Jour 4 : Une compétition décevante…

Vendredi 12 octobre – 14 h 30. 

Retour à l’Utopia dans la désormais familière salle 5 pour assister à la projection de Rojo de Benjamin Naishat.

Le film nous emmène dans l’Argentine des années 70 quelques temps avant la dictature militaire où l’on suit Claudio (Dario Grandinetti) un avocat qui attend sa femme, attablé un restaurant.

Voyant qu’il ne consomme rien, un homme debout l’aborde et lui demande s’il a terminé. S’ensuit une discussion animée qui les voit inverser leurs places, avant que Claudio ne l’humilie publiquement pour se venger, poussant le malheureux hors de ses gonds avant qu’il ne soit évacué manu militari hors de la salle.

On pense que les choses vont s’arrêter là, d’autant plus, que la femme tant attendue finit par faire son entrée dans une très belle séquence au ralenti.

Mais après le repas, l’homme réapparaît, jette une pierre sur la voiture du couple avant de s’enfuir, poursuivi par Claudio. Ils se battent et l’homme sort un revolver, le menace, menace sa femme, pour finalement se tirer une balle en pleine tête !

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’est pas mort après un tel geste et Claudio l’embarque dans sa voiture en assurant sa femme qu’il va le déposer à l’hôpital mais en vérité, il abandonne le corps dans le désert.

Ensuite… rien ! Le film part totalement sur autre chose en s’attardant longuement (très longuement !) sur les tourments intérieurs de Claudio…

On suit aussi la fille de Claudio qui prépare un spectacle de danse scolaire, la jalousie de son petit ami qui embarque dans la voiture de ses potes un rival un soir, sans qu’on sache ce qu’il advienne de lui…

Pour ne rien arranger, l’angoisse de Claudio augmente avec l’arrivée d’un célèbre enquêteur travaillant à la télé qui vient investiguer sur la disparition dont Claudio est responsable…

Conséquence : inspection intérieure encore et encore… Dieu que c’est long ! On le voit magouiller pour acheter une maison confisquée à des opposants (maison qu’on découvre au tout début du film dans un long plan fixe…), et ça n’avance pas et ça discute…

C’est tellement passionnant qu’on pourrait presque faire une sieste sans rien perdre de l’intrigue, certains spectateurs derrière moi ne s’en privent pas d’ailleurs !

Après la séance, le réalisateur Benjamin Naishtat expliquera avoir mis 5 ans à financer son film… On comprend pourquoi !

Naishtat
Léo Soesanto (programmateur du festival) et Benjamin Naishtat. (source : twitter FIFIB).

Mais tout n’est pas à jeter dans ce film, la technique est excellente : certains plans sont inventifs comme ce contrechamp à hauteur d’oreille de Claudio.

Il y a aussi tout un travail sur l’image pour retrouver le cachet des films de cette époque (ajout du « grain » de la pellicule en numérique, son enregistré en mono à l’ancienne) mais ce côté rétro doit aller de paire avec un scénario un minimum intéressant surtout quand on cherche passer des messages (ici dénoncer le climat pré dictatorial) sinon cela ne fonctionne pas et c’est bien dommage quand on voit le talent de ce jeune cinéaste…

21 h 00.

Jessica Forever
Aomi Muyock ( source : imdb.com).

Retour à l’Utopia. La salle est pleine ! On sent l’impatience des festivaliers avant la toute première projection publique du premier film de Jonathan Vinel et Caroline Poggi, un jeune duo déjà connu dans le monde du court-métrage avec Tant qu’il nous reste des fusils (Ours d’Or 2014).

ATTENTION SPOILERS COMME ON DIT EN BON FRANÇAIS AUJOURD’HUI.

Il s’agit donc de Jessica Forever, un drame d’anticipation avec une touche de fantastique qui décrit un futur dans lequel les orphelins sont pourchassés et tués par de mystérieuses forces spéciales symbolisées par des drones.

Plutôt excitant comme postulat de départ, non ? Absolument ! Sauf que dès les premières minutes… on a envie de rire, désolé.

On voit un groupe commando mené par une jeune femme (La Jessica du titre en fait) marcher dans un lotissement… ça fait affreusement cheap*, navré. On frise déjà le ridicule dès le début.

Difficile dès lors, de nous faire croire à cette histoire d’orphelins persécutés. C’est d’autant plus difficile qu’aucun contexte ne nous est donné (ben ouais, on fait un cinéma différent mon gars !), on ne sait pas qui ? comment ? pourquoi ?

Une crise économique ? non car tout le confort technique actuel est présent. Une crise politique ? Sans doute, mais là non plus, aucune information puisqu’on vit en vase clos avec ce petit groupe qui s’entraîne, mange et fait la sieste ensemble…

Oui, car Jessica au Yeux Bleus tient absolument aux siestes collectives. Pourquoi ? Ben à toi de trouver grand dadet lobotomisé aux productions Marvel !

On comprend quand même que Jessica a recueilli tout ce petit monde pour les aider à sortir de cercle vicieux de la violence qu’ils ont dû employer pour survivre, avec une tendance à l’autodestruction pour certains…

Pourtant l’un d’entre eux semble voir la lumière et rencontre l’amour. Il recontacte d’ailleurs cet amour sur Internet (hé mec, tu pourrais pas en profiter pour aller sur un site d’infos juste pour qu’on ait des infos,  justement ? Ben non ! Les forfaits illimités ne doivent plus exister dans le futur, faut croire !).

En revanche, on les voit bien se préparer pour la grande bataille finale en se barricadant dans un établissement scolaire pour affronter courageusement leur destin funeste… Ils sont tous alignés armes ou poing face au soleil levant… C’est beau, on croirait ce plan tout droit sorti d’Amageddon, l’essaim de drones arrive, la bataille va commencer… Eh ben non ! Générique.

J’avais l’impression d’entendre les deux cinéastes me chuchoter : « tu veux une grande bataille finale, hein ? Eh ben, tu ne l’auras pas ! ».

Alors oui, on va me dire qu' »il faut laisser le spectateur combler les trous, blablabla… ». Soit. Encore faut-il que ce soit bien fait, encore faut-il qu’il y ait une justification valable.

Or, là, il s’agit de promesses non tenues, ni plus ni moins ! Juste pour le plaisir du contre pied. On a l’impression d’être pris pour un idiot.

Voilà le pourquoi du choix des révélations (« spoilers ») que je fais.

Bon, c’est agaçant, très agaçant même, mais on pourrait accepter le principe si au moins, l’ensemble était bien joué…

Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Aomi Muyock alias Jessica n’arrive pas à trouver le ton juste et donne le sentiment de ne pas croire à l’histoire qu’elle est censée défendre. C’est tout de même embêtant… C’est sans doute pour cela que le son est aussi fort !

Pourtant que l’idée de base du film était intéressante ! Dommage de ne pas l’avoir bien exploitée.

*bon marché. 

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