L’acteur-réalisateur néo-zélandais Taika Waititi (connu pour avoir réalisé Thor : Ragnarok (2017) ou encore l’épisode 8 de l’excellent série The Mandalorian) nous propose de suivre les aventures de Jojo (Roman Griffin Davis), un jeune Allemand, fervent partisan d’Adolf Hitler qui voit ses certitudes antisémites progressivement remises en cause lorsqu’il découvre que sa mère (Scarlett Johansson) cache Elsa (Thomasin McKenzie), une jeune fille juive dans leur maison.
Il ne cesse de débattre sur l’attitude à adopter avec son ami imaginaire qui a pris les traits du terrible chancelier (Taika Watiti).
L’ensemble est plutôt bien fait, on voit bien la matrice, les intentions du réalisateur : mêler le comique et le tragique pour mieux ridiculiser l’idéologie nazie, l’intolérance, le racisme, l’antisémitisme, bref toute cette « pensée » et attitudes qui gangrènent nos sociétés depuis bien trop longtemps…
La distribution est top : les enfants sont très justes et paraissent beaucoup plus matures que les adultes (exception faite de la Mère), ce qui crée une inversion, un contraste tout à fait amusants.
Les adultes aussi sont géniaux : mention spéciale à Sam Rockwell, tordant en capitaine de l’armée désillusionné et alcoolique. Mais celle qui crève véritablement l’écran, c’est Maman Scarlett ! La scène où elle imite, devant son fils, le père absent du foyer en se barbouillant une fausse barbe sur le visage est fabuleuse !
De même, ses échanges avec Jojo au cours desquels elle essaie de lui faire prendre conscience de l’idiotie de l’idéologie nazie, sont savoureux. Les dialogues en général sont d’ailleurs très bien écrits, notamment les joutes verbales entre Jojo et Elsa.
Sauf que.
En dépit toutes ces qualités indéniables, cela ne marche pas vraiment… Pourquoi ? Parce que cela manque de flamme, de vie, de fougue ! Tout est trop écrit en réalité, et souvent pour pas grand-chose…
L’humour tombe franchement à plat, soyons sérieux…
Il ne suffit pas d’affubler le personnage principal d’un Hitler imaginaire sautillant pour que ce soit désopilant ! On sourit plus qu’on rit…
Dans le genre, on préfère largement le regretté Jacques Villeret en demi-frère du Führer, personnage infiniment plus subtil, dans l’inoubliable Papy fait de la Résistance (1983).

Et que dire des séquences au ralenti ultra stylisées qui poussent la dimension décalée au maximum (parce que bon, le spectateur est trop idiot pour comprendre qu’il regarde une satyre…) et qui cherchent, en plus, à en mettre plein la vue inutilement…
Au final, on ressort avec un goût d’inachevé et surtout la certitude que Jojo Rabbit est très loin d’être le chef-d’œuvre d’humour décalé, tant vanté par de nombreuses critiques qui apparaissent, elles, pour le coup, bien décalées…
La note d’Etats Critiques : 5/10