Comme promis, on reparle de La cordillère des songes, en salles ce mercredi !
Quatre ans après le bouton de nacre (2015), Patricio Guzmán poursuit son cycle documentaire sur son pays entre ode à la Nature et Histoire politique.
Place maintenant à la chaîne montagneuse emblématique du Chili, la cordillère des Andes.
Le cinéaste nous convie à une déambulation aérienne magnifique et poétique au plus près de ce géant de pierre.
Il partage avec nous d’abord l’indifférence qu’il éprouvait pour lui dans sa jeunesse avant que, les années passants et l’éloignement (il a fui la dictature) ne lui fassent réaliser l’importance de ce paysage formidable dans l’inconscient collectif chilien : c’est le témoin inébranlable des turpitudes et soubresauts vécus par le pays tout au long de l’Histoire…
On pense bien évidemment en premier lieu à la dictature du Général Pinochet…
À partir de là, le film bascule et passe d’une ode à la nature à une ode au travail du réalisateur Pablo Salas, un des rares à être resté au pays durant le règne du Général.
Depuis le début des années 80, il s’astreint à filmer chaque manifestation, chaque mouvement social important pour en conserver la mémoire pour les générations futures et empêcher l’oubli.
Ses images montrent la répression menée par la dictature et encore, une toute petite partie, comme il explique lui-même… Mais elles jouent un rôle fondamental car un pays qui oublie son passé n’a pas d’avenir…
Dommage cependant que la réalité lourde et pesante montrée dans le film prenne un peu trop le pas sur la poésie du début qui offrait une approche belle et rare du genre documentaire.
Mais c’est sans doute la preuve que pour Patricio Guzmán, la nature profonde de l’Homme est politique…
On regrette enfin les longueurs qui finissent de plomber ce bel exercice poétique et nous empêche de l’apprécier totalement.
Ce film est au final surtout intéressant pour le gros plan qu’il fait sur le travail formidable de Pablo Salas (on le saura !…).
La note d’Etats Critiques : 5/10