Ces dernières années, le cinéma français s’est découvert une passion pour les idoles musicales du passé comme Cloclo ou Dalida. Cette semaine, c’est le grand Django Reinhart qui a les honneurs des salles obscures avec Reda Kateb et Cécile de France à l’affiche. Prometteur.
Travelling avant. On découvre un camp tzigane au milieu de la forêt. Un vieil homme chante, guitare sur le ventre, dans le même temps des enfants ramassent du bois pour le feu, nous sommes en 1943.
Le danger est là. Il se matérialise par un pistolet placé sur la tempe d’un des jeunes garçons. Plan de coupe. Coup de feu. Bientôt les tirs perforent les troncs d’arbres, les enfants courent, l’assaillant reste invisible, ce qui le rend encore plus terrifiant !
Bien loin de là, Django Reinhart, un guitariste de génie triomphe aux Folies Bergères avec sa musique dansante et enivrante. La mise en scène des concerts est soignée avec des gros plans sur les mains de Django pour souligner sa virtuosité particulièrement exceptionnelle. On se surprend à secouer la tête, emporté par les rythmes endiablés.
La musique du Maître est donc excellemment mise en valeur. On sent que la production a mis le paquet sur cet aspect, sans doute aussi dans l’optique de vendre en masse la bande originale du film.
Rien d’autre à signaler malheureusement. Le démarrage réussi qui nous attrape d’entrée de jeu n’est qu’un feu de paille.
La suite n’est que purement illustrative. Le duos de comédiens pourtant prometteur sur le papier ne fonctionne vraiment pas : c’est lisse, il n’y a aucune complicité, aucune passion entre eux, une situation ô combien embarrassante quand on sait qu’ils sont censés être amants !
Au moins, Cécile de France ne joue-t-elle pas une lesbienne pour une fois !
Ce manque d’alchimie entre les personnages fait que lorsque le danger arrive, que Django doit fuir pour la neutre Suisse, on n’est pas inquiet, on reste froid.
Il n’y a rien de plus terrible pour un film que l’indifférence du spectateur pour le destin du protagoniste principal. Au moins quand c’est mauvais, on s’énerve, il se passe quelque chose mais là, rien ! Encéphalogramme plat.
Heureusement que la musique dansante de Reinhart est là pour nous réveiller mais on ne va au cinéma pour regarder une playlist mise en image, Youtube ou W9 sont là pour cela. La musique aussi belle soit-elle ne suffit pas pour faire un bon film.
C’est d’autant frustrant que Reinhart mérite bien mieux qu’un téléfilm musical en guise d’hommage. Pire, le rythme affreusement ennuyeux de l’ensemble détournera les jeunes générations de l’oeuvre de ce musicien important, alors que ce type de projet doit au minimum avoir la tâche de faire connaître les artistes qui ont compté.
Le seul intérêt du film consiste à nous apprendre au final que le musicien a composé un requiem en hommage aux siens victimes du nazisme.
Erratum : il y a quand même un hommage réussi dans ce film !
La note d’Etats Critiques : 4/10
Django.

Film biographique. France. Réal : Étienne Comar. Avec : Reda Kateb, Cécile de France, Beeta Palya.
Django Reinhart est au sommet de sa gloire en 1943. Mais bientôt les réalités de la guerre vont le rattraper…
Sorti depuis le 26 avril 2017.