C’est l’été, l’occasion de se balader dans notre belle ville et de marcher sur les traces du film culte de Gérard Oury, grand spécialiste de la comédie élevée au rang d’art.
Souvenez-vous : Le trafiquant de drogues Saroyan (Louis de Funès) profite de la naïveté d’Antoine Maréchal (Bourvil), un brave commerçant, pour lui faire convoyer de l’héroïne au volant d’une Cadillac truquée de Naples à Bordeaux.
Quelques séquences de ce film culte ont donc été tournées dans la capitale girondine. Cocorico !
Pas vraiment, en réalité. En effet, l’adjectif « furtif » n’est pas usurpé. Bordeaux n’apparaît véritablement qu’une vingtaine de secondes dans le film ! Mais les images de Gérard Oury qui datent de 1964 témoignent en revanche sans détour de l’évolution considérable que la ville a connu en 50 ans.
Bordeaux fait son entrée très tardivement dans le film, tout simplement parce que c’est la destination finale des personnages, l’essentiel de l’intrigue se déroulant en Italie.
Gérard Oury signale l’arrivée des protagonistes à Bordeaux par deux plans d’ensemble de la ville où l’on reconnaît les monuments emblématiques de la cité comme le pont de pierre (aujourd’hui devenu piéton, définitivement ?), la Grosse Cloche, le célèbre beffroi et clocher de l’ancien hôtel de ville (deuxième photo).
La Cadillac tant convoitée déboule ensuite littéralement sur la place de la Comédie. On reconnaît une des deux horloges caractéristiques, le restaurant sur la gauche et bien sûr le Grand Théâtre.
54 ans plus tard, le mobilier urbain n’a pas bougé : ce qui frappe au premier abord, c’est la clarté de l’ensemble. Les bâtiments ont été soigneusement nettoyés des souillures noires de la pollution, preuve qu’aujourd’hui, on cherche à embellir le cadre de vie, là où autrefois, on misait davantage sur le pratique. On remarque aussi qu’une deuxième horloge a été ajouté.
L’autre élément frappant, c’est la disparition du bitume au profit du tramway qui a métamorphosé de façon spectaculaire l’organisation de la place, offrant désormais l’essentiel de l’espace aux piétons, bien loin de l’époque où il était possible de garer sa voiture aux pieds des marches du Grand Théâtre, véritable blasphème à l’ère de « l’autophobie » et du culte des transports en commun (pourtant pas toujours au niveau…).
Mais revenons-en au film, les protagonistes tournent maintenant sur la gauche et s’engagent le long de cours du Chapeau Rouge, lui aussi métamorphosé plus d’un demi-siècle plus tard, séparé en deux désormais par une petite place et un parking souterrain qui sert aussi de terrasse en surface aux établissements de la rue.
Pendant ce temps la voiture de Saroyan fonce rue Vital-Carles, on reconnait très bien le magasin Cartau qui s’est déplacé de quelques mètres dans un boutique plus petite depuis.

La rue n’a pas véritablement changé en dehors de l’apparition des voies du tram et bien sûr l’impossibilité de tourner à gauche vers l’Hôtel de Ville.

On arrive place Pey-Berland, en face de la mairie, donc. Là, encore, même chose qu’au Grand Théâtre, le bitume a laissé la place aux piétons, signe des temps.
Parallèlement, la Cadillac arrive sur les quais et longe la Garonne sur quelques mètres. Chose impossible aujourd’hui, cette zone étant totalement devenue piétonne. Les grues qui acheminaient les marchandises ne sont plus qu’un souvenir. On distingue au fond à gauche ce qui devait être le hangar n°1 (aujourd’hui disparu) en face de la place des Quinconces.
Le grand espace de stockage à gauche de l’image se situe au niveau de la place de la Bourse et est occupé aujourd’hui par le Miroir d’eau (inauguré en 2006), une création du fontainier Max Llorca, à l’occasion des travaux de réaménagement de ladite place et des quais supervisés par l’urbaniste et paysagiste Michel Courajoud.
La photo visible ci dessous est prise en haut des marches de ce même Miroir d’eau, ce qui permet de garder l’effet de hauteur du plan original. On voit bien le bras du fleuve et on devine au fond à gauche les deux clochers de l’église Saint-Louis des Chartrons. Les bites d’amarrage peu utilisés aujourd’hui, sont également bien visibles mais c’est bien évidemment la rembarde de sécurité qui saute aux yeux, symbole des quais rendus aux bordelais piétons ou cyclistes.

Enfin, la Cadillac arrive sur une place inconnue (probablement à Paris d’après Danièle Thompson qui a bien voulu répondre à notre courrier via son assistante).
Puis elle dérape et s’encastre dans une boutique, cette dernière étant recréée très vraisemblablement en studio, on le devine notamment en observant l’éclairage bien plus net qu’en plein air.
Le film s’achève avec les deux protagonistes qui se réconcilient à l’arrière de la voiture remorquée dans Bordeaux… en fait non, il s’agit en réalité de la rue de l’indépendance américaine à… Versailles !
Très bon article !!
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Super boulot!
Étant résident proche de bordeaux je le demandais ou si étaient passees ces scènes de film et j ai mes réponses.
Merci !!
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Avec plaisir ! 😉
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