« Quai des Orfèvres » (1947)

Ce mois-ci l’acteur Bernard Blier (père du cinéaste Bertrand) aurait eu cent ans. L’occasion pour votre blog ciné préféré de lui rendre hommage et de vous prouver que sa filmographie ne se résume pas aux Tontons flingueurs (1963).

Il a eu aussi des démêlés avec un grand acteur de théâtre à la fin des années 40, le tout devant la caméra d’un réalisateur qu’on ne présente plus…  

 

Henri-Georges Clouzot reste l’un des cinéastes majeurs du cinéma français et lorsqu’il choisit de réunir à l’écran deux monstres sacrés comme Bernard Blier et Louis Jouvet dans l’immédiate après guerre, cela donne vie à l’un des meilleurs polars jamais réalisés. Près de 70 ans plus tard, ce film n’a effectivement pas pris une ride !

Jenny Lamour (Suzy Delair, magnifique) est une brillante chanteuse de cabaret promise à un grand avenir. Mais les choses se compliquent lorsqu’elle se rapproche un peu trop de Georges Brignon, un homme d’affaires douteux très porté sur les jeunes femmes…

Mais Maurice Martineau (Bernard Blier), son mari qui l’accompagne au piano lors de ses prestations, ne l’entend pas de cette oreille. Fou de jalousie, il se rend un soir au domicile de son concurrent, bien décidé à l’éliminer… Mais une fois sur place, il ne trouve que son cadavre… Quelqu’un l’a précédé !

Entre alors en scène l’inspecteur Antoine, brillamment interprété par Louis Jouvet étonnant de retenue.  Il gravite bien vite dans l’entourage de Jenny et Maurice, favorisant l’angoisse grandissante de ce dernier, que Bernard Blier traduit très justement en développant un jeu à fleur de peau…

Malgré tout, le couple est très proche. Clouzot parvient à suggérer cette proximité en dépit de la censure dans une séquence préalable géniale :

Jenny ouvre son manteau dévoilant une tenue affriolante dans un léger travelling avant au son de violons langoureux, puis contre-champ  sur Martineau qui marche vers elle (pour illustrer le désir qui monte), zoom sur le visage de Jenny (le désir est à son paroxysme !) et tac ! Plan de coupe sur une casserole qui déborde,  la musique chavire…

Mais ne nous emballons pas et revenons-en à l’enquête : l’inspecteur Antoine semble un peu dépassé, le scénario retors flatte le spectateur qui pense en savoir plus que lui (Columbo n’a rien inventé !)…

Le film détonne aussi par les thématiques résolument contemporaines qu’il aborde comme l’adoption mais surtout l’homosexualité au travers des non-dits très forts et audacieux entre Jenny et son amie Dora, qui nous font comprendre que cette dernière est amoureuse d’elle  (on est en 1947 !)…

N’hésitez donc plus à pousser la porte de ce Quai des orfèvres inoubliable qui rappelle que le cinéma français est capable de se montrer ambitieux et surprenant, pour peu que l’on y mette les bons ingrédients.

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