L’effervescence du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux est désormais derrière nous, il est temps de faire un gros plan sur l’une de mes plus grosses attentes françaises de l’année !
Presque dix ans…
C’est ce qu’il aura fallu attendre pour découvrir le nouveau film de Thomas Cailley (qui était d’ailleurs présent au FIFIB !), dix ans après, son premier film Les Combattants, véritable coup de génie, qui prenait déjà corps dans les Landes et était porté par la plus brillante actrice de sa génération, Adèle Haenel !

J’en parlerais peut-être un jour, dans la rubrique La Vidéothèque Idéale, dites-moi si ça vous intéresse, dans les commentaires ou sur les réseaux.
Pour l’heure, parlons donc de l’actualité chaude, à savoir de ce second film signé Thomas Cailley, forcément très attendu donc en ce qui me concerne (mais je ne suis pas le seul !), après la réussite de son premier long.
Il y a toujours un peu de crainte dans ces cas-là, tellement on redoute de ne pas retrouver la magie de la première fois… et il faut bien le dire, cette crainte se vérifie souvent…
Tout simplement, parce qu’il n’y a plus la saveur de la première fois, il n’y a plus l’enthousiasme des débuts, il n’y a plus le magnifique effet de surprise du premier film qu’on n’attend pas, etc…
Bon, vous l’avez sûrement déjà compris à la lecture du titre de cet article, ce cas de figure récurrent ne s’applique pas pour Le Règne Animal !
Thomas Cailley parvient, en effet, à surprendre, grâce à un postulat fou qui nous accroche immédiatement : l’Humanité doit faire face à d’étranges nouvelles mutations inexpliquées qui transforment progressivement les personnes touchées en animaux, forçant les autorités à les isoler au sein de centres spécialisés…
C’est la cas de la femme de François (Romain Duris) qui plaque tout pour la suivre dans le Sud-Ouest, en embarquant avec lui son fils adolescent quelque peu récalcitrant (Paul Kircher)…
Bientôt, un événement survient dans la vie du jeune homme qui va totalement bouleverser la perception qu’il a de cette réalité déconcertante… il va doucement se rapprocher d’un mystérieux homme-oiseau, brillamment interprété par l’acteur Tom Mercier !
Ce dernier a une formation de danseur qui lui permet de concrétiser toute l’animalité qui habite son personnage dans les espaces naturels landais encore préservés : il se meut admirablement bien, réussissant à incarner, à la fois, la menace et la grâce…
Sa performance magnifique amène une réflexion subtile sur notre rapport au corps sur l’identité, et pose la question de notre réaction face à la différence, à l’altérité totale…
L’interprétation magistrale de Tom Mercier est magnifiée par les effets spéciaux.
Pourtant, de prime abord, on pourrait penser qu’ils ne sont pas vraiment réussis, voire pas terminés… mais c’est logique ! C’est au service de l’histoire !
De fait, les personnages qui mutent, sont encore au début de leurs mutations, il est donc normal que les effets spéciaux donnent cette impression de ne « pas être finis ».
Qui plus est, ils sont plus complexes qu’il n’y paraît, ainsi que le révèle le réalisateur, Thomas Cailley :
« Nous avons hybridé au maximum les techniques car la crédibilité d’un effet dépend beaucoup de sa constante ‘mutation’ au sein même de la séquence.
Si on utilise toujours le même procédé, l’œil du spectateur le déchiffre en quelques secondes.
Ainsi, autour de l’acteur Tom Mercier, le personnage de Fix se déploie avec du [maquillage] (prothèses, peau), de l’animatronique, des effets plateaux (doublures, câbles), des effets numériques (3D) …
Le mix entre ces différentes techniques, lui, est différent à chaque plan. »
N’oublions surtout pas la prestation, tout aussi réussie, de Paul Kircher (déjà éblouissant chez Christophe Honoré dans Le Lycéen (2022), j’en parle ici).
Cette fois, le fils des comédiens Jérôme Kircher et Irène Jacob, déploie un mélange parfait de fragilité et de puissance… il fait partie de ces rares acteurs capables, non seulement de jouer leurs personnages, mais également de les ressentir…
Seul petit bémol à reprocher, peut-être, à ce grand moment de cinéma : des personnages secondaires, comme la gendarme compréhensive (Adèle Exarchopoulos), malheureusement trop sous exploités…
Que ce petit détail insignifiant ne vous prive pas de découvrir ce film follement ambitieux, grisant et envoûtant !
On est tout près du chef d’œuvre !
Sources :
Image d’en-tête : © 2023 NORD-OUEST FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 2 CINÉMA – ARTÉMIS PRODUCTIONS
Interview Thomas Cailley
Secrets de tournage, allocine.fr (lien)

3 commentaires