« Apaches » : le gang en fait un peu trop…

Cinq ans après Le dernier voyage, un premier film de science-fiction prometteur mais un peu décevant (j’en parle ici), le réalisateur Romain Quirot poursuit son exploration du cinéma de genre (avec une thématique très marquée) en s’intéressant, cette fois, au drame historique.

Ainsi, dans Apaches, on suit la jeune Billie (Alice Isaaz, intense) qui intègre le gang du même nom pour se rapprocher de son chef Jésus (Niels Schneider), responsable de la mort de son frère…

La mise en scène est superbe ! On est pleinement dans l’ambiance du Paris de la fin du XIXe et début du XXe siècle, les rues sont douteuses, boueuses, on sent qu’il y a une âme, du vécu, du danger à chaque intersection…

Romain Quirot n’hésite pas à montrer une violence rageuse très graphique en filmant une galerie de personnages qui vivent chaque jour comme si c’était le dernier…

On est vraiment pris par cette intensité qui transparaît à chaque instant, grâce au bon jeu des comédiens qui profitent de rôles bien caractérisés (mention spéciale à Artus qui se révèle à l’aise dans le registre dramatique, une capacité qu’il avait bien montré dans l’excellente série de Canal +, Le Bureau des Légendes (2017 – 2020)).

Artus (© Tandem)

On découvre avec intérêt un Paris méconnu, à la fois inquiétant et fascinant, dans lequel les gangsters faisait la loi et les choux gras d’une presse écrite foisonnante. D’ailleurs, le cinéaste ne s’y trompe pas en chapitrant son film, à l’aide de l’imagerie des Unes de journaux de l’époque…

Dommage alors que ces qualités de mise en scène soient plombées par des effets stylistiques qui cassent vraiment le récit : on pense surtout aux ralentis interminables habillés avec de la musique rock pour jouer sur l’anachronisme…

C’est un exemple de ce que j’appelle le « syndrome du Joker (2019) » du nom du film réalisé par Todd Philipps, qui désigne pour moi un long métrage « conscient de lui-même, de ses qualités », et qui cherche à le montrer aux spectateurs en multipliant les séquences très travaillées visuellement, on a alors l’impression que le film « se regarde » au lieu de développer son récit…

Romain Quirot sait ménager ses effets, et rendre ses séquences très esthétiques. On croit véritablement à l’univers du film mais, au bout d’un moment, le plaisir de la découverte passée eh bien… on s’ennuie !

Les belles envolées visuelles ne masquent plus, le trop grand classicisme du scénario… c’est une banale histoire de vengeance…

Le cinéaste avait déjà rencontré ce problème dans son premier film…

Heureusement, le final d’Apaches parvient à surprendre un peu !

Enfin, plus globalement, ces petits excès de mise en scène, ce voyage dans le passé aux côtés du redoutable gang parisien vaut vraiment le détour ! Il est très au dessus de la production hexagonale moyenne.

Une fois encore, l’ambition est tellement rare dans notre cinéma, qu’il faut l’encourager dès qu’elle caractérise un projet !

Ce film laisse espérer un avenir radieux pour Romain Quirot, sa maîtrise technique associée à de bons scénaristes pourrait faire des étincelles très bientôt !

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