Cinq ans après son excellent et surprenant Guy (2018), biographie fictive et brillante d’une ancienne gloire imaginaire des années, Alex Lutz, le comédien et humoriste, revient à la réalisation avec Une Nuit, dans les salles depuis une semaine.
Dans ce nouveau projet, on suit un homme et une femme qui s’engueulent, s’aiment et discutent à bâtons rompus dans la nuit parisienne…
Lui, c’est Alex Lutz.
Elle, c’est la merveilleuse et charismatique Karin Viard.
Une fois encore, elle fait preuve d’une grande justesse, son alchimie avec Lutz est évidente, et lui-même la renforce dans sa réalisation en utilisant des plans serrés et des gros plans pour les isoler de leur environnement.
Les personnages sont dans leur bulle, le temps d’une nuit, les autres n’existent pas (ou si peu…).
La nuit tous les chats sont gris dit-on, mais surtout l’atmosphère change… L’obscurité encourage à la confidence et parfois aux nouvelles expériences… ou tout simplement aux rapprochements…
Aymeric et Nathalie se rapprochent très vite et discutent bientôt à bâtons rompus… c’est bien écrit, jusque dans les hésitations de l’argumentation et amusant à suivre… au début !
Parce qu’à la longue, cette charmante discussion part bien vite sur les poncifs à propos du couple et de la vie en général…
La déambulation dans la nuit parisienne devient progressivement moins intéressante, les échanges étant dévitalisés par une philosophie de comptoir, entendue mille fois, dans mille comédies romantiques…
L’alchimie, aussi bonne soit-elle, entre les deux comédiens ne suffit plus à impliquer le spectateur, bientôt envahi de soupirs, d’abord ennuyés, puis agacés par les vrais faux au revoir que les deux protagonistes se promettent…
On ne peut même pas profiter de « Paris by night », Alex Lutz refusant de prendre de la hauteur avec sa caméra pour nous faire profiter de la capitale revêtue de ses habits de lumière…
Sa mise en scène, à hauteur d’homme, selon la formule consacrée que j’aime utiliser régulièrement, même si elle est justifiée, de part ses choix narratifs, finit par être un peu étouffante…
On aurait aimé profiter davantage du côté déambulatoire de cette fameuse nuit, découvrir peut-être une « traversée de Paris » amoureuse…
En vérité, le film aurait pu entièrement se dérouler aux Jardins du Luxembourg que cela n’aurait rien changé !
Bon, j’exagère un peu… comme l’a dit plus haut, la nuit est une source de nouvelles expériences, ici en l’occurrence, dans un photomaton et dans un club bien particulier…
Dans ce club, Aymeric a une prise de conscience, et cette prise de conscience prépare un twist, une surprise plutôt réussie, mais c’est trop peu sur 1 h 30…
C’est frustrant car on sent le potentiel dans de nombreuses séquences…
On devine l’envie de parler différemment du couple mais le film ne fait qu' »intellectualiser » cette thématique et franchement, à la longue, les échanges se dévitalisent un peu en conséquence…
La surprise finale a cependant le mérite de donner envie de revoir le film, à l’aune de cette surprise mais c’est tout…
On pense rapidement à Un homme et une femme (1966) de Claude Lelouch et la comparaison fait mal… Parce qu’Alex Lutz échoue là où son prédécesseur réussit : saisir et nous faire ressentir l’essence même de la passion amoureuse sans se perdre dans des verbiages inutiles…
Au final, cette nuit est sympathique mais trop classique et ne va pas au bout de ses intentions… Déception.
Sources :
Image d’en-tête : © Marie-Camille Orlando
Site internet
allocine.fr

bonjour Jérôme
je te trouve un brin sévère avec ce film. on devine assez rapidement , en milieu de film (les essoufflements, les similitudes entre les 2 vies des personnages )qu’il s’agit d’un vrai couple et qu’il y a urgence pour eux à se parler . Et là comme tu dis le film se regarde autrement. J’ai trouvé qu’il s’agissait d’un joli film , avec 2 acteurs formidables, et la façon de filmer m’a fait penser aux premiers films de la nouvelle vague. Bref je suis moins sévère que toi. Karine Viard est époustouflante, je te le concède, peut-être parce qu’elle est coscénariste, c’est un de ses meilleurs rôles. le dernier conseil de Dominique : si tu le peux, ne rate pas un polar noir (noir foncé) : Limbo l’ADN du film se trouve chez le David Fincher de Seven ou chez le Kim Jee- Woon de J’ai rencontré le diable, mâtiné d’un bon faiseur à la Don Siegel. Donc rien que du bon pour un polar qui, filmé dans un noir et blanc sublime, semble se passer dans les bas-fonds d’un Gotham à la Nolan ou à la Sin city. les codes du genre sont respectés : le couple de flics (jeune recrue zélée et vieux flic borderline) la jeune délinquante qui veut sauver sa pauvre peau à tout prix, le serial killer bien psycho. Petite variante le vieux flic (dont la femme est en état végétatif après un accident ) ne veut pas se venger du tueur mais de la jeune délinquante. Celle-ci, increvable, semble avoir inventé le concept de survie. tous les acteurs sont très bons, en particulier la jeune héroïne. ce film violent, poisseux, sauvage, est magnifié par une réalisation en noir et blanc excellente; la photographie, la mise en lumière font que parfois on semble être dans une lumière gris métallisé. Le réalisateur ne perd pas une seconde le spectateur. Bref une belle petite réussite. le réalisateur Choi Seang a deux films derrière lui, je vais les chercher, si je peux en VOD. bon dimanche à toi. et « see you soon « comme on dit dans les « movies «
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Bonjour Dominique, merci d’avoir partager ton avis très intéressant même si on n’est pas d’accord ! 😉
Tu m’as bien donné envie de voir Limbo.
Au plaisir de te lire bientôt !
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