Marvel pioche (encore) dans son catalogue pour nous proposer (encore) les aventures d’un nouveau super héros avec (encore) beaucoup d’effets spéciaux (encore !)… Bref, rien de nouveau chez les justiciers costumés… Heureusement cette fois, les choses sont quelques peu différentes (comme le suggère le titre, hé hé !)…
Depuis plus de dix ans, les studios Marvel ont modernisé et imposé les supers-héros au cinéma avec de belles réussites (la trilogie Spiderman entre 2002 et 2007 et surtout les Avengers (2012), pour ne citer que les plus emblématiques) portées par l’ambition de créer un véritable univers étendu qui se développe et se répand de films en films.
Malheureusement, ce concept génial a subi l’érosion du temps en produisant des aventures numériques de moins en moins palpitantes ou intéressantes. On pense par exemple à Iron Man 3 (2013) ou aux Avengers 2 (2015). Citons également Ant-Man (2015), l’histoire de « l’homme fourmi » qui frisait le ridicule avec un second degré pas vraiment assumé.
Ainsi, on accueille sans enthousiasme l’arrivée d’un nouveau venu dans cette galaxie désormais omniprésente dans nos salles obscures.
Deadpool est probablement le super-héros, le moins super et le plus vulgaire de la bande dessinée. La bande-annonce esquisse un personnage lourdingue à l’humour évidemment très en dessous de la ceinture, une sorte d’ersatz de Jean-Marie Bigard en collant…
Pourtant, nos préjugés s’évanouissent dès le générique : il dévoile un spectaculaire accident de voiture et une bagarre qui sont comme « suspendus ». Dans cette ambiance violente très stylisée, les noms des comédiens et des membres de l’équipe technique défilent… En fait non ! Chacun est affublé d’un sobriquet peu flatteur et de préférence familier (le baltringue par exemple)…
Cette séquence est un résumé à elle seule de l’esprit du film. De l’ultra-violence (sang, membres brisés…) désamorcée par une ton résolument décalé (Deadpool tenant par le slip l’un des méchants).
Marvel s’amuse à casser ses propres codes : le super-héros gentil, serviteur de l’humanité, amoureux d’une jolie fille bien sage… Ici, que nenni ! Deadpool n’est pas un gentil, ses pouvoirs l’emmerdent, et l’ont détruit physiquement. Il utilise un langage fleuri, et sa copine (qui n’a rien de sage) est aussi barrée que lui !
L’humour n’est pas toujours subtil mais il faut bien avouer que ça fonctionne ! C’est bizarre de l’écrire dans ces lignes qui plaident (à leur petit niveau) pour une certaine qualité en matière de cinéma (sans être sectaires, il y a de bons blockbusters, hein !) mais on passe un vrai bon moment !
Cela tient sans conteste au fait que le personnage de Ryan Reynolds développe une vraie complicité avec le spectateur, parce qu’il lui raconte son histoire en s’adressant régulièrement directement à lui en regardant la caméra.
Ainsi, Marvel casse non seulement ses codes mais aussi les barrières entre son personnage et le spectateur (restez jusqu’à la fin du générique). Outre cette astuce détonante, on apprécie la construction non linéaire du récit qui alterne les flashbacks plus ou moins inattendus, ce qui dynamise l’intrigue, en créant un effet façon « comment en est-on arrivé là ? » tout à fait sympathique pour stimuler notre curiosité.
On sent que les acteurs se sont bien amusés sur le tournage. Ryan Reynolds se donne à fond pour exorciser le catastrophique Green Lantern (2011), il y fait d’ailleurs un petit clin d’œil amusant au début du film. À ses côtés, on retrouve avec plaisir l’actrice américano-brésilienne Morena Baccarin qui quitte un instant avec succès l’univers des séries télés (Homeland, V…).
Deadpool est une vraie bonne surprise qui nous réconcilie avec les films de supers héros en y insufflant un ton résolument différent et plus que bienvenu !
La note d’Etats Critiques : 8/10
Deadpool.
Science-fiction. Canada, Etats-Unis. Réal : Tim Miller. Avec :Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein .
Wade Wilson, un ancien membre des Forces Spéciales coule des jours heureux aux bras de la belle Vanessa. Un beau jour, il apprend qu’il est atteint d’un cancer… En désespoir de cause, il accepte de se soumettre à une expérimentation très éprouvante qui lui confère de nouvelles capacités. Il devient Deadpool, l’anti super héros et ça va faire mal !
Sortie depuis le 10 février 2016.
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