« Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot » (2018)

À l’occasion de la 37ème édition du Téléthon, j’ai envie de fouiller à nouveau dans La Vidéothèque Idéale pour vous parler du handicap au cinéma (on déjà évoqué Intouchables (2011), au moment de sa sortie), au travers du méconnu (mais excellent !) film de Gus Van Sant, Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot, sorti sur nos écrans, il y a cinq ans déjà.

On y fait la connaissance de John Callahan, un dessinateur de presse, devenu tétraplégique après un très grave accident de voiture.

Ce projet, dont le titre pourrait se traduire par : « ne vous inquiétez pas, il n’ira pas loin à pied ! », s’inspire de l’autobiographie de l’intéressé mais aussi d’un de ses célèbres dessins (voir plus bas).

Gus Van Sant souhaitait porter la vie de Callahan à l’écran, dès 1997, avec le concours du légendaire et regretté Robin Williams.

Finalement, cette envie ne se concrétisera que vingt et un an plus tard, avec Joaquin Phoenix, dans le rôle titre.

L’acteur s’est préparé minutieusement pour incarner son personnage, en lisant attentivement le scénario en compagnie du réalisateur, puis l’autobiographie de John Callahan.

Il a également écouté les entretiens que Gus Van Sant a mené au domicile du dessinateur.

Le point d’orgue de la préparation de Joaquin Phoenix fut sa rencontre avec des patients du centre Rancho Los Amigos de Downey en Californie, là où John Callahan a été soigné après son accident.

Les échanges n’étaient pas forcément simples, au départ, pour le comédien : « C’est toujours assez délicat de s’immiscer dans la vie d’inconnus lorsqu’on fait des recherches pour un film confie-t-il, mais la plupart de ceux que j’ai rencontrés étaient handicapés depuis quinze ou vingt ans et souhaitaient parler de leur expérience. Ils m’ont laissé leur poser toutes les questions que je voulais. »

Il découle de cette préparation minutieuse, une prestation absolument parfaite : Joaquin Phoenix est John Callahan ! Particulièrement, dans sa manière de dessiner, en dépit de ses mains inertes.

Il l’incarne dans toutes ses dimensions : son franc-parler, sa manière de foncer comme personne aux commandes de son fauteuil roulant électrique, au point d’assurer lui-même, une cascade impressionnante (qu’on aperçoit dans la bande annonce ci-dessous) !

Tom Callahan, le propre frère cadet de John, a été bluffé par la performance de l’acteur, il raconte : « c’était époustouflant de voir Joaquin, il se comportait exactement comme John.

Je suis allé le trouver ensuite, pour lui dire que j’avais eu littéralement l’impression de revoir mon frère. C’était à la fois très excitant et bouleversant pour nous tous. »

Le film montre bien également combien il peut être parfois pesant d’avoir besoin d’assistance pour tous les actes de la vie quotidienne (sans trop en faire, heureusement), mais aussi combien les auxiliaires de vie sont importantes dans le quotidien des personnes handicapées.

Ce projet impressionne surtout pour son montage complexe mais très fluide : il mêle adroitement le récit de Callahan avec différents moments de son quotidien, de son passé, et même de ses dessins, qui prennent vie et font écho à son vécu.

Ce savant mélange permet d’éviter l’écueil d’un déroulé trop linéaire, souvent fréquent dans les films biographiques, tout en développant l’attachement du spectateur pour ce personnage hors du commun, parce qu’il partage ses souffrances, ses difficultés, mais aussi ses joies, ses amours…

La belle et délicate Annu (Rooney Mara) déboule soudain dans la vie dramatiquement bouleversée de John et lui redonne merveilleusement envie d’avancer, en dépit d’obstacles qui paraissent de prime abord, totalement insurmontables pour lui…

L’alchimie entre Rooney Mara et Joaquin Phoenix (ensembles à la ville) est palpable et rend un service fantastique à leurs personnages respectifs.

Joaquin Phoenix et Rooney Mara (© 2018 Amazon Content Services LLC. / Scott Patrick Green)

N’oublions pas non plus, les seconds rôles, qui apportent beaucoup de couleurs au film (Beth Dito se révèle excellente actrice, en plus d’être une fantastique chanteuse) et tiennent tête au héros quand il le faut.

Jonah Hill surprend aussi en leader de groupe de parole iconoclaste et très touchant.

Ne ratez pas ces tranches de vie tragiques, mais surtout pleines d’humour et de tendresse, diablement bien menées par un grand cinéaste (Gus Van Sant) et mises en musique par le génie Danny Elfman, dont les airs « jazzy » illustrent pour le mieux l’autodérision incomparable de l’étonnant John Callahan qui nous a malheureusement quittés en 2010.

Liens de vidéo à la demande ici

Acheter en blu-ray sur la Fnac

Metropolitan Films/YouTube

Sources :

Image d’en-tête : © 2018 Amazon Content Services LLC. / Scott Patrick Green

Site spécialisé :

Secrets de tournages, allocine.fr (lien)

Article encyclopédique :

John Callahan (cartonist), en.wikipedia.org (lien)

Laisser un commentaire