Hazanavicius rend hommage à l’imaginaire.

Cette semaine, Michel Hazanavicius, réalisateur oscarisé pour The Artist (2011), nous embarque pour un très joli voyage au cœur de l’imaginaire avec Le Prince Oublié.

Dès les premières minutes, on sent que le film cherche une originalité visuelle : le générique « réagit » lorsque Djibi (Omar Sy) ferme les portières des véhicules qu’il propose à la location pour tester un nouveau bruitage, en prévision d’une histoire future à raconter à sa petite fille.

En effet, son plaisir, chaque soir, est de narrer à Sofia, son enfant, les aventures du Prince pour sauver la jeune princesse.

Et le meilleur c’est qu’on profite aussi de ces aventures.

Les effets spéciaux sont plutôt réussis, à part quelques fonds verts un peu voyants, on croit vraiment à cet univers chatoyant dans lequel Le Prince règne en Maître mais sauve surtout la Princesse, soir après soir, des griffes du terrible Pritprout (François Damiens), méchant plus subtil qu’il n’y paraît.

Mais tout change lorsque Sofia entre au collège et rencontre le beau Max.

Du jour au lendemain, Le Prince n’a plus sa place dans le monde imaginaire et va devoir lutter pour ne pas sombrer dans les oubliettes, ne pas devenir « Le Prince Oublié »…

Hazanavicius nous offre une jolie fable sur le passage de l’enfance à l’adolescence ou plutôt à la pré-adolescence.

Une thématique très classique mais développée ici de manière très originale.

Comme nous l’explique son réalisateur, que nous avons eu la chance de rencontrer avec Bérénice Bejo, « l’idée est de rendre spectaculaire, épique, sous forme d’aventures, des conflits qui sont plus intimes, qui sont plus personnels, qui sont plus de l’ordre de la famille ».

Et ça marche ! On se laisse très vite embarqués !

Les adultes y trouvent aussi leur compte avec le point de vue du père, qui a toutes  les peines du monde à laisser son enfant grandir.

La romance qu’il développe doucement avec la voisine (Bérénice Bejo), l’aide progressivement à passer ce cap ; une évolution bien menée mais là encore un peu trop classique.

Non, le point fort c’est vraiment ce monde imaginaire qui se crée sous nos yeux et dont on voit même les coulisses ! C’est un véritable studio de cinéma dans lequel tout paraît possible.

Dès lors, peut-on voir les fameuses oubliettes comme une métaphore du métier de comédien ?

Bérénice Béjo nuance fortement cette vision : « Pas que. On peut penser aux comédiens mais qu’est-ce qu’on fait des gens qui partent à la retraite, au chômage ?… Toutes ces personnes qui ne sont plus dans la vie active. Pour moi, cela questionne pas mal de choses, pas que les acteurs ».

De son côté, Michel Hazanaivicus reconnaît que « ce monde imaginaire c’est le monde des histoires, c’est vrai qu’il a une espèce d’écho à un studio de cinéma, (….) de fait, ces personnages-là ont une petite saveur de comédiens ».

Mais on retient surtout dans ce film l’hommage vibrant rendu à l’imaginaire.

« On dit tellement [que] le monde va mal, va à sa perte, le réchauffement climatique etc.  Peut être qu’on a besoin de raconter des histoires à nos enfants, de leur dire de continuer de rêver, qu’on ne va pas forcément à la fin du monde, qu’on peut continuer à inventer des choses et qu’en croyant, en inventant, on va peut-être trouver des solutions », conclut joliment Bérénice Bejo.

Le Prince Oublié est effectivement un merveilleux appel au rêve et à la créativité, en dépit de nombreux poncifs scénaristiques.

La note d’Etats Critiques : 7/10

Merci à Michel Hazanavicius et à Bérénice Bejo pour leur disponibilité.

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