Quand Marvel nous fait réfléchir…

Après la franche rigolade réussie Deadpool (n’en déplaise aux mécontents qui trouvaient le récit trop classique), Marvel revient aux choses sérieuses avec Batman VS Superman 2, Captain America Civil War, à priori l’histoire d’une baston entre le patriote  à la bannière et au bouclier étoilés et Iron Man. Cependant les journalistes de Première ont laissé entendre que ce nouvel opus des studios Marvel valait le détour.

Voyons si la presse a raison !

Marvel's Captain America: Civil War L to R: Falcon/Sam Wilson (Anthony Mackie), Ant-Man/Scott Lang (Paul Rudd), Hawkeye/Clint Barton (Jeremy Renner), Captain America/Steve Rogers (Chris Evans), Scarlet Witch/Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen), and Winter Soldier/Bucky Barnes (Sebastian Stan) Photo Credit: Film Frame © Marvel 2016

Quatorze ans déjà que les super-héros et Marvel en particulier règnent en maître dans le secteur des blockbusters en phagocytant totalement les salles des grands complexes de nos villes… Cela nous a offert de beaux moments mais aussi beaucoup d’autres moins intéressants.

Peut-être aussi que l’on commence à ressentir une certaine lassitude face à cette omniprésence des hommes et femmes en collants sur nos écrans. Ce sentiment n’est pas près de s’atténuer puisque l’autre maison des super-héros DC Comics s’est lancée dans la danse avec Batman vs Superman.

Un peu plus d’un mois plus tard, Marvel nous propose à son tour son duel de titans entre Captain America et Iron Man et franchement là encore, on craint le « déjà-vu » à haute dose… Sans compter que les deux derniers films solo de Captain America étaient loin d’être des franches réussites…

Malgré tout, l’article de Première au titre encourageant nous convainc de franchir les portes coupe-feu de la salle de cinéma.

Une opération menée par Captain America, la Veuve Noire et la Sorcière Rouge au Nigéria tourne mal et pose la question de la légitimité des interventions des Avengers.

On évoque pour la première fois les dommages collatéraux engendrés par leurs actions. Pour la première fois, les super-héros sont démythifiés, mis face à leurs responsabilités. Un projet d’accord visant à les mettre sous tutelle des Nations Unies leur est soumis. Cela crée des oppositions entre eux et apporte une vraie profondeur de ton qu’on n’avait pas vu depuis un bail dans ce genre de production.

Oubliée la surenchère d’Avengers 2, on se surprend à réfléchir devant un blockbuster !

Alors, soyons honnête, DC Comics essayait aussi de nous faire réfléchir dans Batman vs Superman sur l’idée de comment gérer un extra-terrestre capable de détruire la planète d’un simple claquement de doigts, mais c’était tellement noyé dans un récit affreusement lent et brouillon que cela ne marquait pas vraiment…

Au contraire, Marvel prend le temps de développer les deux visions qui s’opposent et s’incarnent au travers du Captain America et d’Iron Man : l’un veut garder sa liberté d’action, l’autre est prêt à se soumettre à l’autorité des Nations Unies. Les super-héros se divisent, prennent parti, jusqu’à s’affronter et déclencher la « guerre civile » du titre.

Le spectateur lui aussi se sent obligé de choisir son camp même si bien vite, on se rend compte que les enjeux ne se limitent pas à un simple pour ou contre les accords de Sokovie, grâce à l’excellent « méchant » Daniel Brühl qui nous fait oublier son ridicule prédécesseur Ultron, il est moins caricatural et, honnêtement, ses motivations peuvent apparaître légitimes.

On sent l’expérience de Marvel qui a construit un univers solide depuis de nombreuses années. Captain America : Civil War parvient même à redorer le blason d’Ant-Man qui apparaît ici beaucoup plus crédible que dans son propre film ! On retrouve également avec plaisir Œil de Faucon (Jeremy Renner).

La seule apparition qui gêne vraiment c’est celle de Spiderman.

Incarné par le jeune Tom Holland (le fils américain caché de notre cher président ?!), il entre en scène quand Tony Starck décide d’aller  chercher l’adolescent chez sa chère Tante May plus jeune que lors de toutes ses représentations précédentes. Cette séquence assez longue et pas vraiment intéressante est clairement là pour introduire le personnage dans l’univers Marvel et préparer le film qui lui sera consacré à l’occasion d’un second redémarrage des aventures de l’homme-araignée… (Rendez-nous Tobey Maguire !)

Cette manie de « feuilletonner » sans arrêt les films, à la manière des séries télé, pour toujours placer le spectateur dans l’attente de l’épisode suivant devient insupportable. On oublie trop aujourd’hui qu’un long-métrage peut se suffire à lui-même sans forcément avoir besoin de s’intégrer dans un grand tout…

Ainsi, la bande-annonce intégrée de Spiderman gâche le plaisir d’un film qui fonctionne très bien le reste du temps si l’on excepte quelques maladresses, comme la caméra un peu trop tremblante durant les premières scènes du combat et par tous les saints,  pourquoi afficher les noms de pays en lettres aussi énormes ?! Vous pensez que tous les geeks sont bigleux, sérieux ?!

Enfin, quand les points négatifs se limitent à quelques menus détails aussi importants puissent-ils paraître pour une critique, c’est que le reste n’est vraiment pas mal. On passe vraiment un bon moment. Première ne s’était pas trompé.

La note d’Etats Critiques : 8/10

Captain America : Civil War.

civil war

Fantastique. Etats-Unis. Réal : Joe et Anthony Russo. Avec : Chris Evans, Robert Downey Jr, Daniel Brühl.

Le gouvernement américain souhaite mettre sous tutelle des Nations Unies les Avengers suite aux nombreux dégâts matériels et surtout humains engendrés par leurs précédentes missions. Tony Starck est d’accord, pas Captain America…

Sorti depuis le 27 avril 2016.

8 commentaires

  1. Encore et toujours les blockbusters hollywoodiens ! Et pourquoi n’y aurait-il pas un peu de place pour des films français montrant la vie avec une pointe de délicatesse et de subtilité ?!

    Un fidèle lecteur :p

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    1. Cher fidèle lecteur,

      L’humble rédacteur de ce merveilleux blog défend l’idée que le cinéma est avant tout là pour nous faire rêver et pas pour nous proposer des reportages améliorés comme les films français le font trop souvent…
      Ni encore de proposer une séance de psychothérapie avec l’aval et le financement du CNC.
      De plus sur ce film en particulier, développe une vraie réflexion sur les missions des supers héros, le sens de la responsabilité, le pouvoir et son contrôle, l’exercice de la violence légitime, plutôt subtil non? 😀
      Enfin beaucoup moins que les téléfilms agricoles qui envahissent la production française depuis plusieurs années ou les comédies lourdingues qui oublient l’essentiel: être drôle!

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      1. Cher rédacteur en chef,

        J’entends vos arguments tout à fait respectables mais je trouve dommage de ne pas traiter de toute la diversité du cinéma, qui en fait sa beauté.
        En effet, il serait peut-être intéressant de braquer, de temps à autre, les projecteurs sur des long-métrages qui ne bénéficient pas toujours d’une couverture médiatique (qu’ils mériteraient parfois) afin de susciter la curiosité du lecteur et, pourquoi pas, lui donner envie de sortir des sentiers battus hollywoodiens.

        Nonobstant, ce n’est que mon humble avis.

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  2. Je rejoins Monsieur L,

    Le cinéma (et la cinéphilie) ne sauraient se réduire à la seule célébration d’un Hollywood à mes yeux bien peu imaginatif ces derniers temps, surtout dans sa version blockbusters survitaminés pour geeks en mal de sensations fortes. Quid de la fantaisie, de l’humour et de la légèreté dont a pu faire montre, par exemple, un Bruno Podalydès l’an passé avec le rafraîchissant « Comme un avion », prouvant par là que la production française ne se limite pas à un psychologisme de bas étage. Plutôt que de chroniquer un naufrage attendu comme celui des « Visiteurs 3 », ne vaudrait-il pas mieux, autre source d’inspiration possible, braquer votre talentueuse focale vers d’autres horizons cinématographiques, incitant ainsi vos lecteurs à aller voir le très pictural, flamboyant et baroque « The Assassin » d’Hou Siao Sien. Bref, de l’audace, de l’audace et encore de l’audace!!

    Amicalement et confraternellement,

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    1. Cher ami,
      Monsieur L et toi me faîtes un procès qui n’a pas lieu d’être.
      Je ne suis pas contre le cinéma français mais contre un certain cinéma français: celui de la médiocrité, du casting au détriment du scénario, du copinage au lieu de la qualité, du banquable au lieu du talent, de la prétention au lieu de l’humilité; de l’obsession du réel au prétexte du manque de moyen. De l’excuse facile pour faire accepter l’inacceptable.

      Trouver Hollywood peu imaginatif est un même parti pris , mais surtout qu’il est faux tant sur ce film: la réflexion prend une vraie place dans le spectacle.
      Il est vrai que je présente beaucoup de films américains mais cela tient à deux paramètres.
      D’abord je réitère: la pauvreté de la production française, qui ne cesse de nous vendre des téléfilms, cependant il y a bien quelques exceptions et cela nous amène à notre deuxième point.
      La distribution: en effet ton humble serviteur cinéphile est lié par souci d’économies à un complexe cinématographique.
      Celui-ci diffuse en priorité les grosses machines, il ne m’a pas été possible de voir avec grands regrets les Innocentes d’Anne Fontaine mais d’autres aussi. Et à presque 10€ la place tarif grand public je ne peux me permettre de visionner dans d’autres cinémas des films « moins grand public ».
      Ce blog ne générant aucun revenu, il y a donc, tu dois le comprendre, des raisons « supérieures » quant au choix des films à visionner et chroniquer.
      Cela sera d’ailleurs très prochainement le sujet d’un billet sur ce blog.
      Merci à toi d’avoir posté, il est toujours agréable pour un auteur de voir son billet générer un débat. 😉

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  3. Je partage totalement l’avis et le sentiment du rédacteur en chef,étant abonné à ce même complexe depuis plusieurs années,les films proposés à l’affiche sont majoritairement orientés blockbusters et (télé)films français ultra-plébicité(/publicité) dont les trames scénaristiques sont usées jusqu’à la corde…et les quelques rares films « un peu plus confidentiel » ne sont jamais proposés à la programmation très longtemps, Dans le cas de « Comme un avion » par exemple celui ci à été retiré de la programmation après seulement 2 semaines,sans doute jugé pas assez générateur d’entrées!!! Malheureusement s’il y a quelqu’un a blâmé ce n’est pas notre critique préféré,mais une bonne partie de l’industrie tant en terme de production que de distribution qui pense davantage à maximiser le nombre d’entrées que de nous offrir des films de qualité et un tant soit peu audacieux

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