Après Take Shelter (2011) et Mud (2012), le cinéaste Jeff Nichols s’attaque à la science fiction avec Midnight Special, une course-poursuite dans la nuit pas comme les autres…
Jeff Nichols est considéré comme une valeur montante du cinéma américain. « On tient enfin l’héritier de Spielberg » claironne la citation d’une critique bien visible en haut de l’affiche du film. Rien que ça ?! Il est certain en tout cas que cette affirmation plus qu’élogieuse atteint son objectif en nous donnant singulièrement envie de nous rendre dans la salle de cinéma la plus proche.
Encore faut-il savoir de quel Spielberg parle-t-on ? Celui qui nous a fait rêver avec E.T. (1982) et la saga Indiana Jones (on parle de de la trilogie hein, pourquoi il y en a un autre ?!) ? ou celui qui nous a endormis avec des films dégoulinants de guimauve (Cheval de guerre (2011)) ou sentant la naphtaline comme Lincoln (2012) ?
Bonne nouvelle Midnight Special, vous vous en doutez, s’inspire clairement du Spielberg brillant réalisateur de science-fiction. Jeff Nichols se réapproprie les codes de son aîné en développant la même atmosphère mystérieuse et envoûtante portée par des notes de piano entêtantes.
Il y ajoute sa propre touche en y ajoutant une dimension beaucoup plus inquiétante : un père (Michael Shannon, photo) et son fils Alton (le jeune Jaeden Lieberher, très intense) sont traqués par des fanatiques religieux et surtout par les autorités qui rêvent de prendre le contrôle de ses étranges pouvoirs.
La première partie du film est délicieusement déroutante, on ne comprend pas grand-chose et c’est génial. Le danger plane à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur car Alton ne maîtrise pas forcément ses étonnantes capacités au point d’être un danger même pour ses proches… Les questions s’accumulent dans l’esprit du spectateur, on a hâte de connaître les réponses.
Sur le plan technique, les effets spéciaux sont sobres mais savamment dosés et utilisés. Les scènes de nuit nombreuses renforcent aussi le mystère…
Malheureusement, ses belles idées ont du mal à tenir sur la durée. Premier problème : Michael Shannon.
Après avoir été l’un des plus ridicules méchants de l’histoire des films de super-héros (le général Zod dans Man of Steel (2013)), il nous impose son regard vide, se révélant incapable d’incarner avec naturel ce père protecteur qu’il est censé être.
C’est dommage car l’angoisse permanente du père pour son enfant est la thématique centrale du film que Nichols tente vainement de sublimer en l’enrobant d’un arrière-plan de science-fiction.
Même Kirsten Dunst (l’inoubliable Mary Jane de Spiderman) semble se demander ce qu’elle fait là. Elle passe complétement à travers son rôle.
Le danger qu’on ressentait au début s’estompe assez vite face à la puissance d’Alton et à des fédéraux pas bien méchants (Sorti de Star Wars, Adam Driver est franchement pathétique).
Le film s’achève sans qu ‘on ait toutes les réponses. Alors bien sûr, les puristes diront que c’est bien de laisser les choses en suspens (Inception (2010), par exemple). Peut-être. Mais c’est moins pertinent quand l’intrigue est trop longue et qu’elle manque de suspense.
Au final, Midnight Special fourmille de bonnes idées mais reste effectivement bien trop mou pour occuper une place « spéciale » dans notre esprit. La filiation avec Spielberg est évidente voire criarde mais il lui manque cette part de rêve qui nous emporte souvent quand on regarde les films de science fiction du père d’E.T.
La note d’Etats Critiques : 6,5/10
Midnight Special.
Science-fiction. Etats-Unis. Réal : Jeff Nichols. Avec : Michael Shannon, Jaeden Lieberher, Kirsten Dunst.
La fuite d’un père et son fils face à des fanatiques religieux et au FBI qui convoitent les pouvoirs extraordinaires de l’enfant…
Sortie depuis le 16 mars 2016.