Nationalité : Américaine
Avec Ben Affleck, John Goodman, Alan Arkin
Genre : Thriller
Sortie le 7 novembre 2012
L’histoire : Le 4 novembre 1979 en pleine révolution islamique, l’ambassade américaine à Téhéran est prise d’assaut par la foule en colère…
Paniqués les employés s’empressent de détuire dossiers secrets, visas et autres tampons. 6 d’entre eux réussissent à s’échapper et à se réfugier chez l’ambassadeur canadien où ils restent cachés.
Tony Mendez, spécialiste de l’exfiltration à la CIA décide de monter un faux projet de tournage de film en Iran pour tenter de ramener les six américains au pays…
La critique : Un peu moins de trois semaines après la sortie de Skyfall, nous revoilà plongés dans une ambiance d’espionnage à dimension plus réaliste avec la nouvelle réalisation de Ben Affleck, Argo.
L’acteur américain à la filmographie inégale, (qui va de la guimauve grandiloquente Pearl Harbor (2001) au clownesque Daredevil (2003) en passant par le tout juste sympathique The Company Men (2010)), nous livre ici son quatrième film en tant que réalisateur.
Il est clair que la casquette de cinéaste lui va beaucoup mieux que celle de comédien, comme le prouve son éprouvant mais poignant Gone Baby Gone (2007) où il met en scène son frère Casey.
Cette année, il choisit de revenir sur l’exfiltration spectaculaire de 6 employés de l’Ambassade américaine de Téhéran. L’opération mise au point par Tony Mendez (Ben Affleck), est si incroyable qu’il fallait qu’elle ait eu réellement lieu pour qu’on y croit.
Après une courte séquence voix-off introductive bienvenue pour planter le contexte de l’époque à l’aide d’images d’archives et de dessins rappelant les storyboards du cinéma, nous voilà propulsés sans plus de cérémonie, le 4 novembre 1979, jour de l’attaque de l’Ambassade par les révolutionnaires…
La mise en scène est saisissante, on est tour à tour avec les diplomates cloitrés en proie à la panique et tour à tour avec les émeutiers, bien décidés à envahir les lieux… Cette longue séquence intelligemment entrecoupés d’images d’archives entremêlant ainsi fiction et réalité, est magistralement réalisée, avec l’utilisation d’un plan « travelling-grue » qui passe au dessus de la marée humaine et du mur d’enceinte sur lequel les vagues de révolutionnaires incessantes s’échouent avant de finalement passer par dessus ou encore forcer le portail et engloutir les lieux… Dans le chaos, quelques chanceux s’échappent…
Tony Mendez projette alors de rapatrier aux Etats-Unis ces 6 chanceux au pays. Plusieurs solutions sont envisagées parmi lesquelles une évacuation improbable à vélo (oui, oui !)…
Mais c’est finalement une option encore plus improbable qui est choisie : monter un vrai faux projet de film de science-fiction tourné au Moyen-Orient ! Pour donner la crédibilité nécessaire au succès de cette opération complètement dingue, Tony Mendez sollicite l’aide d’Hollywood en la personne de John Chambers (John Goodman), maquilleur récemment oscarisé pour la Planète des Singes et Lester Siegel (Alan Arkin), producteur vieillissant et fanstasque, au franc-parler décapant.
Ces deux personnages attachants sont l’occasion pour Ben Affleck de se moquer gentiment de son milieu hollywoodien, temple de l’hypocrisie, du profit rapide et facile, souvent au détriment d’une vraie qualité artistique… Cela donne de vrais petits moments savoureux.
Une fois l’opération approuvée par ses supérieurs Mendez retrouvent les 6 rescapés réfugiés à l’Ambassade canadienne pour un huis-clos intéressant où il les aides à prendre possession de leurs nouvelles identités.
On partage leurs doutes, leurs peurs, c’est plutôt bien joué mais malheureusement pas suffisamment exploité.
On passe un petit peu rapidement à la scène de l’aéroport mais ce passage rapide est bien compensé par la tension, le risque pour les protagonistes d’être démasqués à tout moment par les nouvelles autorités iraniennes… Excitant !
Argo est une oeuvre captivante, certes pas exempte de quelques lenteurs, qu’on oublie vite grâce à la qualité de ses interprètes et à un scénario bien construit. On apprécie enfin le travail de reconstitution soigné qui donne au film des bases solides, bases qui permettent au spectateur de se laisser embarquer.
La note d’Etats Critiques : 7,5/10