Le réalisateur de Heat (1995) revient avec un nouveau film dans l’univers secret des pirates informatiques. A vos marques… Prêts… Cliquez !
Le spécialiste du thriller soigné des années 90 et 2000 est de retour derrière la caméra pour de nouvelles aventures peuplées de personnages peu recommandables.
Il s’offre cette fois les services divins de Chris Hemsworth alias Thor (même si nous le préférons plutôt dans Rush (2013) de Ron Howard). Il incarne Nicholas Hathaway, un pirate informatique qui vient en aide aux gouvernements chinois et américains après les piratages d’une centrale nucléaire de l’Empire du Milieu et de la Bourse aux matières premières de Chicago.
Mais il y a un bug : notre talentueux pirate est en prison et l’Oncle Sam tique un peu à l’idée de le faire sortir… Déjà qu’il faille collaborer avec le grand rival chinois ! Mais vous vous doutez bien qu’il finit par céder sous l’insistance de Chen Dawai (Leehom Wang), le militaire chinois tient en effet vraiment à l’avoir à ses côtés (c’est son ancien camarade de promo au MIT ! Le monde est petit hein ? Vive la mondialisation !).
C’est parti donc pour une traque très 2.0, Michael Mann passe à l’ère numérique. Ce n’est pas inintéressant et plutôt prenant.
Chris Hemsworth campe un personnage assez crédible et surtout (Dieu merci !) très loin des clichés habituels du geek binoclard, fan de supers-héros et totalement asocial. Nicholas Hathaway est une pointure dans son domaine, bien dans sa tête et dans son corps, en plus d’être beau comme un Dieu… Mais il a tout de même fauté ! On retrouve en lui une figure assez classique du cinéma de Mann à savoir, le personnage cabossé en quête de rédemption.
La réalisation basée sur l’immersion (caméra proche des comédiens, utilisation de petites caméras numériques pour les combats rapprochés…) convient à l’atmosphère d’urgence dans laquelle baigne les personnages. Mann possède quand même une vraie maestria en matière de scènes d’action.
En revanche, il est beaucoup moins à l’aise avec internet et rencontre les mêmes difficultés que Fincher avec The Social Network (2010), qui était davantage un film sur le fondateur de Facebook, que sur Facebook en lui-même.
Ici, même chose, c’est davantage un face à face entre deux génies pirates qu’un vrai film sur le piratage.
La séquence d’ouverture (en mode « chevaux de l’Apocalypse qui déboulent sur l’autoroute de l’information » pour dégommer une centrale) est maladroite et trop longue.
Néanmoins, à sa décharge (et à celle de son collègue Fincher), il est assez difficile de rendre visuel le virtuel… D’autant plus qu’on utilise un jargon qui équivaut au chinois pour les non-initiés !
La Chine, justement. On sent aussi que ce film sert un peu de prétexte à une volonté d’Hollywood de se tourner vers ce marché gigantesque : on nous sert une jolie collaboration sino-américaine pour contrer un Grand Méchant commun… Autant dire que les susceptibilités sont ménagées…
On n’échappe pas, malgré tout, à quelques scènes assez improbables dans la réalité mais bon, on dira que c’est la magie du cinéma…
Par contre, l’intrigue manque, elle, singulièrement de magie, et on devine nombre de « trucs » assez facilement, sans compter qu’elle se conclue dans un final un peu bâclé, dépourvu de l’ampleur qu’on aime habituellement chez le réalisateur.
Un Michael Mann en petite forme, donc. Son abordage n’est pas catastrophique, mais pas inoubliable non plus.
La note d’Etats Critiques : 6,5/10
Hacker (titre original : Blackhat).
Thriller, action. Etats-Unis. Réal : Michael Mann. Avec Chris Hemsworth, Tang Wei, Leehom Wang.
Un pirate informatique sort de prison pour aider les autorités a appréhender un autre pirate qui a attaqué une centrale nucléaire chinoise et déstabilisé la Bourse de Chicago…
Sorti depuis le 18 mars 2015.