Un portrait qui nous enflamme bien !

L’actrice, réalisatrice et scénariste Céline Sciamma (connue pour son film Bande de filles (2014) et son travail sur le scénario du film d’animation Ma vie de Courgette (2015)) nous propose en ce moment dans les salles son nouveau long métrage au titre énigmatique : Portrait de la jeune fille en feu

Et là, vous êtes comme nous, vous vous inquiétez !

Pourquoi ?

Parce que si vous venez régulièrement ici, vous êtes cinéphile et, en tant que cinéphile, vous savez bien que les titres à rallonge, ce n’est jamais très bon en matière de cinéma… Exemple au hasard : La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil (2015) de Joann Sfar…

Cependant, vous avez d’ores et déjà compris à la lecture de l’intitulé de notre article, que le « Portrait etc ». est une jolie exception à cette règle inavouable…

En effet, les choses commencent très bien dès le générique de début, interrompu à maintes reprises par une main qui trace une esquisse au fusain…

Oh, on sent la proposition originale. Bon karma.

Il s’agit de la main d’une jeune femme en train de dessiner le portrait de Marianne, sa professeure (Noémie Merlant), qui lui donne des consignes, à elle, et à ses autres élèves.

Soudain, la femme croquée au fusain aperçoit derrière ses apprenties, un tableau qu’elle a peint il y a longtemps et qui l’émeut… Son titre : « Portrait de la jeune fille en feu »…

Cut.

On la retrouve dans une barque. Grâce à ce montage simple, on comprend qu’on est dans le passé et que l’on va suivre (de son point de vue) sa rencontre avec la jeune fille de ce même tableau.

Rien que cette scène de navigation toute simple est brillamment filmée : on sent le roulis de l’embarcation, prélude aux difficultés que la jeune femme va devoir affronter.

Elle a en effet pour mission de réaliser le portrait de mariage d’Héloïse (Adèle Haenel) qui remplace sa sœur décédée, au bras d’un mystérieux milanais… Ce mariage arrangé lui permet évidemment de sortir du couvent (on est au XVIIIe siècle).

Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, si seulement Héloïse acceptait cette union… Ce qui n’est pas le cas. Marianne va donc devoir travailler en cachette.

Qui est plus, son modèle se fait désirer… Il n’apparaît qu’au bout d’une vingtaine de minutes et encore, de dos, sous un long manteau à capuche, tel un étrange fantôme insaisissable…

Le mystère est entier et tout comme Marianne, on a envie de la découvrir, de l’apprivoiser.

Cette atmosphère étrange et feutrée est renforcée par l’absence quasi totale de musique durant tout le long métrage, absence qui hypnotise.

Un choix fort à une époque où la tradition exige que la moindre scène doit forcément être appuyée par une musique pour nous dire quoi ressentir.

Mais dans ce film, non.

On est juste accompagnés par le craquement du parquet et surtout le crépitement des foyers de cheminée ou d’un feu de camp qui font écho régulièrement au fameux tableau à l’origine du flashback initial.

On est proches des deux femmes (jusqu’à entendre leurs respirations), on les voit se jauger d’abord, avant de progressivement développer une confiance puis un désir mutuels…

C’est le seul bémol du film, à savoir, un déroulé bien trop classique…

En conséquence, le prix du scénario remporté lors du dernier festival de Cannes a de quoi étonner… Un prix d’interprétation par exemple aurait été bien plus logique.

En effet, Noémie Merlant et Adèle Haenel sont parfaites.

La justesse de leur jeu permet au récit de se développer en douceur, naturellement, jusqu’à nous faire oublier sa dimension quelque peu « téléphonée ».

Cela fait plaisir de revoir la talentueuse Adèle Haenel dans un rôle intéressant au cœur d’un film subtil qui ose une mise en scène intéressante et pertinente pour son sujet, bien loin du gros ratage du dernier film de Pierre Salvadori (on a en parlé sur Facebook)…

Noémie Merlant (que l’on découvre dans ce film) paraît véritablement habitée par la vocation de peintre exercée par  son personnage.

Grâce à toutes ces qualités, Céline Sciamma nous offre un film fort qui, en dépit de son caractère minimaliste n’est aucunement dépourvu d’ambition et parvient à sublimer ses protagonistes.

La note d’Etats Critiques : 8/10

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source : allocine.fr

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