À la découverte de Burdigala Production (1/4)

Dans cette nouvelle rubrique, nous partons à la rencontre de ceux et celles qui font le cinéma dans notre belle ville.

Aujourd’hui, premier volet de nos échanges avec Olivier Bureau et Guillaume Baldy, fondateurs de Burdigala Production, société de production, et de vente de films à l’international.

Bureau-Baldy

On y parle, genèse de l’entreprise, premier film produit, avant de faire un tour au Brésil et de parler distribution. 

Quel est votre parcours ?

Olivier Bureau – j’ai fait un DEUST théâtre, un DEUST art du spectacle à Bordeaux 3, c’était la dernière promotion de ce qu’ils appelaient DEUG – DEUST, l’année d’après c’était LMD.

Ensuite on a monté Burdigala ensemble Guillaume et moi, après j’ai fait le Conservatoire de Bordeaux comme comédien, avant de partir à Paris pour continuer à essayer de travailler comme comédien et puis en 2012, on produit Making off, un film d’horreur sur lequel je me retrouve en tant que comédien suite au casting.

Comment est né le projet Burdigala ?

OB – Il faut revenir à l’essence de notre rencontre.

Guillaume Baldy – J’avais créé une association, et je faisais des courts-métrages avec, et c’est là que j’ai rencontré Olivier.

OB – il m’a pris pour faire une voix-off sur un de ses courts-métrages en 2003 pour le Festival du Film Au Féminin qui avait une section court-métrages.

GB – Après j’ai créé une start-up pour faire des sites internet pour pouvoir créer des longs-métrages mais on faisait que des sites internet… Ça me plaisait pas, je suis parti dans la Grande Distribution et Olivier m’a appelé en me disant qu’il allait créer une boîte de production.

OB – En 2008, je décide de monter ma boite en ayant l’idée ingénue et utopique qu’en ayant notre boîte on pourrait produire nos projets.

On avait aussi un scénario de long-métrage à ce moment-là (un thriller psychologique), je l’ai pas mal distribué à toutes les prods, évidemment aucun retour positif (à part Grand Angle).

On a rencontré David Moreau (réalisateur d’Ils (2006) et The Eye (2008)) qui nous a invité à réécrire des trucs et après il a fait d’autres choses. On a compris que ça ne marcherait pas comme ça.

Il y a eu « Making off » en 2012 quand même comme vous l’avez dit.

OB – Le film n’avait pas de prod à ce moment-là. Je trouve qu’il y a un potentiel, y’a un truc, on va essayer de le produire, chose qu’on a faite. On s’est vautrés, clairement. Financièrement.

Le film a plu, il s’est vendu correctement pour le marché du DVD. On a été en tête de gondole à la Fnac de Bordeaux pendant au moins 3 mois, il a eu un petit engouement. On a été vendu comme les locaux qui faisaient un film.

Il est aussi distribué aux Etats-Unis, aux Pays-Bas. Il est sorti en Allemagne, il y a un peu moins d’un an sur trois coffrets collector différents avec un livret très classe. Les aficionados du cinéma de genre achètent les 3 coffrets !

making off
Les 3 éditions allemandes de Making off.

Là-bas il y a vraiment une culture du cosplay et des Comic Con. J’étais invité à une convention en mars à Dusseldorff  pour Making off et là il y avait Bruce Campbell, Neve Campbell, Dario Argento, Danny Glover…

Là, le film est réédité aux Etats-Unis sous un autre nom, une autre couverture, une autre bande-annonce, c’est un peu une arnaque, un éditeur a repris le film, le vend sous un autre packaging mais à l’intérieur le film est le même !

Mais il présente cela comme un nouveau film ?!

Exact ! Mais même comme cela, ça ne reste pas très intéressant financièrement pour nous. Pour arriver à le vendre, les mecs sont obligés de faire un bel objet, ça reste un truc difficile, une niche qui ne paie pas toujours, qui télécharge beaucoup…

A ce moment-là, je pars au Brésil pour des raisons personnelles, je m’intéresse au cinéma brésilien et je décide d’en importer en France.

L’occasion de parler du « Garçon et le Monde ».

Le premier réalisateur qu’on rencontre [au Brésil] Alê Abreu, nous file son premier long qu’on vend (qui s’appelle Garoto cosmico) qui est encore inédit en France.

Dans le même temps, le film sur lequel il travaille est Le Garçon et le Monde qui a eu un joli succès en salles avec 150 000 entrées en France au moment de sa sortie, et aujourd’hui encore, il est dans les salles avec le catalogue « école cinéma », on est a plus de 300 000 entrées, ce qui est plutôt bien et [le film] est nommé aux Oscars comme meilleur film d’animation en même temps que Vice-Versa.

Garçon-monde

Donc l’idée de la distribution est venue à partir de ce moment-là ?

Exactement. À ce moment-là on gagne la confiance de pas mal de Brésiliens, Alê, le réalisateur, nous fait bonne pub puisqu’on est responsables de sa première vente qui, derrière, fait une partie du succès du film, et on gagne aussi la confiance de certaines personnes en France puisque le film fait parler beaucoup de lui.

On vend plus de films brésiliens pour enfants, et par curiosité, on est allés voir un peu ailleurs, on a vendu du cinéma de genre espagnol, on vend du film d’auteur iranien, des films suédois, africains maintenant, on a un film malien, marocain…

On travaille avec TV5, France Télévisions, avec Canal+ très récemment, avec HBO en Europe de l’Est, avec la Corée, le Japon… On a très peu de films français.

C’est un choix ?

C’est pas tellement un choix, le Cinéma Français n’a pas besoin de nous en fait. Puisque les films français se font déjà avec des vendeurs en amont.

On dit que la France c’est le pays des vendeurs internationaux, plus qu’aux Etats-Unis.

Aux Etats-Unis, les films de studios, sont distribués par les studios : en France c’est Disney qui sort ses films, Warner qui sort ses films… Ils ne passent pas par d’autres distributeurs ou ils ont des deals avec des distributeurs locaux, du coup ils n’ont pas de vendeurs.

Pour les films d’auteur américains, c’est souvent des vendeurs français qui sont en charge comme Wild bunch par exemple. Nous on est vraiment un des tous petits dans le marché.

GB – La concurrence est rude mais on a un bon catalogue.

Avec vraiment des choses différentes… C’est une force, une originalité.

OB – Oui, on n’a pas de ligne éditoriale, cela pourrait perturber certaines personnes, cela se fait beaucoup d’avoir des lignes mais en tant que vendeur, il n’y a pas trop la nécessité d’en avoir, c’est plus pour les distributeurs.

On va vraiment aux coups de cœur.  C’est pour cela qu’on n’a pas beaucoup de films non plus, on ne prend pas tous les films qu’on nous propose, parce que cela ne nous intéresse pas de prendre des films qu’on n’aime pas.

À la différence de beaucoup de vendeurs américains qui ont des catalogues de 400 films de merde, nous on a 40 films plutôt bons.

Vous privilégiez la dimension artistique donc.

OB – Oui, l’envie. Des fois, il y a des films où on n’est pas trop séduits mais on trouve qu’il y a un truc et, des fois, il y a des films qu’on prend, en sachant qu’on ne pourra pas les vendre mais on les prend quand même parce qu’on veut défendre le sujet.

On a essentiellement des films engagés, limite politisés pour certains. On n’a pas trop de films d’entertainment [divertissement], en ce qui concerne la vente internationale.

Après à côté, on travaille aussi comme « vendeur droits France » avec trois distributeurs salles français indépendants, on s’occupe de l’exploitation de leurs droits pour la partie télé, DVD, VOD, SVOD, cela dépend.

 On a aussi un catalogue seulement spécifique France avec des films comme Little Boy qui sont plus des films « format studios » avec des stars américaines dont on gère uniquement les droits France.

Little-Boy

Et donc la différence entre vendeur et distributeur ? Le distributeur gère l’exploitation en salles ?

Oui, exactement. En fait un vendeur international s’appelle aussi un distributeur international, cela porte les deux noms : c’est un intermédiaire entre le producteur et un diffuseur quel qu’il soit, cela peut être un distributeur salles.

 Le distributeur salles prend un film et essaie de le placer dans les salles en négociant avec les exploitants, qui, eux aussi, fonctionnent au coup de cœur, c’est pour cela qu’il y a des films dans 15 salles et d’autres dans 700 : quand Star Wars sort, tous les exploitants le veulent car ils savent qu’ils vont remplir leurs salles.

Quand un film Burdigala sort, c’est plus compliqué, on est moins identifiés.

Après, un distributeur salles possède aussi les droits DVD, VOD pour toute la vie après la salle. Nous, on est l’intermédiaire d’avant.

Fin de la première partie. 

Liens :

Site officiel de Burdigala Production

Page Facebook et chaîne Youtube de Burdigala Production

Acheter Making Off sur fnac.com.

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