Cinq mois après nous avoir offert un enchantement avec Vice Versa, notre studio d’animation préféré est déjà de retour dans nos salles avec Le voyage d’Arlo, l’histoire d’une rencontre entre un dinosaure et un jeune garçon malheureusement bien moins sympathique qu’il n’y paraît…
Imaginez un instant que la météorite responsable de la disparition des dinosaures n’ait finalement pas frappé la Terre… C’est le parti pris du nouveau Pixar sorti dans nos salles depuis deux jours.
Arlo est le petit dernier d’une famille d’apatosaures qui cultive le maïs dans une grande ferme. Chétif et peureux, il n’arrive pas vraiment à trouver sa place parmi les siens, façon « vilain petit canard »…
Rien de très nouveau, ni de très excitant comme point de départ et, pour ne rien arranger, cette nouvelle production est nettement en dessous du niveau de finition habituel offert par nos amis du studio californien : l’animation des personnages est décevante, il semble que toutes les équipes se soient essentiellement concentrées sur les paysages.
Effectivement, c’est réussi, ils sont très beaux, tout le travail autour de l’eau (pluie qui ruisselle sur les personnages, fleuve agité, et même les reflets…) est sublime (à tel point que l’on abuse des séquences sous l’averse…) mais cela ne suffit pas à nous emporter.
De toute façon, le vrai problème n’est pas là : si les peurs paniques d’Arlo amusent au début, elles changent véritablement de nature après la mort tragique de son père.
À partir de là, l’atmosphère devient franchement lourde et anxiogène, ce qui est problématique pour un film destiné en priorité aux enfants, surtout dans le contexte actuel…
Le deuil et la mort sont omniprésents en toile de fond tout au long de l’aventure, qui malheureusement, n’est pas assez palpitante pour faire oublier l’ambiance très sombre… Il y a bien quelques moments amusants (la scène avec les taupes est géniale) mais qui ne justifient en rien la mention « à partir de 3 ans » affichée sur les sites internet spécialisés comme Allociné…
À cause de cette lourdeur permanente, on en oublie presque l’histoire d’amitié entre Spot et Arlo, pourtant présentée comme l’élément principal du film !
Ce n’est pas la première fois que Pixar dans son souci de s’adresser à la fois aux enfants et aux parents choisit d’aborder des sujets plus sérieux. On pense notamment au début de Là-haut (2009) qui évoquait la stérilité et le deuil (déjà !)… Difficile donc de passer un bon moment en famille…
Pour couronner le tout, on nous sert le coup du mythe de l’Ouest version dinosaures avec le couple de fermiers qui galère mais qui a de « vraies valeurs », les tyrannosaures éleveurs de bisons avec en prime, campement au coin de feu, histoires flippantes et harmonica… On s’étonne presque de ne pas croiser un tricératops en avatar de John Wayne !
Fini la belle dimension universaliste d’un Vice Versa ou les hommages touchants et drôles à l’enfance de la saga Toy Story. Le mode de vie à l’américaine ? Y’a que ça de vrai !
Une fois n’est pas coutume, un mot aussi sur le doublage qui n’est vraiment pas bon non plus : la voix perçante d’Arlo met assez vite nos oreilles au supplice, même Eric Cantona n’est pas dans le bon tempo lors du (petit) dialogue où on l’entend…
En conclusion, Le voyage d’Arlo apparaît bien (trop) sombre et rend nostalgique du mois de juin quand son prédécesseur Vice-Versa nous avait enchantés… On quitte la salle avec l’impression de s’être vu proposer un projet paresseux, bâclé et à surtout éviter si vous êtes les heureux parents de jeunes enfants…
La note d’Etats Critiques : 4,5/10
Le Voyage d’Arlo (titre original : The Good Dinosaur).
Animation. Etats-Unis. Réal : Peter Sohn.
Arlo, un jeune dinosaure craintif se retrouve seul après une tempête et doit entreprendre un périlleux voyage pour rentrer chez lui. Heureusement, son chemin croise celui d’un jeune garçon…
Sortie depuis le 25 novembre 2015.
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