel incarne dans son nouveau film un cascadeur équestre devenu paraplégique après un accident. Cécile de France va le rencontrer pour s’occuper de son dossier d’indemnisation… En selle !
Depuis le succès incontesté d’Intouchables en 2011, le handicap semble avoir la cote au cinéma. Après François Cluzet, c’est Albert Dupontel qui s’assied dans un fauteuil roulant, le nouvel accessoire sexy pour l’acteur (et les producteurs !) qui rêvent de succès !
En équilibre est d’ailleurs au départ construit sur le même principe qu’Intouchables à savoir l’adaptation d’un livre témoignage. Le réalisateur Denis Dercourt s’inspire de la vie de Bernard Sachsé, un cascadeur équestre devenu paraplégique à la suite d’un accident sur un tournage en 1994.
Le film commence à son retour de l’hôpital à bord d’un taxi spécial fauteuil roulant, il revient dans son haras auprès de ses proches avec un plateau de fruits de mer pour fêter l’événement (on est dans l’Ouest quand même, respectons les traditions !). Bien sûr, on a les flashbacks sur l’accident.
On apprécie la prestance de Dupontel qui monte très bien à cheval, il réalise même une pirouette sur le flanc de son cheval au galop sur la plage… Wouah… Mais cette scène peut encore aller, c’est toujours agréable de voir un acteur qui s’investit à fond dans son rôle sans être doublé…
Le sinistre présage arrive avec la séquence guimauve du galop au ralenti, toujours sur la plage, à la façon du téléfilm romantique de M6 diffusé chaque après-midi !
Parce que oui, comme le suggère le titre de l’article, En équilibre est véritablement davantage calibré pour la télévision que pour le cinéma. Comme un aveu, le logo France 3 figure en bonne place dès le lancement de la projection. Les choses sont vraiment bien faites dans le cinéma français…
Mais, au delà de la jolie tournure de phrase, qu’est-ce cela signifie, concrètement ? Tout simplement que les enjeux de l’intrigue sont connus dès le départ : la persévérance du héros envers et contre tout, le dialogue de sourd entre lui et Florence (l’agent d’assurance), le jeu de séduction et enfin l’abandon à la passion…
Le tout en 1 h 30 à peine, emballé c’est pesé !
Et ce n’est pas le duo d’acteurs pourtant confirmé qui va nous emballer. Reconnaissons tout de même le talent de Dupontel qui incarne avec justesse son personnage mais c’est bien peu pour mériter les honneurs du Grand Ecran…
De son côté, sa partenaire Cécile de France est peu inspirée, donnant vie à une Florence sur la défensive et frustrée car elle ne peut vivre de sa passion pour le piano… On croirait voir Adèle (le personnage de Kechiche), 20 ans plus tard…
A la décharge des deux comédiens, le dialoguiste ne les a pas vraiment aidés en leur offrant des répliques aussi percutantes que : « j’ai peut-être perdu mes jambes mais pas ma tête ! » ou des joutes verbales développant un argumentaire implacable, exemple :
« On fait pas forcément ce qu’on veut dans la vie…
– Si. »
Au delà de ces extraits affligeants, l’ensemble du film manque vraiment de chair, de désir, d’enjeux dramatiques. On aurait préféré que Denis Dercourt joue sur l’excitation de la transgression, le double-jeu avec le mari, crée une tension, du suspense, en dépassant même la simple question du handicap… Mais non. Rien ! On se séduit et c’est fini.
Même le montage a de gros sabots. Ainsi, pour montrer qu’une connexion s’établit entre Marc et Florence, le cinéaste met en parallèle deux scènes : Florence joue un morceau au piano et dans le même temps, Marc écoute le même morceau avec le CD qu’elle lui a offert quelques heures plus tôt ! Si avec cela, on ne se doute pas qu’il va se passer quelque chose entre eux…
Voilà encore un film gâché malgré un bon sujet et un bon comédien mais traité de façon bien trop classique et attendu…
Petit aparté pour terminer : ces dernières années les multiplexes diversifient leur offre en diffusant des vidéos d’expositions, de concerts ou encore d’opéras. C’est une bonne chose. En revanche, dans un pays qui adore légiférer sur tout, il serait judicieux d’envisager une loi pour interdire la projection de téléfilms au cinéma !
La note d’Etats Critiques : 4/10
En équilibre.
Drame. France. Réal : Denis Dercourt. Avec : Albert Dupontel, Cécile de France, Marie Baümer.
Devenu paraplégique après un accident, un cascadeur équestre reçoit la visite de son agent d’assurance, chargée de son dossier d’indemnisation…
Sorti depuis le 15 avril 2015.
Mais pourquoi est-il si méchant ???!!! :p
J’aimeJ’aime