L’Amour pas tellement ouf…

C’est sans doute l’une des grosses productions françaises les plus attendues de l’année (avec Le Comte de Monte-Cristo) et il attire les foules en salles (plus de 3 000 000 de spectateurs en 3 semaines seulement !) !

Gilles Lellouche a donc eu raison de s’accrocher à ce beau projet, très ambitieux depuis de nombreuses années !

Tout a commencé avec… Benoît Poelvoorde ! L’acteur belge a en effet offert le roman, L’amour ouf de Neville Thomson, à Gilles Lellouche, en lui conseillant de l’adapter au cinéma.

Il en a fait une grande fresque, romantique et violente au long cours (2 h 41) !

La première chose qui frappe, et qui marque en découvrant le film et sa grande beauté visuelle : Gilles Lellouche utilise ce qu’on appelle des plans extrêmes (long gros plan sur une arme par exemple), des plans contre-plongées pour donner de l’importance à ses personnages, d’autres sont encore extrêmement bien composé avec une lumière extrêmement bien travaillé, tu dessines magnifiquement les corps.

Ce grand soin apporté à la réalisation et à la mise en scène, fait entrer l’histoire qui nous est comptée dans une autre dimension, follement cinématographique, elle a véritablement une « gueule de Cinéma ! ».

Quel plaisir de découvrir une œuvre à la beauté plastique aussi forte, qui respire l’amour du Cinéma dans chaque séquence, et jusque dans les mouvements de caméra.

Dans cet écrin visuel, les jeunes comédiens s’épanouissent et sont sublimés.

Le jeune couple, fou amoureux, que l’on suit sur plusieurs années est incarné à la fois par les, tous jeunes, Mallory Wanecque et Malik Frikah et les, un peu moins jeunes, Adèle Exarchopoulos et François Civil.

Un gros plan s’impose sur Malik Frikah qui crève l’écran par son charisme et surtout son intensité de jeu.

Sa maîtrise de la danse hip-hop (il est champion du monde de la discipline) lui donne un sens de l’espace et du bon geste, dans les scènes de bagarres, tout à fait impressionnant !

De son côté, sa camarade de jeu est également très juste, son personnage est plus discret mais développe un caractère aussi fort.

Les deux jeunes comédiens n’ont pas cherché à singer l’interprétation de leurs aînés (François Civil, Adèle Exarchopoulos) mais plutôt, à retrouver cette même puissance dans l’expression de leurs sentiments amoureux, vraie bonne idée !

Malik Frikah et Mallory Wanecque (imdb.com)

La musique à une place prépondérante dans le film, au point que Gilles Lellouche diffusait les morceaux utilisés dans le montage final, directement sur le plateau pour aider les acteurs et les actrices à s’imprégner de l’atmosphère de l’histoire… comme le grand Sergio Leone, en son temps !

Pour autant, vous l’avez compris en lisant le titre de l’article, je n’ai pas adhéré véritablement au projet, je ne partage pas l’enthousiasme des spectateurs et me situe clairement du côté de l’accueil, bien plus frais, réservé au film par mes confrères et consœurs de la presse.

Tout simplement parce que, même si la forme est formidable et fait montre d’indéniables qualités, le fond, lui, est revu encore et encore…

La petite frappe qui tombe amoureuse de la première de la classe, franchement, on connaît ! Et l’amour, plus fort que tout, le temps en particulier, cela aussi, on connaît !…

Les bande son, façon playlist, pour donner du rythme aux séquences… (et même si clin d’oeil à Sergio Leone est sympa) on connaît, toujours

Toutes ces impressions de déjà vu font que l’ennui s’installe très vite sur le fauteuil d’à côté…

Pour ne rien arranger, il y a de la danse, certes bien chorégraphiée, mais qui rallonge un ensemble, déjà bien trop long

Les années qui jalonnent le récit semblent s’écouler en temps réel, tellement nombre de séquences paraissent tout bonnement in-ter-mi-nables !

La trajectoire de Clotaire (Malik Frikah/François Civil) est follement classique et donc… follement ennuyeuse

C’est dommage parce que le potentiel « chef d’oeuvresque » est vraiment là… Une mise en scène et une réalisation audacieuses, une nouvelle génération d’acteurs et d’actrices vraiment fantastique, il manquait juste un scénario aussi original que la proposition visuelle du film et on y était !

Au lieu de cela, l’amour n’est effectivement pas ouf, et donne surtout envie de refaire un gros plouf dans Le Grand Bain (2018), la précédente (et brillante !) réalisation de Gilles Lellouche !

2 commentaires

  1. Cher critique avisé,
    avec mon épouse nous avons passé un excellent moment cinématographique, Gilles Lellouche se bonifie avec le temps, sur un thème peut-être classique il excelle dans la maitrise de son art.
    PS : Paul a beaucoup aimé.

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    1. Merci pour ce commentaire, le film a effectivement beaucoup de qualités, il est très au dessus de la moyenne du cinéma français dans sa forme, rien que pour ça, il faut le voir ! 😉

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