Quentin Tarantino revient sur nos écrans, quatre ans après l’excellent Django Unchained. De quoi susciter un appétit certain chez les cinéphiles que nous sommes. Pourtant, force est de constater qu’un mauvais pressentiment nous taraude…
En effet, avant d’entrer de la salle pour découvrir le dernier né du cinéaste le plus fantasque de notre époque, on ne peut s’empêcher d’éprouver le « syndrome Spectre », à savoir la crainte d’un film qui ne soit pas à la hauteur de son prédécesseur (ce qui était le cas du dernier James Bond)…
L’inquiétude est d’autant plus grande que, Tarantino reprend la thématique du western qu’il avait magistralement renouvelée avec Django en 2012 : la comparaison sera donc inévitable et pas forcément flatteuse…
Mais trêve de conjectures, voyons ce qu’il en est réellement.
Tout d’abord, le souci du réalisateur de renouer avec la grande tradition du western, il filme les grands espaces à l’ancienne en utilisant la bonne vieille pellicule 65 mm qui donne un grain si particulier à l’image, lui offrant une dimension moins froide que le traitement numérique.
Certains privilégiés ont même pu profiter du film au format 70 mm qui, paraît-il, rend les différents plans encore plus beaux. Malheureusement, votre humble serviteur n’a pu faire partie des heureux élus et ne peut confirmer ou infirmer ces dires.
Mais même en 65 mm, on apprécie le sens du cadre de Tarantino qui magnifie la tempête et la neige. Côté scénario, tout commence comme dans Django avec une diligence…
Le major Warren, un ancien militaire devenu chasseur de primes (Samuel L. Jackson) en arrête une sur la route de Red Rock. Elle transporte John Ruth dit Le Bourreau (Kurt Russell), lui aussi chasseur de primes. Il emmène sa prisonnière Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) en vue de son exécution. Le convoi croise ensuite Chris Mannix (Walton Goggins), le nouveau shérif de Red Rock.
Les discussion vont bon train durant le trajet. Tarantino laisse libre court à son sens inné du dialogue, les comédiens prennent visiblement beaucoup de plaisir à mettre en mots, l’étonnant mélange de formules ciselées et de phrases crues caractéristiques de l’univers tarantinesque.
Nous aussi, on apprécie… Sauf qu’il y en a trop ! Beaucoup trop. Comme le suggère notre titre, ce n’est plus un western, c’est ce soir ou jamais dans le blizzard ! Les flingues en plus… On est presque surpris de ne pas voir Frédéric Taddeï frapper à son tour à la porte de la diligence !
Même une fois dans l’auberge, ça continue ! Les 8 salopards décroche sans contestation possible la palme de l’oeuvre la plus bavarde jamais réalisée par Quentin Tarantino.
C’est son plus gros défaut et c’est dommage parce qu’au delà de cela, le film développe un huis-clos bien prenant en instaurant un climat de suspicion généralisé, renforcé par la musique angoissante d’Ennio Morricone qui fait joliment monter la tension, on redoute la suite des événements. On est aussi heureux de voir ce grand compositeur revenir, avec succès, au genre qui a fait sa gloire.
Enfin, l’intrigue réserve quelques surprises et les scènes de violence presque burlesques raviront les fans.
Ainsi, même ce nouveau film souffre de la comparaison avec son prédécesseur, il est un ton en dessous clairement et ce, en grande partie à cause des dialogues interminables (et c’est peu dire), on retrouve avec plaisir le style et la patte qu’on aime tant.
La note d’Etats Critiques : 7/10
Les 8 salopards (titre original : The Hateful Eight).
Western. Etats-Unis. Réal : Quentin Tarantino. Avec : Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh.
À cause d’une tempête de neige, un ancien militaire, un chasseur de prime, sa prisonnière et un néo shérif se retrouvent coincés dans une auberge perdue dans la montagne et peuplée de clients bien mystérieux…
Sortie depuis le 06 janvier 2016.