Vous l’avez demandé à l’unanimité sur Instagram (merci à tous les votants et votantes !), voici donc mon humble verdict sur le Superman de James Gunn !
Attention ! Dans un souci d’analyse, je dévoile des éléments du film.
Depuis plusieurs années, les grands studios semblent prendre un malin plaisir à saccager les sagas et les héros qui ont fait les grandes heures du Cinéma (Disney avec Star Wars, Universal avec Jurassic World (ersatz sans âme de Jurassic Park) et bientôt Amazon avec James Bond ?)…
On ne voit plus les spectateurs comme des personnes sensibles, avides de vivre de grandes aventures dans les salles obscures, mais comme de simples consommateurs venus acheter des « produits » industriels comme tout les autres, en payant de plus en plus cher…
Les grands artistes disparaissent progressivement des plateaux de tournage pour laisser leur place à des exécutants parfois bons (Ron Howard) mais souvent dépourvus de vision véritable et incapables de transcender les scénarios qu’on leur confient…
À leur décharge, il s’agit essentiellement de refaire encore et encore des films pourtant très bien faits par le passé…
Pour autant, les cinéastes visionnaires sont toujours là !
Ils et elles ont toujours des univers merveilleux à nous offrir pour peu qu’on leur en laisse la possibilité !
James Gunn, lui aussi, a une vision.
Elle est basée sur l’autodérision et l’humour… potache…
Un angle qui peut fonctionner mais dans un cadre très précis comme celui (pour le moins déjanté !) des Gardiens de la Galaxie où un humain fait équipe avec deux extraterrestres et un raton-laveur !
Malgré un parcours chaotique (Gunn est viré par Disney en 2018, avant d’être réembauché l’année suivante) la trilogie des Gardiens a connu un franc succès et popularisé le « style Gunn » sur Grand Ecran.
Il n’en a pas fallu davantage à Warner Bros pour recruter le trublion aux cheveux argentés et carrément lui confier le redémarrage cinématographique de l’univers DC Comics (à commencer par Superman), après le départ de Zack Snyder (qui avait pourtant joliment modernisé le super héros à la cape rouge dans Man of Steel (2013), notamment) et l’éviction du désormais controversé Joss Whedon…
Dès lors, la crainte de voir Superman passé à la moulinette de « l’humour James Gunn » n’a cessé de grandir dans l’esprit des observateurs de cette industrie…
Crainte, on ne peut plus confirmée, par la publication de la première image de l’acteur David Corenswet dans le costume du célèbre kryptonien, en mai 2024 :
On le découvre, façon « Monsieur Tout le monde », chaussant ses bottes dans son salon, indifférent aux tumultes extérieurs pourtant figurés à sa fenêtre dans une 3D immonde…
C’est tellement loin de la présentation de son prédécesseur Henry Cavill, totalement iconisé par le cinéaste Zack Snyder en août 2011 !
Cela laisse présager du niveau de considération de Gunn pour le personnage…
La première séquence du film est éloquente à ce sujet : Superman, en sang, s’écrase sur la banquise. Le ton est donné…
Et ce n’est que l’apéritif…
En vérité, Superman passe les trois quarts du film à se faire casser la gueule, au point d’avoir besoin de l’aide de « méta-humains » en costumes affreux (les cosplayeurs passionnés font bien mieux !) : pauvre Nathan Fillion en Green Lantern blondinet… Heureusement, Mister Terrific (Edi Gathegi) est plutôt réussi et il y a aussi… Krypto le chien !
Oui, vous ne rêvez pas : le Superman de Gunn est tellement faible qu’il n’est rien sans son animal de compagnie !
Ajoutons (en enfonçant des portes ouvertes !) que ce qui est acceptable en animation est beaucoup moins crédible en prises de vues réelles ! On est au-delà du ridicule, clairement !
Jugez plutôt :

Si encore tout cela était accompagné d’une vraie réalisation, on pourrait accepter ce parti-pris « décalé » (pour être gentil…) si ce n’est moqueur, voire méprisant (pour être super méchant !) mais même pas !
Une lumière crue inonde tous les plans, sans aucun effort de stylisation de l’image ! Les décors manquent cruellement de cachet et paraissent tellement vides ! Ils ne font que singer ceux du Superman (1978) de Richard Donner !
Ajoutez, en bonus, des transitions entre deux plans qui vous vaudraient un zéro pointé dans toutes les écoles de Cinéma dignes de ce nom (une fermeture de serrure de mallette mise en lien avec l’ouverture de celle de la porte de Lois ou encore la chute d’un méchant comparée à celle d’un… cachet d’aspirine dans un verre d’eau !) et votre super énervement augmente encore d’un cran !
Plus largement, on n’a jamais l’impression de pénétrer dans un monde qui existait déjà par lui-même avant que le film ne commence !
La rédaction du journal Daily Planet où travaillent Lois et Clark paraît déserte… tout l’inverse de la série des années 90 où elle était tout le temps en effervescence !
Disons-le super clairement : la bonne série de Dean Cain et Teri Hatcher (Lois et Clark : les nouvelles aventures de Superman (1993-1997)) réussit là où ce nouveau film échoue totalement deux heures durant : nous faire ressentir des émotions et de la sympathie pour ses personnages !
Bien évidemment, la série était caricaturale et excessive mais elle avait le mérite d’être menée par des personnes, fans du matériau de base imaginé par Jerry Siegel et Joe Shuster, les pères de Superman.
Dans le Superman d’aujourd’hui, c’est morne plaine… il n’y a rien !
Les enjeux, si finement amenés dans les films de Zack Snyder, grâce à une approche presque philosophique (comment l’humanité doit-elle vivre aux côtés d’un être capable de la détruire d’un claquement de doigts ?) sont désormais réglés en deux coups de cuillères à pot !
Pour preuve, au début du film, on se contente de résumer l’évolution du héros… en trois phrases !
Soit.
Exit donc les origines du personnage qu’on a déjà vues et revues… Cela peut se comprendre !
Mais alors… pourquoi insister autant avec le message incomplet des parents biologiques de Superman ?!
Tout simplement pour nous amener à une scène montrant les gens se retourner (en un quart de seconde) contre l’homme à la cape rouge, façon réseaux sociaux…
Ces mêmes réseaux sociaux que Lex Luthor alimente en messages haineux rédigés… par des singes lobotomisés avec le hashtag #supershit (que l’on peut traduire par #supermerd… vous avez compris !)
C’est officiel : la subtilité est restée sur Krypton…
Conséquence de tout cela : les acteurs et actrices de ce film n’ont strictement rien à jouer, rien à défendre pour leurs personnages…
C’est particulièrement criant concernant la relation Lois Lane / Clark Kent, installée quand le film démarre, mais qui semble fragile.
Pourquoi pas ?
Cela peut permettre de développer un aspect intéressant et complexe dans la fiction… mais non !
On préfère passer des plombes au cœur de d’une prison privée située dans un « univers de poche » (oui, oui… ce film est très créatif dans le n’importe quoi !) pour finalement sauver un bébé extraterrestre, certes adorable, mais qu’on ne verra plus par la suite !
Pareil pour le pauvre Nicholas Hoult qui incarne un Lex Luthor hystérique et unidimensionnel, à la motivation aussi profonde et essentielle que « je suis jaloux de tes supers pouvoirs ! ».
Face à tous ces éléments, le constat est sans appel : Ce projet est une super entreprise de démolition de Superman avec de la kryptonite à tous les étages…
Dès lors, pourquoi l’enclencher ?
Sans doute pour viser un public plus large et ramasser encore plus d’argent, la dimension artistique étant, plus que jamais, sacrifiée sur l’autel du business…
En sortant de la salle, j’étais tellement énervé que j’avais envie de hurler sur le pauvre James Gunn ! 😅
Cependant, avec le recul, j’ai réalisé que ce n’est pas lui le seul responsable de ce crash…
Il ne fait que développer sa vision, qui, a mon sens, ne correspond pas au personnage…
À ce stade de l’analyse, il apparaît évident qu’on juge son travail, à l’aune de l’héritage assez flamboyant (sans être parfait) de Zack Snyder.
Le regard serait peut-être différent si cet héritage n’avait pas existé auparavant…
Toujours est-il que les principaux responsables de ce gros raté sont les dirigeants de Warner Bros qui ont donné le feu vert à un projet aussi grotesque, signe qu’ils n’ont plus aucun égard pour le Cinéma !
Ils semblent avoir perdu de vue que cette industrie n’est pas comme les autres : elle est la plus belle manière de raconter des histoires et de stimuler l’imagination !
C’est un grand pouvoir et, ainsi que le dit l’Oncle Ben à Peter Parker dans le Spiderman (2002) de Sam Raimi : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ».
Voilà pourquoi, il faut l’utiliser pour le meilleur et pour préserver la part de rêve qui subsiste en chacun de nous ! C’est d’autant plus essentiel en ces temps particulièrement troublés et incertains…
Les spectateurs et spectatrices que nous sommes, avons le devoir et le pouvoir de sortir la kryptonite face à ce genre de propositions qui respirent tout sauf l’amour du Cinéma !
Soyons les vrais supers héros du 7e art !
Source :
Images d’en-tête : IMDB



bonjour Jérôme
ce que je subodorais vient d’être confirmé. Y aura-t-il un super-héros pour échapper au massacre ?? je frémis de crainte pour notre viril Bond (James Bond) On dit que Trump casse en miettes le soft power américain, il est bien aidé par Hollywood, qui depuis plusieurs années s’acharne à tirer vers le bas toutes les franchises qui faisait sa gloire. attendons les chinois je vais reprendre le chemin du cinéma car j’étais partie en voyage et je vais commencer non par Sperman mais par Ari Aster amicalement
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