Petit avant goût de la 30e édition du Festival International du Film d’Histoire de Pessac avec la très belle présentation de l’historien Jean-Noël Jeanneney, président d’honneur du festival, que l’on peut écouter chaque samedi avec beaucoup de plaisir dans l’émission Concordance des temps de 10 h 00 à 11 h 00 sur les ondes de France Culture ou en podcasts.
Cette année, le festival nous embarque en Amérique Latine :
« Amérique latine, terres de feu.
Voilà bien longtemps qu’à Pessac nous aimons à voguer vers des terres lointaines, où les rudesses de l’Histoire s’entrelacent avec les extravagances du rêve.
Notre chronique le rappelle, notre vocation le garantit. Il était donc grand temps que nous dirigions notre boussole vers l’Amérique latine.
Car nous y trouvons la certitude qu’entre les livres et l’écran s’organisera ce commerce intime et fécond qui nous est cher depuis bien longtemps déjà.
Tout y invite : la fascination de ces anciennes civilisations, puissantes, coruscantes, raffinées, violentes, qu’écrasa la brutalité de la conquête européenne, par les armes et par les microbes ;
le choc des religions entremêlées et, jusqu’à nos jours, superposées ;
la geste des indépendances, à la rencontre des Lumières et d’aventures fabuleuses ;
la puissance, d’économies prédatrices accompagnant les oppressions les plus impitoyables ;
l’invention de régimes spécifiques déchirés entre les dictateurs et les révoltés ;
les espérances de démocratie et les dévergondages concussionnaires ;
la générosité des soulèvements et les exigences de la réforme ;
des ressources naturelles menacées sans relâche par les concupiscences du marché ;
des littératures sans pareilles où l’enracinement national garantit un accès magnifique à l’universel ; des passions sportives parlant bien au delà d’elles-mêmes…
Sans compter, naturellement, les ressorts d’un cinéma dont nous allons, autant que jamais, nourrir nos bonheurs de découvertes.
Car, de longue main, il a su capter, peut-être faut-il dire capturer, les fragrances et les couleurs de ce continent multiforme, en exprimer et en diffuser les frustrations et les vaillances, les mythes et les douleurs.
Je gage que, comme toujours, avec une intensité particulière peut-être, nous allons rassembler nos curiosités autour de ce projet qui est le nôtre depuis l’aube du festival :
mieux comprendre, à la lumière du passé, les défis d’une actualité que bousculent, là-bas comme ailleurs, les formidables incertitudes d’un monde déséquilibré, tout en retrouvant, selon un contraste qui nous est habituel, le plaisir des belles histoires d’autrefois que le septième art nous raconte.
Nous allons goûter, cette année encore, parmi bien des angoisses reflétées, la félicité d’une pleine semaine à laquelle, au cœur de cette rencontre d’amitié et de confiance, nous ne songerons jamais à renoncer.
Et d’ailleurs – n’est-ce pas ? – de cela il n’est pas question ».