Aujourd’hui, on évoque le premier film du comédien Mathias Mlekuz, connu notamment pour ses rôles dans la série policière historique Nicolas Le Floc’h (2008-2018), et surtout pour la série de SF très réussie, Missions, diffusée sur la chaîne OCS dont la saison 3 est actuellement en cours d’écriture.
Il passe donc pour la première fois derrière la caméra avec Mine de rien, qui raconte l’itinéraire d’un chômeur de longue durée, Arnault, (Arnaud Ducret) qui décide de transformer la mine désaffectée de son village en parc d’attraction dans le Nord.
Mais avant de parler davantage du film, on a une question qui nous brûle les lèvres : c’est comment de réaliser un premier film ?
« C’est quelque chose d’extraordinaire ! », Nous confie le réalisateur que nous avons eu la chance de rencontrer avec ses comédiens Philippe Rebbot et Marianne Garcia à Bordeaux. « J’ai d’abord eu envie de raconter une histoire (…) et dès le début j’avais envie de la réaliser, ça m’a fait un bien fou de passer de l’autre côté, ça a été une chance inouïe, un vrai bonheur, si je peux continuer dans ce métier là, j’en serais ravi ».
L’aventure est d’autant plus belle, que le film a été difficile à financer comme Mathias Mlekuz nous le confirme : « On a eu beaucoup de mal à le monter, oui. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas si c’était le fait qu’on parle de comédie sociale (…), moi je parle de conte social (…).
On nous disait souvent que le scénario était bien, bon avec quelques petites remarques, mais à chaque fois qu’on allait taper aux portes, on nous disait non.
On a quand même mis six ans à trouver quelqu’un qui nous dise oui. C’est David Kessler [malheureusement décédé le 3 février dernier] de chez Orange Studios [qui l’a fait]. Qu’il en soit remercié ».
Qu’en est-il du film proprement dit ? Eh bien, ce n’est pas terrible du tout malheureusement…
L’intrigue est convenue, tout est affreusement prévisible : que du vu et revu !
On a le père divorcé au chômage (Arnaud Ducret), méprisé par son ex-femme et ses deux enfants qui préfèrent même leur beau-père à lui, la meilleure amie Stella, (jouée par Mélanie Bernier) qui aime le héros en secret, et même le copain d’enfance insupportable (Philippe Rebbot) qui ne pense qu’à coucher avec sa maîtresse infirmière… Ce qui occasionne un « running gag » franchement pénible à la longue…
Le scénario brode avec tous ses éléments, alors qu’on aurait préféré voir plus longuement le projet fou de parc d’attraction prendre forme… Au lieu de ça, on met en scène le conflit avec les autorités locales, les propositions de reconversion bidons… Bref, rien de nouveau à l’abri des corons, on s’ennuie ferme…
La réalisation aussi manque de créativité, hormis ce très beau plan durant lequel Arnault répand les cendres de son père au bord de la mer… Après, c’est un premier film, attention, il faut être indulgent.
On retient quand même les comédiennes, parfaites, chacune dans leur registre : Mélanie Bernier solaire, Hélène Vincent, touchante en mère atteinte d’Alzheimer, qui fait passer beaucoup de choses en peu de mots et enfin Marianne Garcia, très chaleureuse !
Mais la surprise, c’est surtout Arnaud Ducret qui prouve qu’il peut être plus subtil que dans Parents : mode d’emploi.
Il parvient à être touchant. Mathias Mlekuz acquiesce : « Je suis un grand fan de Ducret et là il a fait une très grande performance : il est hyper touchant et en même temps il est imposant, il a une forme de présence, une puissance, j’adore ce qu’il a fait dans Mine de Rien« .
Son pote à l’écran, Philippe Rebbot aime aussi « ce petit œil fragile qu’il a, bon enfant. C’est vrai. Je n’avais pas cette idée avant de le voir de près ».
On devine qu’il y avait une très bonne ambiance sur le plateau malgré un tournage express (5 semaines !), l’équipe était top selon Marianne Garcia : « Ça a été une sacrée équipe, plein de générosité.
Moi, ils m’ont coucooné, ils continuent encore, que ce soit Mathias qui venait, parfois, en me disant : « ça va aller pour les textes ? (…) sinon je te le change ! (sic) ».
Ça a été des moments de complicité, des moments d’attachement avec les acteurs de complément, y’avait pas de figuration, on était tous à la même enseigne, on mangeait ensemble, je ramenais des gâteaux, ça a été une communauté de vie (…) !
La communauté de vie s’est retrouvée grâce à tous ces mineurs qui tournaient avec nous ! Ça a été une grande solidarité ! (…) [Ils] nous ont appris le vivre ensemble ! ».
Le film cherche en effet, à défendre l’idée qu’on peut s’en sortir ensemble, en ayant des idées justement. De bonnes intentions louables mais insuffisantes pour que ce soit vraiment marquant…
Merci à Mathias Mlekuz, Marianne Garcia et Philippe Rebbot pour leur gentillesse et leur disponibilité.
La note d’Etats Critiques : 4,5/10