« Empire of Light » : quand l’Autre nous répare…

Quatre ans après son très bel exercice de style autour du plan séquence dans 1917, le cinéaste Sam Mendes change complètement de registre et nous offre une chronique sociale intimiste qui prend corps dans un petit cinéma côtier d’Angleterre, au début des années 80 : Hilary (Olivia Colman, impressionnante) y accueille chaque jour les clients et tente surtout d’oublier sa solitude… Sa liaison peu satisfaisante avec son patron (Colin Firth) ne l’y aide pas vraiment…

Un jour, le jeune Stephen (Micheal Ward, parfait) débarque en tant que nouvel employé du cinéma. Lui et Hilary vont, petit à petit, se rapprocher… Une jolie romance démarre alors, classique mais jolie. C’est du moins ce qu’on croit au début…

En effet, il s’avère qu’Hilary souffre d’un mal plus profond que la solitude… pour autant Stephen se refuse à l’abandonner et veut l’aider ! Les deux se complètent et parviennent ensemble à surmonter progressivement leurs traumatismes (Stephen est victime de racisme…).

Sam Mendes filme les rapports humains dans toute leur beauté et nous rappelle que nous sommes faits pour vivre ensemble et s’enrichir émotionnellement les uns, les autres.

Olivia Coleman et Micheal Ward forment un couple de cinéma merveilleux (photo), peut-être le plus beau qu’on ait vu depuis longtemps !

Les deux comédiens sont d’une grande justesse dans leur jeu et développent une vraie alchimie, une vraie connexion, une vraie complicité entre eux, vraiment réjouissantes. Leur trajectoire redonne véritablement foi en l’humanité !

Outre cette belle relation, Empire Of Light parle de cinéma, même si ce dernier est moins présent que dans le fabuleux The Fabelmans de Spielberg (lire ici), on sent tout l’amour que Mendes ressent pour son art et la salle de cinéma en particulier.

Stephen se rapproche ainsi de Norman le projectionniste (Toby Jones, discret mais parfait) qui l’initie à l’art de la projection de films et à la magie de la pellicule qui fonctionne sur « l’illusion du mouvement, l’illusion de la vie »… Mais oui, c’est ça le 7e art !!!

Toby Jones et Micheal Ward (imdb.com)

Le cinéma Empire en lui-même, au sein duquel Hilary et Stephen travaillent, dégage une véritable atmosphère.

On en ressent toute l’âme dans chaque recoin des lieux, grâce à la photographie sublime de Roger Deakins, véritable génie de l’image, qui a officié sur de nombreuses productions de qualité ces dernières décennies (Skyfall (2012), Sicario (2015), Blade Runner 2049 (2017), 1917 (2019)…).

Son travail s’adapte à chaque instant pour se mettre au service du récit déployé par son réalisateur Sam Mendes : lumière froide, avec des plans sur une assiette ou une tasse pour souligner la solitude d’Hilary, d’autres où l’on voit sa silhouette se découper dans la nuit, ou encore, des plans plus poétiques pour intensifier la relation Hilary-Stephen).

Roger Deakins (bantmag.com)

Enfin, le piano délicat de Trent Reznor ajoute la touche de douceur et de tendresse pour parachever magnifiquement ce grand moment de Cinéma, qui prouve avec panache que le rituel de la salle, cet instant suspendu et incomparable dans l’obscurité, a encore de très beaux jours devant lui.

20th Century Studios FR/YouTube

sources :

Image d’en-tête : imdb.com

Fiche artiste :

Roger Deakins, imdb.com (lien)

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