Deux regards qui se croisent pour le meilleur.

Ce samedi après-midi à 18 h 15, le festival propose de découvrir le parcours d’un photographe de presse méconnu du grand public mais dont le travail a bercé notre inconscient collectif : Gilles Caron, disparu durant un reportage au Cambodge en 1970.

La célèbre photo de Daniel Cohn-Bendit qui regarde avec amusement un CRS en mai 68, c’est lui.

Cohn-Bendit-Caron
source : https://mostbeautifulpicture.com

La réalisatrice Mariana Otero (sœur de l’actrice Isabel Otero, connue pour son rôle dans la série de TF1, Diane, femme flic (2003 – 2010)) lui consacre son nouveau documentaire Histoire d’un regard.

C’est absolument passionnant, pour ne pas dire brillant !

Rien que pour la séquence où elle décortique (au travers de ses photos)  le cheminement de Gilles Caron dans la zone qui l’a amené à réussir le cliché iconique de Cohn-Bendit, ce film vaut le détour.

On a vraiment l’impression de voir l’action se dérouler en temps réel, plan par plan.

Elle pose son regard de cinéaste, nous fait profiter de son sens du cadre pour nous faire percevoir le talent inné que Gilles Caron possédait pour la photographie.

À cinquante ans de distance, le regard de ces deux « faiseurs d’images » se croise et nous prouve magnifiquement que l’image est un langage en soi.

Elle révèle la capacité du reporter-photographe à se trouver au bon endroit au bon moment pour trouver le bon angle, que ce soit pour couvrir des événements politiques ou mondains (concerts), mais aussi des instants d’Histoire avec la prise de la vieille ville de Jérusalem par l’armée israélienne en 1967.

On comprend, grâce à l’analyse de la cinéaste, qu’une bonne photo impose un parcours mais aussi un véritable ressenti sur les événements que l’on couvre pour parvenir à saisir l’instant qui compte, celui qui parlera tout de suite au lecteur.

Mais derrière le photographe, Mariana Otero esquisse l’homme, très conscient du « pouvoir des images » et donc de sa grande responsabilité en la matière.

On retrouve là, à trente ans d’écart, les mêmes problématiques traversées par Paul Marchand à Sarajevo.

Enfin, Mariana Otero choisit de s’adresser directement à Gilles Caron tout au long du documentaire, ce qui surprend au début, mais qui s’avère extrêmement judicieux au final, car cela lui redonne une présence, une existence, sans doute le plus bel hommage qui soit.

En nous offrant son regard sur le travail de Gilles Caron, la réalisatrice nous permet d’en apprécier toute la pertinence, tout en nous faisant réaliser à quel point un tel talent manque aujourd’hui pour couvrir les conflits qui rongent encore le monde…

La projection sera suivie d’un débat en présence de la cinéaste.

Gilles-Caron
Gilles Caron (© Fondation Gilles Caron).

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