Geneviève Fontanel nous a quittés le 17 mars dernier à l’ầge de 81 ans. Retour sur la carrière d’une grande dame de théâtre qui ne dédaignait pas non plus les plateaux de cinéma.
Elle naît le 27 juin 1936 à Bordeaux mais passe l’essentiel de sa jeunesse à Casablanca. À 17 ans, retour en métropole dans la capitale girondine pour faire son entrée au conservatoire municipal qui a déjà vu passer Max Linder.

Un an plus tard, une fois ses diplômes décrochés, elle fait ses valises en direction de la capitale tout court pour prendre des cours d’art dramatique dans la rue Blanche, avant d’intégrer la promotion 1958 du Conservatoire.
Elle y rencontre celui qui deviendra son mari Jacques Destoop, artiste peintre, en plus d’être comédien comme elle.
À l’issue de sa formation, la jeune comédienne remporte deux premiers prix en comédie classique et moderne qui lui ouvrent les portes de la Comédie Française où elle côtoie parmi beaucoup d’autres, Jean Piat, notamment connu par le jeune génération en tant que voix française de Scar dans Le Roi Lion (1994) et de Gandalf dans le Seigneur des Anneaux (2001-2002-2003).
Geneviève Fontanel gardera un souvenir mitigé de l’institution :
« Je n’en garde pas un mauvais souvenir, puisque cela m’a permis de jouer une quantité de pièces du répertoire, de débuter au cinéma, de faire des tournées (…) Mais au bout d’un certain temps, on a une impression de captivité à la Comédie-Française ».
Elle débute effectivement au cinéma en 1960 dans Quai Notre Dame (1960) de Jacques Berthier aux côtés d’Anouk Aimée.
Elle participe aussi au film Un singe en hiver (1961) devenu un classique avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo ou encore à Angélique, Marquise des anges (1964) avec Michèle Mercier.
Elle est aussi l’épouse de Victor Lanoux dans L’affaire Dominici (1972) avec toujours l’incontournable Jean Gabin, inspiré de l’affaire judiciaire éponyme.
Mais son rôle le plus marquant reste celui de la gérante d’une boutique de lingerie dans L’homme qui aimait les femmes (1976) de François Truffaut.
Son personnage mystérieux et inaccessible est le seul à se refuser au séducteur Charles Denner, l’amoureux des femmes qui transforme ses histoires d’amour en roman.
Sa prestation lui vaudra d’ailleurs une nomination pour le César du meilleur second rôle féminin.

Une nomination qui résume bien sa carrière cinématographique, jalonnée essentiellement de seconds rôles.
Ce qui ne l’empêche pas de continuer à tourner.
En 1977, elle est dirigée par le cinéaste israélien Moshe Mizrahi dans La vie devant soi (1977) (Oscar du meilleur film étranger) et apparaît la même année dans La Zizanie avec Louis de Funès.
Mizrahi fait de nouveau appel à elle ensuite pour Chère inconnue (1979) avec Simone Signoret.
Mais sa véritable passion reste le théâtre.
Entre deux tournages, elle devient l’un des visages de l’émission Au théâtre ce soir dans laquelle elle joue notamment aux côtés de Michel Roux (la voix française de Tony Curtis dans Amicalement Votre (1971)).
L’actrice s’intéresse aussi beaucoup aux dramaturges contemporains (Ionesco, Giraudoux…) et participe à plusieurs mises en scène de leurs textes.
C’est en 1981 que son mari lui offre sans doute l’un de ses rôles préférés : celui de Célestine dans Le Journal d’une femme de chambre (adapté au cinéma par Luis Bunel en 1964), un spectacle qui restera à l’affiche très longtemps.
Le cinéma ne l’oublie pas et elle se console dans les bras d’Alain Delon pour les besoins de Bertrand Blier et de son film surréaliste Notre Histoire en 1984.

Par la suite, les projets pas vraiment marquants s’enchaînent jusqu’en 1999, année de son dernier rôle au cinéma dans Une pour toutes de Claude Lelouch.
En revanche, sa carrière sur les planches se poursuit jusqu’en 2015 et un dernier spectacle, Les Grandes Filles qui mettait en scène un quatuor de vieilles dames insupportable.
Geneviève Fontanel aimait le théâtre et ce dernier le lui a bien rendu en l’accompagnant fidèlement tout au long de son existence.
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