Avec François Cluzet, Omar Sy, Audrey Fleurot
Genre : Comédie
Sortie le 2 novembre 2011
L’histoire : Philippe un riche aristocrate parisien devient tétraplégique à la suite d’un accident de parapente. Totalement dépendant, il a besoin d’aide pour tous les actes de la vie quotidienne. Ainsi, contre l’avis de son entourage, il engage Driss, jeune de banlieue tout juste sorti de prison : un profil pour le moins atypique pour le job d’auxiliaire de vie. Or, petit à petit, les préjugés mutuels sont dépassés et les deux hommes développent, nourrissent une amitié qui les rend… Intouchables.
La critique : Souvent les films ayant pour sujet principal le handicap sont l’occasion pour un réalisateur de jouer sur l’émotion, de sortir les violons et, de rappeler aux spectateurs combien la vie peut parfois se montrer injuste voire cruelle. On pense notamment au film Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel avec Mathieu Amalric sorti en 2007. Magnifiquement réalisé mais également magnifiquement… Déprimant !
Or, les réalisateurs d’Intouchables ont choisi de prendre le contre-pied de leurs prédécesseurs et de se débarrasser des carcans mélodramatiques qui semblaient jusque là incontournables lorsqu’il s’agissait de faire rimer handicap et cinéma. Ici, rien de tout cela ! Olivier Nakache et Eric Toledano nous offre une vraie comédie et c’est un vrai bonheur ! Plus de pathos, on ose (enfin) rire du handicap, on le dédramatise avec quelques répliques pleines d’humour comme lorsque Driss, provocateur, lance à Philippe qui lui demande une friandise : « pas de bras, pas de chocolat !».
On aime le parallèle entre les deux protagonistes qui, on peut le dire, partagent un handicap : physique pour Philippe et « social » pour Driss qui souffre de l’image négative associée aux banlieues. On aime aussi le choc des deux mondes qui amènent à la rencontre improbable entre Vivaldi et Earth, Wind and Fire. Deux cultures s’opposent avant de s’enrichir mutuellement.
Cette réussite doit aussi beaucoup à la performance des acteurs principaux qui excellent chacun dans leur domaine : Omar Sy respire la joie de vivre et l’impertinence délicieuse. François Cluzet est bluffant dans le peu de gestes que son personnage est en capacité de réaliser. Plus discrète, la belle Audrey Fleurot apporte une touche de glamour notamment grâce au jeu de séduction que se livrent son personnage et celui d’Omar Sy. Petit jeu qui connaît d’ailleurs une issue inattendue… Toujours sur le plan formel, la construction du film s’articulant autour d’un flashback est bien pensée et permet de « boucler la boucle » sans que le spectateur reste sur sa faim. L’émotion n’est pas totalement absente mais justement dosée.
Seul bémol peut-être, l’image de la banlieue qui reste encore un peu trop clichée : en effet, l’idée du petit frère de Driss qui flirte avec la délinquance paraît un peu facile et sans surprise.
Malgré tout, ce film est une vraie réussite qui sort des sentiers battus et qui apporte une fraîcheur salvatrice avec un angle d’attaque que l’on voit (trop) peu au cinéma. La prochaine étape sera sans doute de mettre en scène un véritable acteur handicapé…
La note d’Etats Critiques : 8,5/10
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