Ces dernières mois et ces dernières années, le cinéma d’animation nous a régalé avec des projets de grande qualité, au hasard : Interdit aux chiens et aux italiens, Super Mario le film, They shot the piano player, Mars Express, et plus récemment bien sûr Le Robot Sauvage et l’envoûtant Flow.
L’embellie se poursuit en ce début 2025 avec une très jolie proposition venue d’Australie au titre pour le moins intrigant : Mémoires d’un escargot… Késako ?
On découvre, en fait, l’histoire de la pauvre Grace Pudel qui se confie à l’un de ses escargots qu’elle libère (elle en élève plusieurs, enfin… elle vit avec eux, plus exactement !) mais avant cela, on entre dans son univers, magnifiquement, avec un générique, au cours duquel la caméra se promène au milieu d’un bric-à-brac complètement dingue.
Tout cela n’est en rien anodin et donne un indice précieux sur la personnalité de Grace (c’est une accumulatrice compulsive d’objets) : la forme donne des clés sur le fond, autrement dit, la marque des grands films !
Qui plus est, l’utilisation de la pâte à modeler en image par image (tout comme pour Interdit aux chiens et aux Italiens ou encore les aventures du célèbre et si attachant duo anglais Wallace & Gromit) favorise encore plus le sentiment de proximité avec ce l’on voit à l’écran : tout est papable, tout à une âme !
Chaque personnage, chaque élément de décor présent à l’image a été fabriqué à la main.
Il a fallu quasiment un an pour créer les quelques 7000 objets indispensables au film et le tournage s’est étalé sur 33 semaines et a nécessité pas moins de 135 000 prises de vues !
Le destin de Grace Pudel n’en ressort que plus fort mais attention, il ne doit pas être pas être présenté aux plus jeunes spectateurs car il n’est pas rose du tout. Heureusement, elle croise une vieille dame haute en couleurs qui a connue mille vies et qui apporte mille couleurs au quotidien de Grace.
Le réalisateur Adam Elliot s’est inspiré d’une amie de sa mère pour l’inventer : « Elle avait brûlé la vie par les deux bouts, avait été prostituée, toxicomane, auteure de récits fantastiques, naturiste et créatrice de mode (dans le désordre !).
Elle [collectionnait] les animaux empaillés, les objets de brocante insolites et les amis.
[…]
Néanmoins, elle a vécu une enfance traumatisante, subissant onze opérations de la lèvre qui l’ont défigurée et marquée psychologiquement ».
La bonne humeur n’est pas loin de la noirceur, heureusement !
Adam Elliot aime la marginalité et la fantaisie qui l’accompagne, il confie :
« j’adore affubler mes personnages de particularités et de petites manies et j’essaie de leur donner de l’épaisseur et une certaine excentricité.
Je cherche à les rendre aussi empathiques, universels et réalistes que possible.
Mes histoires sont des tranches de vie, des histoires de gens auxquels on peut s’identifier – des amis, des proches un rien excentriques, et toutes les personnes originales qu’on croise dans la rue ».
On en contents de croiser ses personnages dans ce film très attachant et poétique, on regrette juste un peu que les péripéties malheureuses soient un peu trop nombreuses façon « Les malheurs de Sophie puissance 1000 »…
Néanmoins Mémoires d’un escargot reste un vrai beau moment d’animation artisanale qui porte, en prime, un très beau message final…
Pour aller plus loin :
Les coulisses de Mars Express avec Lisa Lopez au cinéma Jean Eustache
Sources :
Image d’en-tête : © Arenamedia
Site spécialisé :
Secrets de tournage, allocine.fr (lien)
