On profite de la rentrée qui s’approche pour revenir à tête reposée sur le dernier Tarantino.
Cela fait des mois qu’on nous allèche, que ce soit avec des images du tournage ou des bandes-annonces en veux-tu en voilà, sur tous les supports possibles…
Pour appuyer cette compagne promotionnelle pour le moins agressive, le réalisateur de Pulp Fiction (1994) s’amuse à en rajouter une couche, histoire de bien jouer avec nos nerfs de cinéphiles en déclarant le plus naturellement du monde : « si Once Upon a Time in Hollywood est très bien reçu, je n’irai peut-être pas jusqu’à dix [films]. Peut-être que je vais m’arrêter maintenant ! On verra ». (premiere.fr).
Une déclaration difficile à croire maintenant qu’on sait qu’il pourrait réaliser un film Star Trek. Mais laissons-là, la communication et parlons cinéma (on est quand même là pour ça !), qu’en est-il de ce vrai faux dernier film ?
Pour commencer, c’est visuellement vraiment impressionnant ! On est véritablement immergés à la fin des années 60, ou du moins, dans la vision que le cinéaste en a : aucune voiture, aucun décor, aucun costume n’est négligé. On pousse le souci du détail jusqu’aux conserves de viande que Brad Pitt donne à son chien.
L’acteur de Mr & Mrs Smith (2005) s’éclate vraiment avec son collègue DiCaprio, c’est un vrai plaisir de les voir évoluer comme deux poissons dans l’eau dans le cadre que Tarantino leur propose.
DiCaprio en particulier est extrêmement convaincant (comme toujours cela dit) dans son rôle d’acteur un peu has-been qui tente de maintenir à flots une carrière sur le déclin…
Techniquement c’est également très abouti, on pense notamment à ce magnifique travelling arrière qui permet au spectateur de s’asseoir sur la banquette de la voiture des deux héros. On aime aussi ce mouvement de grue ascendant qui suit la voiture et dévoile un drive-in.
On retrouve également avec plaisir Tarantino le dialoguiste, notamment lors d’un échange savoureux entre la très jeune Trudi (Julia Butters) et Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) lors d’une pause sur le tournage du film dans lequel ils jouent ensemble.
Oui mais voilà… Même si ce dialogue est savoureux, il apparaît moins pertinent et ciselé que d’habitude… À l’image du film en vérité.
L’intrigue ne démarre jamais vraiment. On peut résumer le long-métrage en deux scènes :
La première : Brad Pitt qui nourrit son chien. La viande met un temps infini à sortir de la boite de conserve pour finalement aller s’écraser lamentablement dans la gamelle, belle métaphore du déroulé du film…
La seconde scène emblématique du long-métrage est la déambulation dans la rue de Sharon Tate (Margot Robbie) qui hésite à aller voir un film dans lequel elle est à l’affiche au cinéma.
Pourquoi ? Parce qu’au final ce nouveau bébé de Tarantino n’est rien d’autre qu’une jolie promenade dans de beaux décors et ne raconte rien de plus de véritablement intéressant…
Même la scène « tarantinesque », qui arrive à un moment bien sûr, est faite à minima… Presque à contrecœur…
Cela dit, ce n’est pas plus mal tant celle des 8 salopards (2015) était dans l’excès, le trop plein et l’exagération.
On regrette aussi que des personnages soit peu caractérisés : cela aurait été par exemple très intéressant de voir Cliff Booth (Brad Pitt) exercer véritablement son métier de cascadeur. Sharon Tate également ne fait que se promener, comme on l’a bien vu, et c’est vraiment dommage…
Au final, ce neuvième film, en dépit d’indéniables qualités, n’est pas le chef d’oeuvre proclamé par nombre titres de presse papiers ou web et reste une vraie déception qui pousse, en plus, le vice à s’étirer en longueur…
La note d’Etats Critiques : 5/10